B. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE GLOBALEMENT SATISFAISANTE

La Slovaquie bénéficie d'une économie de taille relativement modeste, mais très ouverte sur l'extérieur , son taux d'ouverture commerciale étant supérieur à 185 % - c'est la cinquième économie la plus ouverte au monde, comme l'a rappelé Vazil Hudak, le secrétaire d'État aux finances, à vos rapporteurs. Elle a bénéficié des réformes mises en oeuvre avant son adhésion à l'Union européenne et à la zone euro, des privatisations en particulier, mais aussi une importante réforme fiscale qui l'a dotée d'une fiscalité à taux unique, qui lui ont permis d'effectuer un rattrapage spectaculaire . Elle a réussi, sans difficultés majeures, à transformer son économie planifiée héritée du régime communiste en une économie de marché. Ainsi, en vingt ans, son retard de développement par rapport à la République tchèque est passé de 50 % à 14 % . En 2012, son produit intérieur brut (PIB) par tête, en termes de parité de pouvoir d'achat, a gagné deux points et a atteint 75 % de la moyenne européenne , ce qui la place au 18 e rang.

Cette situation économique globalement satisfaisante demeure néanmoins fragile . En effet, l'économie slovaque reste très dépendante de la conjoncture européenne . Elle l'est également de la mono-industrie automobile - la Slovaquie est le premier producteur d'automobiles par habitant au monde - et, dans une moindre mesure, de la production d'équipements électriques, et n'a pas encore réussi à diversifier suffisamment son économie. Le pays souffre également de la faiblesse de son administration , en particulier de son administration fiscale. Vazil Hudak a ainsi indiqué à vos rapporteurs que la Slovaquie était le deuxième pays le moins performant de l'Union européenne pour la collecte des impôts, en dépit des mesures qu'il avait prises pour lutter contre la fraude, y compris l'organisation d'une loterie, qui commenceraient néanmoins à porter leurs fruits. Enfin, il existe d' importantes disparités régionales entre l'ouest du pays, relativement prospère, et l'est, plus défavorisé.

La politique économique du gouvernement de Robert Fico a pour objectif prioritaire de consolider les finances publiques pour se conformer aux engagements européens du pays.

1. L'assainissement des finances publiques

La crise s'est traduite par une récession de 4,9 % en 2009, mais le pays a rapidement renoué avec la croissance, 4,4 % en 2010, 3 % en 2011, 1,8 % en 2012. Le taux de croissance ne devrait toutefois pas dépasser 0,8 % en 2013. Cet essoufflement est dû à la situation générale de l'économie dans l'Union européenne, dont la Slovaquie reste très dépendante. Sa croissance est tirée principalement par la demande étrangère , surtout celle de l'Union européenne, qui concentre 80 % des exportations slovaques. En revanche, la consommation des ménages demeure atone, même si elle a augmenté de 1,5 % au deuxième trimestre 2013, pour la première fois depuis quatre ans, signe d'une amélioration de la confiance dans l'économie. L'investissement public est contraint par les efforts de consolidation des finances publiques. La croissance pourrait toutefois repartir à partir de 2014 (2,2 %) et s'accentuer ensuite (2,9 % en 2015).

La Slovaquie faisant l'objet d'une procédure pour déficit excessif, après un déficit budgétaire de 7,7 % du PIB en 2010, de 5,1 % en 2011 et de 4,5 % en 2012, le gouvernement s'est fixé comme objectif de sortir de cette procédure en réduisant le déficit afin de le ramener sous les 3 % du PIB en 2013, à 2,98 %.

La loi de finances pour 2014 permet au gouvernement de tenir cet engagement et au-delà, en retenant une prévision de déficit public de 2,64 % du PIB, grâce à des rentrées fiscales meilleures que prévu du fait de la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales et à des mesures de relance économique. Elle prévoit un déficit de 2,57 % du PIB en 2015 et de 1,5 % en 2016. Ces dernières prévisions sont toutefois supérieures aux objectifs affichés dans le programme de stabilité 2013-2016, soit 2 % en 2015 et 1,3 % en 2016. Cette évolution tiendrait à une dégradation des finances des collectivités territoriales. Quant à la dette publique, elle s'établirait à 56,9 % du PIB en 2014, 56,5 % en 2015 et 2016, à un niveau également plus élevé que prévu (respectivement 56,3 %, 56,7 % et 55,9 %) 9 ( * ) .

