Introduction - Chantal Jouanno, Présidente de la délégation aux droits des femmes

Monsieur le Président,

Mesdames les ministres,

Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, chers collègues,

Mesdames et messieurs les députés,

Mesdames les conseillères, mesdames les maires,

Mesdames et messieurs,

Merci de votre présence extrêmement nombreuse à ce colloque qui se situe, à quelques jours près, soixante-dix ans après le second tour des élections municipales de 1945.

Je voudrais tout d'abord remercier notre président, Gérard Larcher, qui a tenu à nous faire l'honneur de procéder à son ouverture et qui, je dois en témoigner, se tient régulièrement informé des travaux de la délégation aux droits des femmes.

Vous avez souhaité, Monsieur le Président, adresser une parole particulière aux hommes qui ont accepté de participer à colloque en tant qu'intervenants. Je suis bien d'accord avec vous, l'égalité entre les femmes et les hommes implique entièrement les hommes ! Le combat pour l'égalité n'est pas un combat pour la différenciation, c'est au contraire un combat pour l'indifférenciation des droits et des opportunités. Nous le voyons aujourd'hui, ce combat n'est jamais terminé. Il n'existe pas nécessairement d'évolution « naturelle » vers l'égalité entre les hommes et les femmes. Nous avons tous le devoir de toujours porter ce combat au sein de nos actions politiques.

Donc, monsieur le Président, messieurs, soyez doublement remerciés d'être à nos côtés cet après-midi.

J'en viens plus concrètement au programme de ce colloque qui, vous l'avez vu, est organisé en trois séquences assez différentes.

Notre président a évoqué la séquence que je qualifierai d'historique, et qui se terminera par un bilan de soixante-dix ans de vote des femmes en France, intitulé Les Françaises aux urnes, 1945-2015 , que nous écouterons avec un intérêt particulier.

En réalité, monsieur le Président, la République pleine et entière a soixante-dix ans, l'âge du vote des femmes, même si son histoire a été jalonnée de bien d'autres évolutions. Cette table ronde, qui permettra des « regards croisés » d'historiennes et de politologues sur le droit de vote des femmes, fera la transition avec l'intervention d'Yvette Roudy, qui s'intitule de manière éloquente La parité, un combat inachevé .

Comme Gérard Larcher l'a fait observer, l'ordonnance de 1944 comporte deux volets : les femmes électrices et les femmes éligibles. Or sur ce point, je rappelle qu'il a fallu des lois contraignantes pour que le taux de féminisation de plusieurs institutions, et notamment du Parlement, puisse s'améliorer.

Nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre la parité. Nous le savons, quand il s'agit des droits des femmes, quel qu'en soit le domaine, il suffit de baisser la garde un instant pour que la place des femmes dans les différentes instances recule. Je renvoie sur ce point aux remarquables travaux de Réjane Sénac.

Deux séquences du colloque seront consacrées à la thématique de l'engagement politique des femmes. Ces tables rondes associeront diverses personnalités invitées à échanger sur leurs expériences de la manière la plus personnelle et la plus détendue qui soit.

Devant une telle audience, je conçois que cela ne soit pas chose si aisée, mais vous serez remarquablement pilotés par Roselyne Bachelot-Narquin, que je remercie tout particulièrement d'avoir accepté très spontanément d'animer la première de ces tables rondes concernant l'accès aux mandats et aux responsabilités.

Je ne doute pas, chère Roselyne, que tu réussiras à apporter à cette table ronde beaucoup de bonne humeur, de naturel et une ambiance souriante. Je compte beaucoup pour cela sur ton expérience en ce domaine. Cette expérience, ton livre, La petite fille de la V e , qui vient de paraître, en témoigne avec éloquence.

Le chapitre intitulé « Les tontons flingueurs » relate ton premier combat électoral dans un territoire considéré comme perdu d'avance, si bien que lorsque tu as remporté les élections, un responsable local t'a félicitée en ces mots : « Si on avait su que c'était jouable, on aurait envoyé un homme ».

