C. LE RÉFÉRENDUM DU 5 JUILLET ET SES CONSÉQUENCES IMMÉDIATES

1. Quelles sont les positions à l'issue du référendum ?

Les leçons à tirer du non tendaient à diverger entre le gouvernement grec et ses partenaires européens au lendemain du référendum.

Le gouvernement grec entend avant tout marteler qu'il ne s'agit pas d'un choix en faveur d'une sortie de la zone euro mais plutôt d'une clarification de son mandat en vue de négocier un nouvel accord avec ses créanciers. Il s'agit avant tout du refus d'une logique, celle des politiques dites d'austérité, plus que celle d'un principe, celui de la monnaie unique.

Reste que cette position ne rejoint pas celle de ses partenaires européens. À l'Allemagne, trop souvent mise en avant, il convient d'ajouter les réactions observées en Finlande, aux Pays-Bas ou en Slovaquie par exemple. Le choix du peuple grec y est envisagé comme un refus des réformes structurelles et donc d'une adhésion pleine et entière à la zone euro. Il ne saurait exister, à leurs yeux, de mandat clarifié pour la Grèce, tant la position adoptée par le gouvernement apparaît à rebours des règles de solidarité, de responsabilité et de recherche constante du compromis.

Le non pose, par ailleurs, un problème politique au sein de nombreux États membres. Comment faire accepter une reprise des négociations à des opinions publiques à raison sourcilleuses sur les montants des aides déjà versées et sur l'absence de volonté affichée par le gouvernement grec depuis plus de cinq mois d'aboutir à un accord ? L'exemple de l'Allemagne est assez frappant : un consensus s'est fait jour entre les deux principales formations du pays pour envisager une sortie de la Grèce de la zone euro. Il existe aujourd'hui une véritable crise de confiance à l'égard des autorités grecques, exacerbée par l'annonce du référendum et son organisation. La Commission européenne estime, de son côté, que la position du gouvernement est affaiblie par le non, en raison du fossé créé avec ses partenaires.

Dans l'hypothèse d'une reprise des négociations, rien n'indique, à l'aune de ces éléments, qu'un éventuel compromis puisse recueillir un vote favorable au sein des parlements allemand, autrichien, finlandais, letton ou néerlandais qui doivent le ratifier. Cette étape est pourtant essentielle pour le versement des fonds. Dans ces conditions, la victoire du non pourrait s'apparenter à une défaite de la Grèce au plan européen.

2. Quelles pourraient être les bases des négociations ?

La plupart des États membres indiquaient au lendemain du résultat qu'ils étaient en attente de nouvelles propositions grecques pour envisager l'ouverture de nouvelles négociations. Il convient de rappeler, au préalable, que celles-ci ne pourront plus s'inscrire dans le cadre antérieur. Le deuxième plan d'aide a en en effet expiré le 30 juin dernier. Un nouveau mandat doit donc être accordé à la Commission européenne par l'eurogroupe en vue de la préparation d'un troisième plan d'aide.

Il convient, pourtant, de ne pas mésestimer l'urgence d'une reprise de ces négociations, tant au plan social que financier. Le pays est toujours placé sous contrôle des capitaux et devra faire face, le 20 juillet, à une nouvelle échéance de remboursement conséquente : 3,5 milliards d'euros auprès de la Banque centrale européenne. Celle-ci a décidé, le 6 juillet, de maintenir le niveau de son aide d'urgence aux banques à 89 milliards mais l'a assorti de conditions d'accès plus dures, en opérant une décote des titres apportés en garantie.

La démission, à la demande du Premier ministre, du ministre de l'Économie, Yannis Varoufakis, est incontestablement un signe d'apaisement à l'égard de l'eurogroupe, où la personnalité, les méthodes et les mots - les institutions ont été qualifiés de « terroristes » pendant la campagne référendaire - ont fini par exaspérer. Reste désormais à définir une plateforme de négociation. On relèvera que le référendum visait les propositions des institutions du 25 juin. Celles du 26 juin ont été implicitement acceptées par le gouvernement grec comme en témoigne la demande d'un troisième plan formulée le 1 er juillet et finalement refusée par l'eurogroupe.

Quoi qu'il en soit, la victoire du non au référendum devrait sans doute permettre au gouvernement grec de bénéficier d'un vote favorable de sa majorité au Parlement, en cas d'obtention d'un accord.

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