CONCLUSION

Comment savoir si l'innovation de défense sera plus qu'un effet de mode ? Quels seront les signes du succès ?

La réponse est relativement simple. Le succès sera au rendez-vous en fonction de :

- l'utilisation de l'innovation dans les opérations,

- la satisfaction des utilisateurs finaux,

- l'efficience sur les terrains d'OPEX,

- la reconnaissance de l'AID pour ce qu'elle doit devenir : un moteur de l'innovation tous azimuts du ministère des armées, cassant les silos, les rigidités, introduisant de la souplesse, de l'agilité, de la porosité au service des usagers de l'innovation de défense, nos militaires.

Ce succès ne sera toutefois satisfaisant que si l'innovation de défense s'inscrit dans le temps, si elle devient l'avantage stratégique de demain qui mobilise aujourd'hui les moyens humains et financiers du ministère des armées. Pour cela, l'État doit être stratège , il doit planifier, réaliser innovation et infléchir la norme. Il doit également créer l'instance de prospective technologique qui manque aujourd'hui.

Cela implique de répondre à une question difficile : comment l'armée peut-elle exprimer le besoin de demain ? Trois LPM, une loi renseignement, une multitude d'instances de réflexion 58 ( * ) n'ont pas empêché que le tournant de l'Intelligence artificielle ne soit pas pris. Faire travailler toutes les instances de prospectives ensemble, en utilisant les données remontées du terrain, pour définir, si ce n'est une politique industrielle, les grandes orientations de l'innovation de défense de demain est un impératif.

Dans cette perspective, il serait souhaitable que le Conseil de l'innovation 59 ( * ) consacre au moins une de ses réunions annuelles à l'innovation de défense.

Sa réunion de décembre 2018 a permis de décider de nouvelles collaborations entre les politiques d'innovation civile et de défense, la création d'une task force entre la Direction générale des entreprises (DGE) et l'AID, ainsi que l'engagement d'une démarche du même type entre la Direction générale de la recherche et de l'innovation (DGRI) et l'Agence pour l'innovation de défense.

Trois objectifs ont été fixés lors de cette réunion :

- la maîtrise des cycles courts pour intégrer au plus tôt des innovations issues du monde civil, (ils font l'objet d'une présentation plus détaillée en annexe),

- le maintien de l'effort sur des usages technologiques spécifiques à la défense dans des domaines tels que l'optronique, la guerre électronique, l'artillerie du futur, le successeur du char Leclerc, les drones de surveillance armés,

- et la détection précoce et le soutien aux innovations à maturation longue, porteuses de rupture pour le système de défense à horizon 2030.

Face à ces enjeux, votre commission souhaite que des échéances précises, des jalons, et des indicateurs de performance soient définis et présentés régulièrement au Parlement. Votre commission sera particulièrement attentive à ce que les politiques menées soit à la hauteur des attentes que suscitent les annonces sur l'innovation de défense.


* 58 CICDE, DGRIS, IRSEM, CATOD.

* 59 Le conseil de l'innovation est composé du ministre de la Transition écologique et solidaire, de la ministre des Armées, du secrétaire d'État au Numérique et du ministre de l'Action et des Comptes publics. Bpifrance et l'agence nationale de la recherche (ANR), en tant qu'opérateurs de dispositifs de soutien à l'innovation, assistent aussi aux réunions du conseil de l'innovation. L'expertise et la vision du conseil de l'innovation doit être renforcée par la participation de six personnalités qualifiées issues des domaines de la recherche, de l'industrie, du capital-innovation, de l'entrepreneuriat, et de l'économie de l'innovation : Eric Carreel (Withings), Isabelle de Crémoux (présidente du directoire de Seventure partners), Jean-Michel Dalle (DG d'Agoranov), Marie Meynadier, (chercheuse - DG d'EOS Imaging), Benoît Potier (PDG d'Air Liquide) et Isabelle Ryl (déléguée aux transferts et aux partenariats industriels de l'INRIA).Le Conseil de l'innovation a pour but de rénover la gouvernance des politiques d'innovation en impliquant des personnalités qualifiées de haut niveau et en favorisant la coordination des différentes politiques ministérielles. Il a notamment pour mission de choisir les grands défis financés par le Fonds pour l'innovation et l'industrie, dotés de l'ordre de 30 millions d'euros chacun.

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