VII. LA VEILLE SANITAIRE, DOTÉE DE MOYENS INSUFFISANTS, N'EST PAS ASSEZ COORDONNÉE NI PERFORMANTE

La conduite d'une politique de santé repose sur l'existence d'un réseau de veille sanitaire organisé et performant.

En effet, les systèmes de vigilance, qui concernent tous les produits réglementés, ne suffisent pas. S'ils participent à la surveillance des effets indésirables liés à l'administration ou à l'absorption de ces produits, et permettent à l'autorité administrative de réagir en modifiant, le cas échéant, la réglementation relative à ces produits, ils ne contribuent pas à la détection de tout événement imprévu affectant la santé de la population, quelle qu'en soit l'origine.

C'est pourquoi il est indispensable que les pouvoirs publics mettent en place des structures qui assurent la détection de tout événement imprévu, anormal, avant qu'il soit complètement apparu ou dès son apparition.

Il est également indispensable d'assurer le tri et l'exploitation des informations relatives à ces événements et d'alerter les pouvoirs publics en temps utile afin d'empêcher que ces événements se reproduisent ailleurs ou plus tard.

Trop longtemps, la France a négligé cette fonction de veille sanitaire pourtant indispensable à la conduite d'une politique de santé.

Un progrès sensible a été réalisé avec la création, en 1992, du Réseau national de santé publique (RNSP). Mais celui-ci, malgré l'augmentation de 50% de sa dotation budgétaire pour 1997, dispose de peu de moyens et il prend sa place parmi une multitude d'organismes susceptibles d'accomplir une mission de veille sanitaire, organismes qui ne sont pas suffisamment coordonnés et qui ne participent pas véritablement à des procédures d'alerte organisées.

A. LA CRÉATION DU RÉSEAU NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE : UN PROGRÈS INSUFFISANT

Le Réseau national de santé publique a été créé en 1992 sous la forme d'un groupement d'intérêt public constitué entre l'Etat, l'INSERM et l'Ecole nationale de santé publique pour renforcer le dispositif d'épidémiologie d'intervention en France. Ses missions principales consistent en la surveillance épidémiologique, l'évaluation des risques en matière de maladies infectieuses et de maladies d'origine environnementale.

Sa fonction de surveillance l'a amené à s'intéresser à la tuberculose, à la coqueluche, à l'hépatite C, au Sida, mais aussi au saturnisme, à la toxoplasmose, aux maladies à déclaration obligatoire, à la rougeole, aux MST et à la pollution atmosphérique.

A ce titre, il gère des systèmes d'information sanitaire et anime des réseaux de professionnels de santé. Ainsi, 500 médecins généralistes bénévoles (" réseaux sentinelles ") collaborent avec le Centre de coordination du Réseau national de santé publique. Ces médecins, répartis sur l'ensemble du territoire national, procèdent à une déclaration télématique hebdomadaire afin de déclarer le nombre de cas constatés pour certaines maladies (grippe, varicelle, oreillons, hépatite...).

Le Réseau national de santé publique est structuré en trois unités, l'unité des maladies infectieuses, l'unité santé-environnement et l'unité des systèmes d'information et de la communication.

Ses activités sont réalisées, soit en interne grâce aux personnels du réseau, soit par des organismes extérieurs particulièrement compétents dans le domaine faisant l'objet de l'investigation et avec lesquels le Réseau national de santé publique passe des conventions.

Les résultats des enquêtes menées par le Réseau national de santé publique font, selon les cas, l'objet d'une transmission à l'administration de la santé. La convention liant le Réseau national de santé publique et la Direction générale de la santé prévoit en effet que le Réseau national de santé publique informe l'administration des résultats de la gestion des données des maladies à déclaration obligatoire. Les résultats de ces enquêtes peuvent également être publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, diffusé par le ministère de la santé.

Les moyens dont dispose le Réseau national de santé publique depuis sa création sont en constante augmentation : ses effectifs sont passés de quatre ou cinq personnes en 1993 à trente cinq personnes environ aujourd'hui.

Même si les dimensions des Etats-Unis et de la France ne sont pas comparables, il convient de comparer ces trente-cinq personnes avec les quelque 10.000 employés des Centers for Disease Control and prevention qui constituent le modèle ayant inspiré la création du Réseau national de santé publique. Il faut aussi comparer les quelque 52 millions de francs dont dispose le Réseau national de santé publique et les 2 milliards de dollars qui constituent le budget annuel du CDC.

De même, les missions du Réseau national de santé publique, essentiellement orientées vers la surveillance des maladies infectieuses, ne peuvent traduire l'ambition d'un véritable réseau de veille sanitaire destiné à détecter tout événement concernant la santé de la population, quelle qu'en soit l'origine
.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page