B. UNE POPULATION JEUNE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

Carte n° 44 : La population des moins de 14 ans

La jeunesse de la population continuera toutefois de stimuler une croissance de la population de 87,3 millions d'habitants en 2010, la région devrait passer à 102 millions en 2025, puis se stabiliser aux alentours de 107 millions à l'horizon 2050.

Le poids démographique des jeunes constitue une donnée stratégique dans la région à l'heure de l'arrivée sur le marché du travail des générations nées dans les années 1990. Les 15-24 ans constituent encore une classe d'âge nombreuse et représentent de 16,7% (Tunisie) à 18,6% (Libye) de la population (Algérie : 18,1%, Maroc : 18%).

L'arrivée de ces classes pose un problème en raison de l'incapacité du marché du travail à fournir un emploi à chacun .

La transition démographique est en marche mais l'inertie du phénomène va poser un grave problème dans la mesure où, d'ici 2030, la population en âge de travailler va s'accroître de 40% au Maghreb. Un taux de croissance de 6 à 7% serait nécessaire pour assurer l'accès au travail de ces générations. Le développement économique et social de cette région constitue un défi considérable.

Toutefois, compte tenu de la baisse de la natalité, cela se traduit parallèlement par un gonflement de la classe d'âge actif (25-64 ans), ce qui réduira le taux de dépendance. Ces pays pourraient disposer de la sorte d'une opportunité historique unique où la structure de la pyramide des âges peut stimuler un véritable décollage économique.

C. DES ÉCARTS ENTRE LE NORD ET LE SUD DE LA MÉDITERRANÉE

Les tendances de l'évolution démographique à long terme mettent en évidence des convergences et un rapprochement graduel entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée. Si des écarts sensibles entre les pays subsistent, on observe, comme ce fut le cas précédemment en Europe, un déclin du taux de fécondité deux fois inférieur en 2003 à ce qu'il était 40 ans plus tôt.

À court et moyen terme cependant, la situation démographique reste marquée par de grandes disparités : notamment le taux d'accroissement global de la population, la structure par âge, la répartition entre ruraux et urbains, la part de l'agriculture dans l'économie et la structure de l'emploi.

La population des pays actuellement membres de l'Union européenne restera en 2030 à son niveau actuel (500 millions d'habitants). Cependant son vieillissement lui fera perdre 20 millions d'actifs dans les tranches de 15 à 65 ans, ce qui posera des problèmes aigus notamment pour le financement des systèmes sociaux. Celle des pays du sud, particulièrement jeune aujourd'hui, passera, dans le même temps, de près de 300 millions à 370 millions (de 87,3 millions à 97,2 millions dans le Maghreb).

Le développement économique des pays du sud ne suffira pas à créer des emplois dans la même proportion : le taux de participation au marché du travail y est déjà faible et le besoin d'emplois devrait être accentué par un désir accru des femmes d'accéder au marché du travail.

Pauvreté et tensions sociales risquent de se développer dans des villes qui auront fortement grossi alors que, dans les zones rurales, la population va diminuer. L'agriculture est en moyenne peu productive, mais reste l'activité dominante. Les zones rurales pourraient demeurer dans un état de faible développement, et l'écart s'accentuer avec les zones urbaines.

Comme le notent les experts du groupe EuroMed 2030 45 ( * ) : « il y a là un facteur de complémentarité entre le besoin européen de travailleurs actifs et le besoin d`emplois du sud méditerranéen pour peu qu'on renonce à la peur de l'immigration et que des efforts soient mis en oeuvre pour résoudre les problèmes objectifs qu'elle peut poser ».


* 45 EuroMed2030 - «  Défis à long terme pour la région méditerranéenne » (exercice de prospective demandé par la Commission européenne - Bruxelles décembre 2010

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