V. PARTENARIAT CULTUREL, ÉDUCATIF ET HUMAIN

A. TEXTE DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE

L'aggravation des tensions dans le monde, dont l'un des symptômes est la guerre de l'information, ne pouvait qu'affecter les relations russo-françaises dans ce domaine. L'un des signes en était les accusations d'ingérence de la Russie dans le cyberespace dans les processus électoraux des États-Unis et des pays européens, y compris la France, dans le but de déstabiliser leurs systèmes politiques. Il est également regrettable que, dans le contexte des valeurs de liberté d'expression proclamées par la France, les activités des médias russes, en particulier RT et Spoutnik, soient limitées.

Comme aucune preuve convaincante de ces accusations n'a encore été faite, la polémique sur cette question est évidemment contre-productive. Au lieu de cela, elle pourrait proposer aux Français des mesures positives - par exemple , pour vérifier la fiabilité de certaines déclarations controversées des médias sous la forme d'une réfutation non pas unilatérale mais coordonnée de ce qu'il est convenu d'appeler. "Fausses nouvelles", susceptibles de nuire à l'image de l'un ou l'autre parti, dans le cadre des consultations régulières des commissaires aux relations publiques de l'Administration présidentielle de la Fédération de Russie et du Palais de l'Elysée, des Commissions électorales centrales et du Ministère des affaires étrangères des deux pays.

En même temps, il est nécessaire de souligner que les conflits dans le domaine de l'information ne sauraient réduire à néant les liens culturels traditionnellement larges entre la France et la Russie, qui reçoivent aujourd'hui de nouvelles impulsions.

Les liens culturels et humanitaires entre nos pays ne constituent pas seulement des axes de coopération séparée entre les deux États et les deux peuples. Ces liens sont si anciens et si profonds qu'ils peuvent être décrits comme « uniques ». Pendant près de trois siècles la Russie est sous le « charme » du « soft power » français. La particularité des relations entre la Russie et la France était toujours et reste aujourd'hui liée au rôle spécial joué par les deux pays dans l'histoire européenne et mondiale, mais elle est d'autant plus associée avec cette énorme contribution au trésor de la civilisation mondiale que les deux nations ont apportée. C'est pourquoi, la dimension culturelle est la constante de base pour nos relations, tout en aidant à trouver un terrain d'entente dans tous les autres domaines.

Ces dernières années ont vu rétrécir le volume et les niveaux des relations politiques, mais les liens scientifiques, aussi que les échanges dans le domaine culturel ont démontré leur endurance et continuent à bien tenir le coup face aux défis géopolitiques. Ils continuent de fonctionner en tant que certains « stabilisateurs intégrés » pour l'ensemble des relations franco-russes.

Même aux moments difficiles pour nos relations bilatérales, nos peuples ressentaient toujours des sentiments sincères de respect et de sympathie réciproques . Malgré l'impact négatif que l'adhésion de Paris aux sanctions anti-russes initiée par les États-Unis et l'Union européenne a provoqué pour le dynamisme des liens bilatéraux, on constate avec satisfaction que même aujourd'hui l'intérêt de la France envers la Russie ne s'affaiblit pas mais ne cesse de s'accroître. On a pu le voir très clairement d'après des évènements solennels organisés en 2017 à l'occasion du centenaire de la Révolution russe.

La coopération scientifique et technique couvre pratiquement tous les domaines de la science et de la technologie. Nous constatons le développement des liens dans les sciences fondamentales, la physique, les mathématiques, la chimie, la biologie, ainsi que dans les sciences appliquées - aérospatial, ingénierie énergétique, océanologie, informatique, information scientifique et technique. L'élaboration de nouveaux projets innovants se poursuit en coopération avec la partie française.

La conclusion d'un accord bilatéral sur la reconnaissance mutuelle des diplômes constitue un pas important pour l'intensification des échanges scientifiques et académiques. En outre, un grand nombre de programmes de double diplôme sont mis en oeuvre par des universités françaises et russes, de nombreux étudiants français viennent en Russie. Un « projet croisé » est prévu pour 2018 - l'année des langues russe et française, ainsi que des littératures française et russe. Le domaine touristique témoigne aussi du développement actif, bien que la destination française reste toujours beaucoup plus populaire parmi les russes que la destination russe parmi les français. Nous croyons que c'est une source importante pour la préservation et le renforcement de l'intérêt mutuel entre nos peuples.

Ainsi, l'Année du tourisme culturel en 2016-2017 a marqué une démarche sans précédent dans nos relations bilatérales. Des projets communs de cette nature dévoilent de nouvelles facettes de réciprocité entre nos pays et favorisent l'épanouissement de contacts amicaux dans d'autres domaines. Selon les résultats officiels des 9 mois de 2017, la croissance du tourisme français vers la Russie s'est élevée à 9,5%, et le taux de russes venant en France en tant que touristes a augmenté de 29,8% par rapport à la même période l'année passée . Ceci sans doute a été favorisé par des projets culturels communs tels que : « Icônes de l'art moderne. La collection Chtchoukine » à la Fondation Louis Vuitton (Paris), « Saint-Louis et les reliques de la Sainte-Chapelle » aux Musées du Krémlin, « Les voix du musée imaginaire d'André Malraux » au Musée des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou), « Pierre le Grand, un tsar en France. 1717 » au Château de Versailles et Congrès international pétrovien (Paris, Reims).

L'ouverture du Centre orthodoxe spirituel et culturel russe à Paris est devenue une sorte de regard vers l'avenir . Ce centre devra faire partie d'un « parcours russe à Paris ». Une des places de la ville au bord de la Seine porte le nom de Stalingrad en commémoration de la défaite des troupes fascistes au cours de la bataille sur la Volga. Les rives de la Seine sont reliées par le pont Alexandre III, un hommage français au fondateur de l'Union franco-russe. L'avenue Franco-russe, ainsi nommée en 1911 en souvenir de la visite de Nicolas II à Paris, mène aujourd'hui à une nouvelle église orthodoxe à Paris.

Nous considérons la dimension humanitaire et culturelle de la coopération bilatérale comme un moyen important de surmonter les crises dans la politique européenne à travers le renforcement du dialogue entre les citoyens des deux États, y compris, notamment, la mise en oeuvre d'un régime sans visas entre les deux États en tant qu'une tache pratique . Les politiciens et les parlements de la Russie et de la France sont appelés à encourager ce dialogue au lieu de barrer sa route avec des obstacles artificiels qui seront inévitablement détruits par l'Histoire elle-même.

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