B. LA LUTTE CONTRE LA PRINCIPALE MENACE : LE TERRORISME

Dans le « New Strategic Guidance for the Department of Defense » de janvier 2012, il est indiqué que les États-Unis continueront à prendre une part active pour contrer le terrorisme en surveillant l'évolution de cette menace non-étatique dans le monde entier (voir supra p. 37), en coopérant avec les alliés et partenaires pour établir le contrôle des territoires non-gouvernés et en combattant directement les groupes et individus les plus dangereux si nécessaires.

1. La prise en compte de l'évolution et de la diffusion de la menace

Les États-Unis considèrent le terrorisme comme la principale menace : « jusque dans un avenir prévisible, la menace la plus directe à l'Amérique, chez nous et à l'étranger, reste le terrorisme ».

Mais ils ont analysé son évolution, notamment la transformation des groupes terroristes et l'extension de la zone où ils opèrent. « La nécessité d'une nouvelle stratégie reflète le fait que la menace principale aujourd'hui ne provient plus d'un leadership centralisé d'Al-Qaïda. Elle provient au contraire de groupes affiliés à Al-Qaïda et d'extrémistes, décentralisés, et dont le programme d'action de beaucoup a trait aux pays dans lesquels ils opèrent. Cela réduit la possibilité d'une attaque de grande ampleur contre notre patrie, comme celle du 11-Septembre, mais cela accroît le danger d'attaques contre du personnel des États-Unis à l'étranger, comme on l'a vu à Benghazi. Cela accroît le danger pour les cibles moins faciles à défendre, comme on l'a vu dans le cas du centre commercial à Nairobi . »

Ils ont également effectué un bilan critique des méthodes utilisées pour le combattre et leurs effets contre-productifs : « une stratégie qui consiste à envahir tous les pays qui abritent des réseaux terroristes est naïve et elle n'est pas durable. J'estime que nous devons réorienter notre stratégie de lutte contre le terrorisme - en tirant les leçons des succès et des insuffisances de notre expérience en Irak et en Afghanistan - pour établir des partenariats plus efficaces avec les pays où des réseaux terroristes cherchent à prendre pied » .

L'objectif de la nouvelle stratégie sera d'agir avec plus de souplesse et de discrétion, en s'appuyant sur des alliances et en renforçant les partenaires locaux, afin d'éviter les dommages collatéraux, de limiter les risques de rejet par les populations et donc d'enracinement des terroristes dans le tissu social. Il s'agit là d'une combinaison des approches indirectes (assistance, formation, soutien, armement) et de moyens non-conventionnels (opérations spéciales, drones, renseignement).

2. La recherche de partenaires

Les États-Unis estiment que la lutte anti-terroriste doit s'appuyer sur des partenaires et principalement au sein des pays directement concernés, mais, le cas échéant, de pays extérieurs mais particulièrement impliqués. Ils mettent en avant, à titre d'exemple, la formation avec l'OTAN de centaines de milliers de soldats et de policiers afghans et la mise en place d'une mission de formation-conseil.

Leur objectif est de préparer un plan pour constituer un réseau de partenariats de l'Asie du Sud au Sahel. S'appuyant sur un Fonds de partenariats contre le terrorisme, doté de 5 milliards de dollars, destiné aux formations, au renforcement des capacités et à faciliter l'engagement des pays partenaires en première ligne. Ces ressources donneront la souplesse nécessaire pour exécuter différentes missions, y compris l'entraînement des forces de sécurité au Yémen, le soutien à une force multinationale pour maintenir la paix en Somalie, le travail avec les alliés européens pour former en Libye des forces de sécurité et une police des frontières opérationnelles, ou encore l'aide aux opérations françaises au Mali.

3. Une régulation nécessaire dans l'emploi de la force

Ces partenariats n'excluent pas une intervention militaire directe comme cela est le cas lorsque, sur la base de renseignements exploitables, les forces américaines exécutent des opérations de capture comme celles qui ont permis de traduire en justice un terroriste impliqué dans les attentats à la bombe contre leurs ambassades en Afrique en 1998 ou d'un des auteurs présumés de l'assassinat de l'ambassadeur des États-Unis en Libye en septembre 2012 ou encore à l'élimination d'Oussama ben Laden dans son refuge au Pakistan, ou conduisent des frappes de drones comme celles menées au Yémen et en Somalie. « Il y a des moments où ces actions sont nécessaires, et nous n'avons pas droit à l'hésitation quand il s'agit de protéger notre peuple ».

Ce faisant, le Président estime que l'usage de la force doit être régulé « quand nous intervenons directement, nous devons respecter les normes qui reflètent nos valeurs. Cela signifie ordonner des frappes uniquement lorsque nous sommes confrontés à une menace constante et imminente, et uniquement lorsque l'absence de pertes parmi les civils est une quasi-certitude. Car nos actions doivent satisfaire à une condition simple : nous ne devons pas créer plus d'ennemis que nous en éliminons sur le champ de bataille . »

Il estime également que les États-Unis doivent être plus transparents sur le fondement de leurs mesures de lutte antiterroriste et leurs modalités d'exécution 40 ( * ) : « quand nous ne pouvons pas expliquer nos efforts clairement et publiquement, nous nous exposons à la propagande des terroristes et à la méfiance de la communauté internationale, nous érodons notre légitimité aux yeux de nos partenaires et de notre population, et nous rendons notre gouvernement moins responsable . »

L'Amérique n'a pas cessé d'intervenir militairement, elle le fait juste d'une autre manière.


* 40 Ceci explique également que les opérations des drones armés soient désormais principalement conduites par l'Armée et non plus par la CIA comme par le passé.

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