B. LA CROISSANCE DES PATRIMOINES PRIVÉS PAR RAPPORT AUX REVENUS

À partir de 1970, parfois avant, on note une croissance du patrimoine privé, variable selon les pays mais notable partout et surtout nettement plus importante que les revenus en général, qui pourtant comprennent ceux qui sont produits par le patrimoine, lesquels augmentent eux-mêmes plus vite que ceux du travail.

On peut y voir le produit d'un triple phénomène :

- une augmentation plus rapide des revenus du capital que du travail (revenus spéculatifs notamment) ;

- une augmentation plus rapide des revenus supérieurs du travail ;

- et une inflation totalement occultée de la valeur des patrimoines (plus-values de placements financiers et immobiliers).

Source : Thomas Piketty - Le Capital au XXI e siècle - Seuil - 2013

Par rapport au revenu national, le patrimoine privé double quasiment en France et en Allemagne, un peu moins en Grande-Bretagne, à partir de 1970 alors que la part des revenus du capital, dans le même temps, augmente de 7 % à 8 %.

C. LA CROISSANCE DES INÉGALITÉS DE REVENUS

Pression sur les revenus du travail, inégalités grandissantes des revenus du travail, augmentation des patrimoines privés et des revenus qui vont avec, rien d'étonnant à ce que la distribution des revenus soit de plus en plus inégalitaire.

Plus la minorité concernée est étroite - le décile, le centile et le millime supérieurs -, plus l'écart se creuse dans les pays anglo-saxons. Si l'on observe aussi cette évolution sur le vieux continent, elle est nettement plus modérée.

Le graphique ci-dessous mesure la part de revenu national des États-Unis revenant aux 10 % des plus hauts revenus. Elle représente quelque 33 % dans les années 1970 et 50 % juste avant la crise de 2008 qui l'a fait baisser de 2,5 %. Au terme du processus, les effets du New Deal sont complètement gommés.

On note, à partir de 1970, pour le décile et plus encore le centile supérieur aux États-Unis, la part notable des plus-values spéculatives dans leur revenu (Voir graphique 8.8).

Warren Buffett a parfaitement raison : les plus riches sont les gagnants de cette lutte des classes menée à fronts renversés.

On observe des évolutions comparables, quoique à un niveau inférieur à celui des États-Unis, dans les autres pays anglo-saxons (Grande-Bretagne surtout).

L'évolution française est très sensiblement différente puisque la part du revenu national allant au décile supérieur baisse jusqu'en 1982 pour atteindre 30 % (valeur proche des 33 % étasuniens de 1970), pour remonter ensuite, mais seulement de 3 %, ce qui n'a rien à voir avec les 50 % étasuniens.

Les autres pays de l'Europe continentale et le Japon connaissent des évolutions comparables, l'Allemagne après une baisse de la part des hauts revenus, enregistrant une hausse de 3 % à partir de 2003.

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