N° 1

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2015-2016

Enregistré à la Présidence du Sénat le 1 er octobre 2015

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la délégation sénatoriale à l'outre-mer (1) sur les actes du colloque « Une bannière verte et bleue pour un renouveau du tourisme dans les outre-mer » organisé le 30 septembre 2015,

Par M. Michel MAGRAS,

Sénateur.

(1) Cette délégation est composée de : M. Michel Magras, président ; Mme Aline Archimbaud, M. Guillaume Arnell, Mmes Éliane Assassi, Karine Claireaux, MM. Éric Doligé, Michel Fontaine, Pierre Frogier, Joël Guerriau, Antoine Karam, Thani Mohamed Soilihi, vice-présidents ; M. Jérôme Bignon, Mme Odette Herviaux, MM. Robert Laufoaulu, Gilbert Roger, secrétaires ; MM. Maurice Antiste, Jean Bizet, Mme Agnès Canayer, MM. Joseph Castelli, Jacques Cornano, Mathieu Darnaud, Félix Desplan, Jean-Paul Fournier, Jean-Marc Gabouty, Jacques Gillot, Daniel Gremillet, Mme Gisèle Jourda, MM. Serge Larcher, Nuihau Laurey, Jean-François Longeot, Mme Vivette Lopez, MM. Jeanny Lorgeoux, Georges Patient, Mme Catherine Procaccia, MM. Stéphane Ravier, Charles Revet, Didier Robert, Abdourahamane Soilihi, Mme Lana Tetuani, MM. Hilarion Vendegou, Paul Vergès et Michel Vergoz .

Ouverture

Michel MAGRAS,
Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer,
Sénateur de Saint-Barthélemy

Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,

Chers collègues,

Cher Jean-Pierre Philibert, président de la Fédération des entreprises d'outre-mer avec laquelle notre délégation fait de nouveau équipe aujourd'hui après notre conférence économique du 25 juin qui nous avait transportés dans le Pacifique,

Mesdames et Messieurs qui avez répondu à notre sollicitation pour venir témoigner de la diversité de nos territoires, qu'il s'agisse des vulnérabilités ou des atouts du secteur du tourisme dans nos outre-mer,

Mesdames et Messieurs,

En mon nom propre et au nom de mes collègues de la délégation, bienvenue au Sénat !

Nous sommes heureux de vous y accueillir à l'occasion de ce colloque sur le tourisme dans les outre-mer auquel Gérard Larcher a accordé son haut patronage.

Comme au mois de juin pour notre conférence économique sur les entreprises et les dynamiques sectorielles du Pacifique, nous avons été heureusement surpris par l'afflux des demandes d'intervention, que nous n'avons d'ailleurs, à regret, pas pu toutes satisfaire. Nous aurions, certes, pu organiser le colloque sur la journée entière, mais un format plus concis nous a paru préférable pour mieux assurer la diffusion des messages.

En ma qualité de « maître de cérémonie », et dans l'intérêt de tous, je renouvelle donc auprès de l'ensemble des intervenants des deux tables rondes notre demande de respect scrupuleux des temps de parole afin, notamment, de rendre possibles des phases de débat avec la salle.

Nous voilà donc réunis pour faire le point sur la situation du tourisme dans nos outre-mer, secteur d'activité qui focalise aujourd'hui l'attention des pouvoirs publics comme levier de croissance et de développement.

De nombreux rapports ont été publiés sur le sujet et plusieurs réflexions ont été menées : je pense, pour les travaux les plus récents, au rapport de la Cour des comptes de février 2014, aux Assises du tourisme qui ont connu des déclinaisons territoriales en outre-mer au printemps 2014, ou encore à la publication de l'Institut d'émission d'outre-mer de mars 2015 dont le directeur général, Nicolas de Sèze, nous fera une présentation tout à l'heure. Permettez-moi à cet instant de lui adresser un salut particulier car il achève aujourd'hui même son mandat à l'IEDOM-IEOM et nous fait l'honneur de sa participation experte et amicale : je souhaite lui adresser nos chaleureux remerciements pour l'indéfectible attention qu'il a portée à nos territoires tout au long de sa carrière et pour les progrès accomplis sous sa direction en matière de recensement des données relatives aux outre-mer !

Concernant les travaux relatifs au développement du tourisme dans les outre-mer, j'avais moi-même apporté une modeste contribution à l'édifice dès mai 2011 comme rapporteur de la commission des affaires économiques du Sénat.

