III. L'OTAN, UNE ALLIANCE SOLIDE QUI DOIT TROUVER SON ÉQUILIBRE

La nouvelle revue de défense stratégique (QDR 2014) appelle à donner un poids renforcé aux alliances et partenaires clés.

L'OTAN constitue la plus ancienne et la plus robuste de ces alliances. Après la période de la Guerre froide où l'Alliance a réalisé ses objectifs et une période plus opérationnelle au cours de laquelle l'organisation a démontré ses capacités à conduire des opérations dans les Balkans, en Afghanistan et en Libye, elle entame une nouvelle phase de transition en raison de la décrue des opérations en Afghanistan et au Kosovo.

Le sommet de Lisbonne en novembre 2010 a orienté cette transition autour de trois tâches fondamentales essentielles : la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative 268 ( * ).

L'évolution de la posture stratégique des États-Unis ne modifie pas fondamentalement cette approche. Dans son discours de West Point, le 28 mai 2014, le Président Obama a présenté les grandes lignes de la position et des attentes des États-Unis : « Maintenant, nous devons faire plus pour renforcer les institutions qui peuvent prévoir les problèmes et prévenir leur propagation. L'OTAN, par exemple, est l'alliance la plus robuste que le monde ait jamais connue. Mais nous travaillons maintenant avec des alliés de l'OTAN pour exécuter de nouvelles missions, aussi bien en Europe même où nos alliés de l'Est doivent être rassurés que par-delà les frontières de l'Europe où nos alliés de l'OTAN doivent fournir leur part d'efforts pour contrer le terrorisme, réagir face aux États en complète déliquescence et former un réseau de partenaires . »

Les États-Unis , qui privilégient désormais des actions et un appui indirects 269 ( * ) ainsi que le leadership d'autres États ou organisations régionales, souhaiteraient impliquer davantage leurs alliés dans la gestion des crises dans leur périphérie et dans la sécurité coopérative (voisinage méridional, aide à la stabilisation de la Libye par exemple). Il reste que l'OTAN prend aussi en compte la « fatigue expéditionnaire » des États membres, et pas seulement des États-Unis, et la difficulté de les mobiliser. La faiblesse des capacités européennes sur le plan militaire représente également un obstacle à cette approche.

Parallèlement, la crise ukrainienne oblige à reconsidérer de façon urgente la première mission de l'OTAN : la défense collective. L'Alliance devra évaluer les implications stratégiques de la crise, notamment l'avenir de la relation avec Moscou, la question des partenariats et celle de l'élargissement. Ce sera l'objet principal du sommet de Newport au Pays de Galles les 4 et 5 septembre prochains qui devrait donner lieu à l'adoption d'une déclaration sur le partenariat transatlantique par les Chefs d'État et de gouvernement.

A. UNE ALLIANCE SOLIDE QUE NE METTENT PAS EN CAUSE LES INTERROGATIONS RÉCURRENTES SUR SON DEVENIR

Dès qu'une question de sécurité surgit en Europe ou au Moyen-Orient, les interrogations renaissent sur le devenir de l'OTAN, sur son identité, sur son existence. M. Jeremy Shapiro, directeur de recherche à la Brookings risquait la métaphore avec la situation psychologique des personnages des films de Woody Allen.

En réalité, l'Alliance est solide. Aucune des parties ne remet en cause les fondements du Traité de l'Atlantique. Comme toute organisation ? elle connaît des transformations pour s'adapter à l'évolution des risques et des menaces.

Le rééquilibrage de la stratégie américaine vers l'Asie-Pacifique ne remet pas fondamentalement en cause l'Alliance et les garanties de sécurité qu'elle apporte, même si elle se traduit par une réduction des forces américaines stationnées en Europe.


* 268 http://www.nato.int/cps/fr/natolive/official_texts_68828.htm

* 269 Formation et aide au niveau local, appui en termes de logistique, de planification et de renseignement, drones.

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