IV. ORGANISER LE PILOTAGE POLITIQUE DE LA STRATÉGIE DE LA FRANCE POUR L'INDOPACIFIQUE

Les priorités stratégiques et les modalités d'action de la stratégie indopacifique française posent questions. Quels sont les champs d'action à mettre en avant : faut-il parler de sécurité et défense, de développement économique ou de défense de l'environnement ? Quelles devraient être les modalités d'intégration économique régionale des territoires ultramarins : doivent-elles aller jusqu'à Singapour ou rester dans le Pacifique Sud ? Comment concevoir un agenda de progression des objectifs français en Indopacifique qui ne soit pas dicté par une vision politique centralisée ?

S'il est normal que chaque opérateur et chaque diplomate ait un prisme propre au secteur ou au pays dans lequel il exerce son action, un réel manque de lisibilité de la mise en oeuvre de la stratégie de la France pour l'indopacifique est apparu. L'activité des opérateurs n'est pas toujours connue des services des ambassades. Ils en sont normalement informés mais ne peuvent pas toujours garantir la cohérence des actions menées par les différents opérateurs, ou leur visibilité.

4 secrétaires d'État pour décliner de façon concrète la stratégie indopacifique et piloter ses opérateurs

L'intervention de l''AFD, un acteur historique de l'Indopacifique, doit être interrogée. Elle continue d'accompagner les DROM COM dans leur développement économique, social et environnemental grâce à l'adoption de la stratégie 3 Océans en 2019, qui vise à renforcer le rayonnement des territoires ultramarins français dans leur bassin d'appartenance (bassins Atlantique, Pacifique et Indien). Il faut mettre en place une nouvelle organisation, favorisant l'ancrage des DROM-COM qui devraient bénéficier de modalités de financement identiques à ceux mis en oeuvre pour les collectivités territoriales par la Caisse des dépôts et consignations.

L'AFD intervient dans 7 des 10 pays de l'ASEAN : Cambodge, Birmanie, Indonésie, Laos, Philippines, Thaïlande et Vietnam. Elle anime de fait le volet dédié au développement économique de la stratégie française pour l'Indopacifique. Son poids dans la stratégie indopacifique augmente avec sa participation au Forum ministériel pour la coopération dans l'indopacifique et à l'initiative de rassemblement des banques de développement de l'indopacifique. Or, la question du pilotage politique de cet opérateur se pose fortement.

Pour résoudre ces difficultés, il faut nommer sur chacune des 4 zones de l'Indopacifique des secrétaires d'État dédiés. Ils seraient l'interlocuteur politique que réclament les territoires français de l'Indopacifique. Il leur reviendrait d'animer l'action des services et opérateurs dans le secteur géographique concerné, de prendre les arbitrages politiques nécessaires, d'impulser et de favoriser les coopérations entre zones de l'indopacifique pour faire progresser les politiques d'intégration régionale des territoires français, de protection du climat et de la biodiversité, de renforcement du multilatéralisme et de promotion des valeurs d'État de droit de protection des droits humains. Enfin, ces secrétaires d'État devraient avoir une feuille de route publique, énumérant des objectifs quantifiés, dans un calendrier et avec des moyens donnés.

Ces nominations permettraient également de répondre au désir de France qu'expriment les pays riverains de l'Indopacifique (en 2022, le Vanuatu a reçu une visite officielle de haut niveau pour la première fois depuis 29 ans !), de multiplier les participations de haut niveau aux différentes fora de la zone, et d'incarner la priorité donnée par la France à l'Indopacifique.

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