Enfin, au coeur de l'été dernier, le Conseil de promotion du tourisme a consacré sa dernière séance aux destinations ultramarines pour réaffirmer la contribution de premier plan des outre-mer à l'attractivité touristique de notre pays, avec la prescription de vingt-sept mesures dont la ministre des outre-mer, Madame Pau-Langevin, nous exposera la teneur en clôture de nos travaux.

À l'occasion du Salon international du tourisme, le rendez-vous annuel de Top Resa, nous avons voulu profiter de la présence à Paris de nombreux acteurs locaux pour braquer les projecteurs sur nos outre-mer où le secteur du tourisme doit fonder un axe majeur de développement et constitue un extraordinaire vecteur de mise en valeur de patrimoines naturels et culturels exceptionnels.

Sans ignorer les contraintes fortes qui s'exercent sur ce secteur d'activité, nécessitant une attention spécifique des pouvoirs publics et des réponses adaptées pour atténuer les différentiels de compétitivité avantageant les États voisins, notre ambition aujourd'hui est de mettre en lumière les atouts de nos outre-mer français. Il s'agit de montrer, par une large palette de témoignages, que le tourisme est porteur d'effets vertueux et que ce secteur d'activité peut notamment contribuer à dégager des solutions pour relever les défis environnementaux et climatique.

À la veille de la Conférence de Paris sur le climat, cette approche s'imposait, permettant de porter un regard nouveau sur le tourisme dans les outre-mer : si les statistiques conduisent parfois à dresser des bilans mitigés et montrent que ce secteur d'activité ne joue pas le rôle pivot qui devrait être le sien, le foisonnement de projets innovants est la preuve, en revanche, que des dynamiques sont à l'oeuvre, porteuses d'espoir et de renouveau.

C'est ce message positif et engagé que nous voulons porter aujourd'hui.

Au-delà du développement de l'attractivité touristique, grâce à la diversification de l'offre notamment, nous montrerons ensemble que le tourisme constitue un formidable outil de révélation des potentiels territoriaux et un puissant moteur d'innovation en faveur de l'environnement et de notre planète.

Désireuse de contribuer à une plus large visibilité de nos outre-mer, notre délégation, par la rencontre d'aujourd'hui, affiche également l'ambition de créer une émulation entre les territoires, de croiser les regards et de confronter les expériences, de générer une meilleure connaissance mutuelle pour le plus grand profit de chacun.

Le cheminement de notre après-midi s'organisera en trois étapes. Sous la conduite, tout d'abord, de Jean-Pierre Philibert, nous ferons le point sur les contraintes qui s'exercent sur le secteur du tourisme et sur les conditions d'un environnement favorable.

Dans un deuxième temps, ma collègue de Saint-Pierre-et-Miquelon, Karine Claireaux, qui préside également aux destinées du Conseil national de la mer et des littoraux, orchestrera un défilé de témoignages illustrant la diversification de l'offre touristique au service de la mise en valeur des patrimoines naturels et culturels des outre-mer.

Je reviendrai présider notre dernière séquence de travail, qui sera centrée sur les stratégies territoriales afin de tracer des perspectives de développement en dessinant de véritables identités touristiques.

Nous aurons, au terme de nos travaux, le plaisir d'accueillir Madame George Pau-Langevin, ministre des outre-mer.

Mais dans l'immédiat, je vais céder la parole à mon ami Jean-Pierre Philibert avant que nous écoutions un message de Monsieur Matthias Fekl, secrétaire d'État en charge du tourisme, qui regrette de ne pouvoir être parmi nous aujourd'hui.

Je vous remercie et je nous souhaite une fructueuse après-midi.

Jean-Pierre PHILIBERT,
Président de la Fédération des entreprises d'outre-mer (FEDOM)

Monsieur le président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer,

Mesdames et Messieurs les sénateurs,

Mesdames et Messieurs les députés,

Mesdames et Messieurs les représentants des pouvoirs publics,

Mesdames et Messieurs les intervenants,

Chers adhérents de la FEDOM dont je suis heureux de voir qu'ils sont venus de très loin,

Chers amis,

Voici donc la troisième édition, en ce qui nous concerne, d'une journée de réflexion et de proposition pour le tourisme en outre-mer à l'occasion de Top Resa.

Cette année, nous sommes fiers et heureux d'être partenaires de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer et je remercie du fond du coeur le président Magras pour le succès d'ores et déjà rencontré par cette journée, vu le nombre d'inscrits. Nous avons besoin des grandes institutions de la République pour porter haut et fort nos messages et propositions. J'avoue toutefois être resté sceptique quand le thème « Une bannière verte et bleue » m'a été proposé et j'ai quelque peu hésité. Quand on connaît l'ampleur des difficultés du secteur du tourisme, pourtant si essentiel pour nos économies ultramarines, cette journée ne tombait-elle pas à côté des véritables sujets de préoccupation ? Ce tourisme « durable » n'est-il pas un tourisme de niche alors que nous manquons de l'essentiel - des touristes, des infrastructures - et que parler de renouveau peut apparaître un peu surréaliste quand nous parlons, nous, de survie ?