Pour beaucoup d'entre nous, qui ont fait le constat d'un certain machisme en politique, je suis sûre que la plupart des anecdotes contenues dans ce livre suscitent une impression de « déjà vu »... L'objet de cette table ronde ne vise toutefois pas à évoquer seulement l'aspect culturel de la question de l'accès aux mandats et aux responsabilités, mais également ses aspects matériels et institutionnels, qui freinent les femmes de façon plus ou moins consciente.

La troisième séquence de ce colloque porte sur un sujet qui nous concerne tous et toutes : il s'agit de la conciliation des temps entre vie personnelle et engagement politique. Je dis bien « tous et toutes » puisque cette problématique concerne autant les hommes que les femmes.

Cependant, mon expérience personnelle me conduit à constater, bien qu'ayant un mari remarquable, que la charge liée à l'exercice de responsabilités familiales a parfois tendance à reposer davantage sur nos épaules, à nous les femmes. Du moins, la culpabilité que nous inspire le fait d'être absentes du domicile familial.

Sur ce point, je remercie Béatrice Massenet d'avoir accepté d'animer cette table ronde. Béatrice Massenet, journaliste, est l'auteure d'un livre particulièrement édifiant qui s'intitule de manière significative Et qui va garder les enfants ?

Nous comptons, en préambule de cette table ronde, sur Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE|fh), pour nous montrer quel statut de l'élu-e permettrait de réaliser cette égalité à laquelle nous aspirons tous.

Je suis particulièrement heureuse que la composition de ces deux séquences politiques nous permette d'associer des femmes et hommes élus aux expériences diverses : locales et nationales, ministérielles pour certaines. Je me réjouis en outre que de nouvelles collègues sénatrices, élues lors des dernières élections sénatoriales d'octobre 2014, participent à ces tables rondes et puissent nous faire profiter du regard neuf qu'elles portent encore sur notre institution.

Je sais que dans cette salle nous écoutent de nombreuses femmes élues locales et responsables d'associations oeuvrant à l'égalité entre femmes et hommes : je suis certaine que nos échanges trouveront un écho dans les expériences que toutes, vous vivez au quotidien dans vos engagements politiques et associatifs.

Il me revient enfin le triste devoir d'engager chaque intervenant à s'en tenir au temps de parole qui lui a été imparti : notre programme est dense, et les conclusions de ce colloque doivent intervenir vers 19 heures.

Nous allons d'abord regarder, grâce au partenariat de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), une très brève vidéo qui montre la continuité entre le premier vote des femmes en 1945 et la revendication de la parité. D'autres vidéos vous seront proposées grâce à l'INA au cours de l'après-midi. La liste de ces films figure dans vos dossiers et sera accessible depuis notre site internet.

Projection de la vidéo : Lucie Aubrac et Françoise Gaspard dans
« Histoire du vote des femmes »

Journal télévisé Antenne 2 (20 heures) du 21 avril 1994
Journaliste : Guilaine Chenu

Avant de confier la première table ronde à Roselyne Bachelot-Narquin, je propose que nous regardions ensemble une deuxième vidéo, elle aussi très courte, qui permet à notre ancienne collègue Cécile Goldet, qui vient de fêter ses 101 ans et qui nous fait l'honneur d'être parmi nous aujourd'hui au premier rang de cette salle, de témoigner de son parcours. Je rappelle que Cécile Goldet était médecin et qu'elle a joué un rôle très important au Planning familial.

Projection d'un témoignage vidéo de Cécile Goldet :
« En 1979, au Sénat, nous étions quatre femmes » 2 ( * )

Il est temps d'aborder notre première table ronde. Chère Roselyne, c'est avec un grand plaisir que je te donne la parole.


* 2 Enregistrement réalisé en 2014 par l'équipe de communication du Sénat à l'occasion du colloque « Femmes résistantes » du 27 mai 2014.

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