B. LA TRANSFORMATION DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC

La feuille de route précise ensuite que la poursuite des cinq objectifs prioritaires suppose d'amplifier la transformation des offres et de faire évoluer le pilotage du secteur audiovisuel public.

Cette transformation doit s'appuyer sur quatre orientations principales :

- anticiper l'évolution des technologies et des usages, à commencer par la consommation croissante de contenus délinéarisés. La feuille de route prévoit ainsi de « réorienter de manière volontariste des moyens vers le numérique » . Par rapport à 2017, 150 M€ supplémentaires seront redéployés dans le numérique à horizon 2022 ;

- multiplier et approfondir les synergies au sein de l'audiovisuel public. La feuille de route prévoit qu' « à l'image de franceinfo, Lumni ou Culture Prime, les coopérations éditoriales seront renforcées pour proposer au public une offre de contenus mieux identifiée et plus puissante » ;

- faire évoluer l'ensemble des offres pour garantir la meilleure adéquation entre les missions du secteur audiovisuel public d'une part, les usages et les attentes des Français d'autre part. Cette évolution doit permettre, selon la feuille de route, de « faire rayonner les missions cardinales du service public sur un bouquet d'offres linéaires et numériques puissant et plus complémentaire » . La feuille de route mentionne ensuite les différentes plateformes en fonction des usages (plateforme de Radio France pour les contenus sonores ; France.tv pour les contenus vidéos ; Madelen pour les contenus patrimoniaux ; TV5 Monde + à l'international) ;

- associer le secteur audiovisuel public à l'effort collectif de réduction des dépenses publiques . La feuille de route réaffirme l'objectif de contribution du secteur au redressement des finances publiques de 190 M€ dont 160 M€ portés par France Télévisions, 20 M€ par Radio France et 10 M€ par les autres organismes.

Le rapporteur partage pleinement le souci exprimé dans la feuille de route de conduire une profonde transformation numérique. Il regrette néanmoins le décalage entre l'expression d'une forte volonté et la faiblesse des moyens et des objectifs . Le montant de 150 M€ redéployés dans le numérique demeure modeste par rapport aux moyens dont disposent les plateformes américaines et aucune répartition de cette enveloppe n'est fournie. Concernant les coopérations éditoriales, la feuille de route indique qu'elles seront renforcées mais ne donne aucune indication sur les nouveaux projets qui pourraient être lancés.

Enfin, la liste des différentes plateformes existantes illustre tout autant la dispersion des moyens que le souci d'adapter l'offre aux usages . La feuille de route prend acte du fait que les différentes entreprises ont développé séparément leur propre plateforme sans aucune concertation pour considérer qu'il pourrait s'agir d'une offre adaptée aux attentes des Français. Le rapporteur estime qu'il aurait été plus ambitieux d'exiger de ces entreprises une plus grande intégration de leurs offres afin, par exemple, de réunir les plateformes TV5 Monde+, Madelen et France.tv . Le rapporteur remarque par ailleurs que la feuille de route n'évoque pas le projet de plateforme payante Salto développée par France Télévisions avec TF1 et M6 qui constitue pourtant un pari dont l'issue incertaine pourrait influencer grandement l'avenir du groupe de télévision publique. Interrogée sur ce sujet, la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) a estimé que l'offre Salto ne constituait pas une offre de service public mais relevait d'une politique de diversification . Le rapporteur ne peut à nouveau que regretter que France Télévisions ait - du fait de son déficit d'expertise technologique - dû renoncer à constituer une véritable offre de service public délinéarisée.

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