Pour reprendre une expression de mon ami Nicolas Vion, qui vient d'être réélu président de la commission tourisme de la FEDOM pour un cinquième quinquennat et que je félicite à ce titre et pour le travail formidable qu'il accomplit, un tourisme durable n'est-il pas, avant tout, un tourisme qui dure ? Le vrai problème de nos entreprises n'est-il pas avant tout, comme le martèle mon ami Yan Monplaisir, celui de la compétitivité par rapport aux pays de la zone ?

Et puis, lorsque nous sommes entrés dans le détail des ateliers proposés, j'ai été convaincu de la nécessité de faire ce focus sur ces atouts de nos territoires. Nous pouvons et devons continuer à proposer à nos visiteurs un tourisme de repos et balnéaire s'ils le souhaitent, mais pourquoi ne pas miser aussi sur un tourisme à la rencontre des cultures, de la nature, de la biodiversité marine et terrestre ?

Faisons un rapide tour de nos destinations depuis les pitons et cirques de La Réunion classés depuis 2010 au patrimoine mondial de l'Unesco. Passons par Mayotte, l'île aux parfums, la beauté de son lagon et le désert rouge des pazdas de Dapani, la montagne Pelée, site remarquable classé réserve biologique intégrale en Martinique, le Parc naturel de la Guadeloupe et ses îles, l'Amazonie française en Guyane, où un demi-hectare de forêt compte plus d'espèces d'arbres que toute l'Europe réunie. À cet égard, je signale que l'arbre de Saül vient de remporter le prix du public du concours de l'arbre de l'année 2015. Passons également par la Nouvelle-Calédonie où le mélange des plaines de niaoulis à l'ouest, des plages paradisiaques de Koumac au nord et de l'île des Pins au sud, font de cet archipel un panaché de forêts vierges, d'immenses étendues de plages, de lagunes et de cascades, la Polynésie française dont les cinq archipels et les cent-dix-huit îles allient à la perfection les vastes plages de sable blanc et les paysages montagneux. Saluons également, chère Karine Claireaux, Saint-Pierre-et-Miquelon, où la population est fière de faire découvrir son art de vivre français, son patrimoine maritime et sa culture. Et bien sûr, la nature préservée de Saint-Martin, la Réserve naturelle de Saint-Barthélemy et les fonds marins et la culture traditionnelle de Wallis-et-Futuna.

Cette énumération ne nous éloigne pas de notre sujet, et représente aussi ce qui fait le charme de tous nos outre-mer.

Je terminerai en évoquant le formidable patrimoine que constitue la gastronomie des outre-mer dans toute sa richesse et sa diversité, que ne manquera pas d'évoquer Babette de Rozières. J'espère vous avoir fait rêver. En tout cas, je suis fier de représenter, peut-être aujourd'hui encore plus qu'hier, ces territoires, ce tourisme et ces hommes et ces femmes. Je forme le voeu que cette journée contribue à mieux faire connaître nos outre-mer.

Je signale enfin que sont aussi présents dans cette salle des représentants des organisations syndicales (CGT, FO, CFDT) avec lesquelles nous travaillons, et qui ont toute leur place dans cette réflexion sur le développement de notre tourisme.

Je souhaite que ce débat contribue à nous éclairer les uns et les autres, et vous remercie de votre attention.

Matthias FEKL,
Secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme
et des Français de l'étranger auprès du Ministre des affaires étrangères
et du développement international

Monsieur le président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer,

Monsieur le président de la FEDOM,

Mesdames et Messieurs les sénateurs,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs,

À défaut de ne pouvoir être parmi vous aujourd'hui, je tenais à vous adresser ce message à l'occasion du colloque consacré au renouveau du tourisme dans les outre-mer.

Vous le savez, depuis 2012, le Gouvernement a fait du tourisme une priorité pour répondre aux enjeux d'un secteur économique en plein essor.

