II. UNE PALESTINE MORCELÉE ET DIVISÉE, EN PROIE À LA DÉSESPÉRANCE

A. UNE AUTORITÉ PALESTINIENNE QUI DÉPLORE L'ARRÊT DU PROCESSUS DE PAIX ET LES ATTEINTES À LA VIABILITÉ D'UNE SOLUTION À DEUX ÉTATS

De la tournée du Président Joe Biden en Israël, Cisjordanie et Arabie Saoudite de juillet 2022, le Premier ministre de l'Autorité palestinienne disait ne rien attendre pour relancer le processus de paix entre Israël et les Territoires palestiniens. En effet, si le Président américain avait rappelé son attachement à la solution à deux États, c'était pour aussitôt ajouter que « le terrain n'est pas mûr » pour relancer les discussions.

Du point de vue palestinien, cette absence d'engagement américain est interprétée comme le signe que les États-Unis ne sont porteurs d'aucune initiative pour relancer un processus politique de résolution du conflit israélo-palestinien.

Selon le Premier ministre, les Palestiniens n'ont pas attendu les accords d'Abraham puisqu'ils sont les premiers, après l'Égypte, à avoir lancé un processus de normalisation depuis 1993 avec les accords d'Oslo. L'autorité palestinienne est prête à un accord de paix à la condition d'un retrait israélien des territoires palestiniens occupés en application du même principe « la terre contre la paix » qui a prévalu à la conclusion du traité de paix israélo-égyptien avec le retrait du Sinaï.

Plus largement, la partie palestinienne déplore les atteintes à la viabilité d'une Palestine indépendante que sont :

· la poursuite de la colonisation (environ 690 000 colons résident illégalement dans les territoires occupés, contre 200 000 pendant la période des accords d'Oslo) ;

· la poursuite des expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, notamment dans le quartier de Cheikh Jarrah ;

· l'accaparement de terres palestiniennes en zone C à des fins agricoles, de terrains militaires ou de parcs naturels ;

· les restrictions de circulation et la discontinuité territoriale des zones A et B (seule la zone C sous contrôle israélien constitue une bande de terre continue).

La délégation a retenu des échanges avec le Premier ministre de l'Autorité palestinienne que la France et l'Union européenne pouvaient agir sur trois leviers :

· empêcher Israël de détruire la solution à 2 États en stoppant la colonisation, en garantissant le statut de Jérusalem et en assortissant de sanctions sérieuses le respect de ces objectifs ;

· obliger Israël à respecter les accords conclus en matière sécuritaire, financière et territoriale ;

· aider la Palestine en reconnaissant sa qualité d'Etat souverain sur les frontières de 1967 et de membre à part entière de l'ONU.

Enfin, le sentiment d'être les victimes d'un « deux poids, deux mesures » pratiqué par les pays occidentaux demeure d'autant plus tenace que le soutien à l'Ukraine a été immédiat et suivi d'effets. La même mobilisation n'est pas observée quant au respect du droit international applicable à la Palestine pour empêcher la colonisation, pour définir le statut de Jérusalem et pour reconnaitre l'État de Palestine dans ses frontières de 1967.