CHAPITRE 5 : LA FRANCE, L'EUROPE ET L'OTAN DOIVENT SE SAISIR DES OPPORTUNITÉS OFFERTES, ASSURER LEURS RESPONSABILITÉS ET DEVENIR PLEINEMENT PARTIES PRENANTES

La fin programmée de l'hégémon américain doit conduire l'Europe à prendre davantage de responsabilités. Il ne s'agit pas de se détacher des États-Unis avec lesquels nous partageons un socle étendu de valeurs communes, mais d'être plus présent lorsque les intérêts convergent et capables de s'engager seuls lorsque les États-Unis ne sont pas en mesure de le faire.

C'est aussi, actuellement, dans une certaine mesure, le souhait des États-Unis . La nouvelle revue de défense stratégique (QDR 2014) appelle à donner un poids renforcé aux alliances et partenaires clés, dans une logique de « partage accru du fardeau » entre alliés et de « light footprint » voulue par l'administration Obama.

Il y a donc des opportunités à saisir pour la France, pour l'Union européenne et au sein de l'OTAN.

I. LA FRANCE, UN ALLIÉ QUI S'ENGAGE ET QUI PEUT SAISIR DES OPPORTUNITÉS

Les relations entre les États-Unis et la France sont solides. Elles reposent sur une histoire commune, que chacun se plaît à rappeler et à commémorer (guerre d'Indépendance, alliance dans les deux guerres mondiales, alliance dans la guerre froide face à l'Union soviétique) et sur des valeurs partagées. Elle n'en a pas moins été régulièrement émaillée par des tensions et des divergences d'appréciation, la France souhaitant garder et cultiver son autonomie de décision plus que certains autres alliés européens, notamment en se dotant de l'arme nucléaire, ce qui a justifié sa sortie de l'OTAN le 7 mars 1966 ou, par exemple, en choisissant de ne pas soutenir l'intervention militaire en Irak en 2003 alors qu'elle participait à l'intervention en Afghanistan.

Le retour de la France dans l'OTAN en 2009, confirmé par le Président François Hollande en 2012, à la suite de la publication du rapport d'évaluation confié à M. Hubert Védrine 256 ( * ) , a solidifié ces relations.

A. UN ALLIÉ QUI S'ENGAGE ET QUE LES ETATS-UNIS APPUIENT

Les positions fermes prises par la France sur les dossiers iranien et syrien mais aussi son engagement reconnu en Afrique (Mali, RCA) et le niveau de sa contribution au sein de l'OTAN sont globalement appréciés aux États-Unis, par l'administration et plus encore au Congrès et par les médias. Cette image positive tranche avec le « french bashing » qui avait cours il y a dix ans, lequel s'est déplacé vers sa situation économique.

Les États-Unis apprécient la France comme une puissance agissante dans le domaine diplomatique et militaire. Son outil militaire efficace est un véritable atout diplomatique , peut-être le plus important dans son jeu compte tenu de sa situation économique . Elle dispose d'une connaissance de son environnement proche, notamment de l'Afrique. L'intervention en Libye a été révélatrice de ses capacités pour les Américains, sur le plan strictement militaire tout au moins.

Le niveau actuel de la coopération entre les États-Unis et la France sur les grands dossiers internationaux a peu de précédents.


* 256 Hubert Védrine, « Rapport sur les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN et sur l'avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l'Europe de la défense », 14 novembre 2002 http://www.rpfrance-otan.org/IMG/pdf/Rapport_Vedrine-2.pdf

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page