Si nous voulons que la France demeure la première destination touristique au monde avec près de 84 millions de visiteurs en 2014 - chiffre déjà dépassé en septembre 2015 - mais, surtout, que les touristes puissent y rester plus longtemps et y consommer davantage, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. D'ici à 2030, d'après les prévisions de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui dépend de l'Organisation des Nations Unies (ONU), le nombre de touristes dans le monde va doubler, passant d'un milliard de touristes aujourd'hui à 1,8 milliard. Les enjeux sont considérables et chaque pays se prépare d'ores et déjà à faire valoir ses atouts. C'est pour nous donner dans ce contexte international les meilleures chances de réussite que le Président de la République a décidé d'inscrire le tourisme dans les missions du Quai d'Orsay, du ministère des affaires étrangères et du développement international, qui concentre aujourd'hui les leviers de l'action internationale de la France autour du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.

Depuis plus d'un an, à la suite des Assises du tourisme puis du Conseil de promotion du tourisme, et grâce à la mobilisation de tous les acteurs du secteur, nous avons énormément progressé. La France vient d'ailleurs de passer de la septième à la deuxième place mondiale dans le classement établi par le World Economic Forum concernant la compétitivité dans le secteur du tourisme, classement qui prend en compte l'action des pouvoirs publics. Nous nous sommes d'abord efforcés de mieux promouvoir notre offre touristique autour de vingt contrats de destination, avec la mise en place de cinq pôles d'excellence pour mettre en valeur nos atouts climatiques. Dans l'oenotourisme, l'écotourisme, le tourisme artisanal, le tourisme urbain, le tourisme nocturne et le tourisme de montagne, nous avons pris ensemble des mesures pour améliorer l'accueil des touristes. J'en citerai quelques exemples : la délivrance de visas en moins de quarante-huit heures, la connectivité des territoires, la sécurité des touristes.

Pour prendre en compte les enjeux spécifiques des outre-mer, un chantier du Conseil de promotion du tourisme a été consacré spécialement au tourisme dans les destinations ultramarines. Vingt-sept mesures ont ainsi pu être proposées et la ministre en charge des outre-mer, George Pau-Langevin, qui clôturera vos travaux, les présentera tout à l'heure. Le rapport rappelle que le tourisme représente une part très importante du produit intérieur brut (PIB) des destinations ultramarines, mais que sa place peut encore progresser. En effet, les potentiels sont énormes mais plusieurs points sont à travailler. Il y a d'abord les dépendances très fortes du marché métropolitain, un parc hôtelier qui doit s'adapter et, sur certaines destinations, des établissements qui sont en très forte concurrence avec des destinations voisines. Depuis plus d'un an, le ministère des affaires étrangères et du développement international, en lien étroit et permanent avec le ministère des outre-mer, s'est engagé pour accompagner les destinations, les projets, les actions.

Notre opérateur Atout France a mis en place l'année dernière un cluster outre-mer pour favoriser les actions de promotion. Plusieurs actions d'envergure ont été menées dans le cadre de la convention entre Atout France et le ministère des outre-mer. Des études sur les modèles économiques de l'hôtellerie en outre-mer ont été menées. Une évaluation des nouvelles formes d'hébergement en développement, notamment la location chez l'habitant, a été conduite. Ou encore des analyses de marchés, notamment pour mieux identifier les besoins des clientèles des pays du BRIC, ont été produites. Par ailleurs, j'associe dans mes déplacements internationaux les destinations ultramarines qui le souhaitent. Un important travail a été effectué pour renforcer les destinations de la Caraïbe française et renforcer les liens avec ces pays autour de la mise en place d'offres de croisières multi-destinations. Lors de mon déplacement en Afrique du Sud, les représentants du tourisme de l'Île de La Réunion étaient présents pour promouvoir leur offre auprès des tour-opérateurs et des prescripteurs, et identifier de nouveaux axes de travail avec Atout France.

Plus récemment, la Polynésie française a été invitée à m'accompagner en Chine pour mettre en avant son offre de croisière auprès des clientèles chinoises, et pour rencontrer les principaux investisseurs et prescripteurs locaux. La Guyane pourra être associée, si elle le souhaite, dans le cadre d'un futur déplacement au Brésil autour des enjeux du tourisme durable sur lequel elle s'est positionnée depuis longtemps. Toutes celles et ceux qui souhaitent s'inscrire dans cette démarche sont les bienvenus, et nous travaillerons très volontiers ensemble sur les projets.

Je me réjouis des sujets que vous avez mis à l'ordre du jour de vos travaux, et qui vont dans le sens d'un bon positionnement des destinations ultramarines : à travers la valorisation des savoir-faire locaux, l'orientation d'un tourisme haut de gamme et axé sur le développement durable, avec la structuration autour d'offres multi-destinations...

Je vous souhaite une très bonne journée de travaux. À très bientôt pour continuer le travail commun engagé.

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