La Commission européenne, au titre de la mise en oeuvre du « two-pack », a rendu un avis sur le projet de budget slovaque pour 2014. Elle considère que la Slovaquie parviendrait à remplir son engagement de ramener le déficit public en-deçà de 3 % du PIB en 2013, mais exprime sa crainte que « le déficit ne soit pas corrigé de manière durable » et prévoit un dérapage en 2014, à 3,2 % du PIB, et 2015, à 3,8 %. Cette détérioration s'expliquerait, selon elle, par le caractère ponctuel d'une partie des mesures de consolidation en 2014, qui devraient être remplacées par des mesures pérennes pour assurer la soutenabilité de la correction. La Commission identifie également un certain nombre de risques, parmi lesquels une réforme de l'administration déconcentrée aux effets incertains en termes d'économies et une dette du secteur hospitalier et des communes trop élevée. Enfin, elle estime que la Slovaquie a « accompli des progrès limités dans la partie structurelle des recommandations budgétaires formulées par le Conseil dans le cadre du semestre européen ».

2. La recherche d'un équilibre subtil

Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement slovaque est parfois contraint à rechercher un équilibre subtil .

Dans un premier temps, il a pris des mesures impopulaires visant à augmenter les impôts des particuliers et des entreprises.

Dans un second temps, il poursuit l'ambition de mettre en oeuvre des réformes structurelles permettant de réduire les dépenses publiques. Il a ainsi entrepris trois chantiers :

- une réforme des retraites, en janvier 2013, avec le basculement d'une partie des cotisations du système par capitalisation vers le système par répartition, permettant ainsi de diminuer les dépenses publiques, l'État comblant le déficit du système par répartition ;

- le rachat forcé des deux caisses d'assurance maladie privées pour les fusionner avec la caisse publique, qui serait financé par des privatisations résiduelles. Le projet a toutefois pris du retard en raison du contentieux engagé par les propriétaires néerlandais de l'une des caisses ;

- une rationalisation des structures déconcentrées de l'État, dont l'objectif est aussi d'améliorer l'efficacité administrative, notamment pour mieux absorber les fonds européens. La réforme de l'administration passe également par la mutualisation des services de proximité, avec la création de guichets uniques, et par le développement de l' e -administration.

Sa politique, qui exige des efforts de la population, suscite un mécontentement qui gagne la société slovaque. Dès lors, le gouvernement cherche à améliorer les standards sociaux grâce à l'augmentation annoncée en 2014 du salaire minimum, des retraites et des salaires dans la fonction publique. Il a annoncé trois priorités pour l'année en cours : la lutte contre le chômage, celui des jeunes en particulier, la stimulation de la croissance et la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales. De même, le gouvernement entend poursuivre ses efforts de soutien budgétaire aux secteurs qu'il considère comme prioritaires, tels que l'éducation, les infrastructures routières et le domaine social, et préserver les plus défavorisés.

Le Premier ministre se dit également fortement mobilisé pour l'emploi, la hausse du chômage, à 14 %, restant contenue, même si le taux de chômage des jeunes est de 34 %. Il a ainsi effectué un déplacement très médiatisé aux États-Unis pour négocier avec US Steel le maintien de son usine slovaque à Koice, cette société américaine demeurant le premier employeur dans l'est du pays. Néanmoins, aucune amélioration réelle n'est attendue et le taux de chômage pourrait s'établir en dessous de 13 % en 2016. En outre, la Slovaquie souffre d'un fort chômage de longue durée (67 % des chômeurs en 2012).

Selon certains observateurs, la conjoncture économique morose empêcherait le gouvernement d'entreprendre les réformes structurelles annoncées, en particulier dans l'enseignement et la santé, qui tardent à être concrétisées. Ainsi le gouvernement a-t-il été obligé de satisfaire en partie les revendications salariales formulées pendant les grèves de l'automne 2012. De même, la réforme des retraites aurait manqué d'ambition.


* 9 En Slovaquie, la « règle d'or » impose au gouvernement de présenter un budget en équilibre l'année suivante dès lors que le seuil de 57 % est dépassé.

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