C. LE CHANTIER PROMETTEUR DE L'EXTRÊME-ORIENT

La vente d'hydrocarbures à la Chine va de pair avec la volonté de consolider la présence russe en Sibérie. Les autorités russes ont ainsi élaboré un plan spécifique de repeuplement destiné à l'Extrême-Orient russe, principalement dans la zone méridionale de celui-ci où la Russie connaît un exode massif de sa population depuis la fin de l'Union soviétique en 1991. La région a perdu deux millions d'habitants, pressés de rejoindre la partie européenne de la Russie, plus dynamique et plus riche. Désert humain d'un côté de la frontière, terres surpeuplées de l'autre : les dirigeants russes s'inquiètent de ce déséquilibre démographique. Ces craintes sont d'autant plus vives que l'Extrême-Orient revêt un considérable rôle importance stratégique : le port de Vladivostok permet à la Russie d'avoir une flotte militaire dans l'océan Pacifique, à l'instar de la Chine et des États-Unis. Rendre cette région attractive pour la population russe est donc un impératif géopolitique. Pour le concrétiser, une administration spécifique a été créée : le ministère de l'Extrême-Orient. Le montant prévisionnel des investissements programmés dans ce cadre avoisine 125 milliards d'euros.

Travaillant avec la banque publique russe Vnechekonombank (VEB), le ministère du développement de l'Extrême-Orient a établi une liste de 94 projets. Les infrastructures bénéficieraient d'une attention très soutenue avec 35 projets incluant la modernisation de la Magistrale Baïkal-Amour (BAM) - qui traverse la Sibérie sur plus de 4 200 kilomètres - et du Transsibérien, qui serait connecté à la ligne ferroviaire transcoréenne. L'accent est mis également sur le développement des industries énergétiques, avec une trentaine de projets, et l'exploitation des ressources naturelles, que vingt projets devraient améliorer notamment pour l'extraction d'or ou d'autres métaux.

Il est regrettable pour les entreprises européennes que le premier exemple d'investissement dans l'extrême orient russe dans un cadre international soit opéré par un fonds conjoint russo-chinois. Officiellement lancé en juin 2013, lors de la visite en Chine du président russe Vladimir Poutine, le fonds pourrait investir dans les transports, l'agriculture, la foresterie et l'exploitation forestière. Le Fonds d'investissement russo-chinois est doté pour l'instant de 4 milliards d'euros. Il sera également appelé à investir dans d'autres régions russes. Une dizaine de projets sont en négociation, principalement dans l'agriculture et la logistique. Par ailleurs, le fonds s'intéressera également à des projets mixtes en Chine, en vertu d'une clause stipulant qu'environ 30 % du fonds devront être utilisés dans des projets chinois.

Un tel chantier montre l'intérêt qu'aurait un volet industriel dans le partenariat stratégique en cours d'élaboration entre Bruxelles et Moscou.

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