CONCLUSION

La délégation a recueilli au cours des deux semaines passées en Polynésie française, une multitude d'informations et une perception des réalités locales trop souvent difficiles à comprendre depuis la Métropole. Trois notions s'imposent : l'éloignement, l'insularité, la diversité, que traduisent quelques chiffres significatifs.

L'éloignement : 18 000 kms de la Métropole (près de 23 heures de vol avec les appareils les plus modernes). L'insularité : 4 000 km2 de terres émergées, 5 millions de km2 de zone économique, 118 îles dont 70 sont habitées qui présentent les avantages, mais aussi tous les inconvénients propres à cet état, entre autres l'isolement. La diversité des archipels, enfin, dont les conditions climatiques, géographiques, économiques, et même sociales et culturelles ne sont pas identiques.

Malgré cela, les cinq archipels forment un ensemble dans l'immensité Pacifique où tant d'intérêts communs actuels et potentiels les rassemblent, dominant ce qui les disperse.

A l'écoute des nombreuses autorités rencontrées lors de la mission qui lui était dévolue, la délégation a tenté de comprendre et de coordonner les réactions suscitées par le projet de réforme statutaire. Réactions différentes, parfois contradictoires, par moment passionnées selon l'appartenance politique ou géographique des interlocuteurs, mais toujours intéressées par le désir de s'exprimer, et peut-être de s'épancher.

Il a semblé, cependant, que le principe d'une autonomie élargie était rarement contesté, comportant une large gamme de nuances, entre ceux qui n'en ressentent pas l'urgence, jusqu'à ceux que tenteraient les limites de indépendance. Les indépendantistes convaincus n'ayant pu être entendus, ayant délibérément refusé toute rencontre avec la délégation.

Il demeure que la délégation a pu mesurer les efforts accomplis pour donner à la Polynésie française un PIB élevé en comparaison d'autres archipels du Pacifique, tels les Fidji ou les îles Cook. Peuvent y concourir l'émergence de nouvelles activités économiques et le développement, par de meilleures structures, des activités traditionnelles.

Mais, soyons conscients que rien ne pourra se faire d'emblée. Les obstacles sont là, nombreux, divers, qu'il s'agisse pour le foncier, du difficile passage du droit coutumier au droit écrit, qu'il s'agisse de « l'après CEP » et de l'évolution d'une économie de rente à une économie de production, qu'il s'agisse de l'application de la loi d'orientation et du contrat de développement conclu en mai 1994.

Tant d'obstacles ne sont pas insurmontables si l'on juge que la Polynésie française peut et doit épouser son temps et d'abord dans l'ensemble du Pacifique où elle est insérée.

Ceci implique des responsabilités accrues par une plus grande autonomie, seule capable de permettre à cet ensemble territorial de prendre en main son destin et de mieux percevoir l'avenir de son développement institutionnel, économique, culturel et social.

Une plus grande autonomie au sein de la République, signifie que l'Etat reste garant d'une évolution équilibrée, passant de l'assistance à l'aide et enfin au concours.

C'est ce que tente de proposer la refonte globale du statut de la Polynésie française.

Enfin qu'il soit permis à la délégation du Sénat, de remercier avec chaleur les services de l'Etat, qui avec une grande diligence et une parfaite efficacité, ont permis une organisation parfaite de ce déplacement, mais aussi de remercier l'ensemble des interlocuteurs rencontrés, qui par la qualité de leur accueil, l'intérêt qu'ils ont manifesté, n'ont pas démenti l'hospitalité traditionnelle et légendaire de la Polynésie française, et ont ainsi permis l'harmonieuse conjoncture de la Paix polynésienne et de la Paix française.

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