II. UNE FORCE ÉCONOMIQUE MOMENTANÉMENT BRIDÉE

Puissance certaine en termes de rayonnement diplomatique, force militaire au moyen de méthodes non conventionnelles, l'Iran représente aussi, incontestablement, une puissance économique, bien que les sanctions internationales qui ont été prononcées depuis les années 2006-2007 en raison du programme nucléaire national l'aient considérablement bridée. La levée de ces sanctions, désormais rendue possible par l'accord de Vienne, est de nature à permettre à cette économie de renouer avec le développement que les atouts du pays lui autorisent largement.

A. LES NOMBREUX ATOUTS DU PAYS

Les ressources de l'économie iranienne sont importantes et diverses, d'ordre à la fois géographique et géologique, démographique et culturel.

Bordé par la mer Caspienne au nord et le Golfe arabo-persique au sud, le territoire de l'Iran actuel mesure 1,648 million de km² - soit trois fois la superficie de la France ; la diagonale qu'on peut tracer entre l'Azerbaïdjan iranien, au nord-ouest, et le Sistan-Baloutchistan, au sud-est, représente une distance d'approximativement 2 333 km. Sa situation géographique confère au pays une position stratégique en ce qui concerne les projets de pipelines fournissant tant les marchés asiatiques qu'européens, et lui offre notamment le contrôle du détroit d'Ormuz , qui fait de lui un acteur clé au sein des flux commerciaux du pétrole (le cinquième de ces derniers y transitent).

L'Iran détient 10 % des réserves pétrolières de la planète , se plaçant ainsi au troisième rang mondial en la matière, derrière l'Arabie Saoudite et le Venezuela, et 18 % des réserves de gaz naturel , ce qui le classe à cet égard à la deuxième place mondiale, après la Russie. Il n'est pourtant aujourd'hui que le quatrième producteur au monde pour le pétrole et le sixième pour le gaz naturel. Du reste, au-delà de ces réserves avérées, les capacités énergétiques iraniennes en hydrocarbures pourraient être encore plus importantes : les gigantesques gisements de Tabnak, au sud du pays, pour le gaz, et d'Azadegan, au sud-ouest, pour le pétrole, n'ont été découverts que de façon relativement récente - respectivement en 1967 et 1999 -, et il paraît vraisemblable que, le long de la Caspienne, d'autres soient encore à explorer.

Source : CNRS ( http://www.irancarto.cnrs.fr/ )

Le sous-sol du pays recèle aussi quantité de ressources minières . L'Iran produit ainsi de l'or, du cuivre, du charbon, du fer, du plomb, du zinc, du chrome, de la barite, du gypse, du molybdène, de l'uranium, du strontium, etc. Les mines de Sarcheshmeh, situées au centre du territoire, contiennent à elles-seules 5 % du cuivre mondial, alors même que cette industrie est réputée sous-exploitée. Propriétaire quasi-exclusif de ces ressources, l'État iranien cherche désormais à en développer l'extraction en attirant à cet effet des investissements étrangers.

Avec une population, largement éduquée et de plus en plus urbaine, de près de 80 millions d'habitants - qui, selon une projection de la World Population Review, pourrait dépasser les 100 millions d'habitants à l'horizon 2050 -, l'Iran constitue le plus gros marché intérieur du Moyen-Orient . Cette population et la dimension précitée du territoire iranien engendrent une forte demande en termes de transports, dans le secteur automobile (le marché iranien en la matière était d'un million de voiture en 2013 et pourrait doubler dans les prochaines années), mais aussi pour le ferroviaire et l'aérien, dont le parc et les infrastructures réclament de conséquents investissements.

Les grandioses paysages de l'Iran et son patrimoine historique et culturel constituent une autre de ses ressources. La civilisation millénaire qu'ont forgée les apports successifs, notamment, des dynasties achéménide, parthe, sassanide, savafide et qadjar, conserve, dans des villes comme Chiraz, Tabriz ou Ispahan, ou sur des sites comme celui de Persépolis, des trésors architecturaux (palais, mosquées, bazars, places monumentales, etc.) et joyaux artistiques de tous ordres (jardins, fresques et miniatures peintes, tapis, bijoux, livres précieux...). Pas moins de dix-neuf sites à travers le pays se trouvent d'ailleurs inscrits par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial. Cette richesse fait de l'Iran une destination touristique potentiellement privilégiée . Elle paraît encore sous-exploitée mais est certainement appelée, si les autorités et les entrepreneurs iraniens s'en donnent les moyens en termes de capacités et de qualité d'accueil, aux plus fructueux développements.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page