2. Des marchés difficiles

a) La langue

Plus que tout autre partie du monde, le lancinant débat entre la langue et le message connaît une acuité particulière en Asie.

Celle de la communication et des affaires est, dans ces pays, incontestablement, l'anglais. Contrairement à une idée répandue, elle n'est cependant parlée ou comprise que par une minorité de personnes, qui l'utilisent avant tout pour le commerce. Le français est donc très peu utilisé. Par ailleurs, les programmes des chaînes nationales en Asie orientale sont avant tout nationaux. La plupart de ces pays ont même adopté une législation imposant aux diffuseurs - dans les licences autorisant l'émission - un quota d'oeuvres nationales, mais cette contrainte est, la plupart du temps, superflue.

Avec courage, le rapport Balle a cité la langue parmi les contraintes de l'action audiovisuelle extérieure " qui ne permet pas d'accéder aux marchés les plus dynamiques " et " impose de prévoir des moyens de diffusion mondiaux, couvrant tous les continents quand bien même la taille des communautés francophones est extrêmement réduite " 9( * ) , ce qui est hélas le cas pour l'Asie.

Les diffuseurs présents dans cette région devraient utiliser trois vecteurs linguistiques selon la nature de l'émission :

- pour la reprise des journaux nationaux français, et pour les émissions destinées aux communautés françaises de ces pays, notre langue et la langue locale sous-titrée,

- pour les émissions pédagogiques et linguistiques, le français avec la langue locale,

- pour les émissions d'information spécialisée sur un sujet économique, l'anglais,

- pour un documentaire d'information générale destiné à présenter notre pays, la langue locale.

b) Les obstacles politiques

Il faut enfin tenir compte du contexte politique qui n'est pas toujours favorable à la diffusion directe de programmes, à la coproduction ou au développement des échanges. Il est donc illusoire, même à moyen terme, de tenter une diffusion directe de TV5, ou d'un bouquet de programmes européens, sur certains marchés, comme la Chine ou la Birmanie. Tout au plus peut-on y espérer la diffusion sur le câble dans les quartiers diplomatiques ou dans les grands hôtels.

Dans certains pays de la région, la censure est autant politique que morale . Ainsi, au Vietnam, les réseaux câblés seraient-ils prêts à reprendre TV5, sous réserve d'un mois de délai, nécessaire au visionnage des émissions par la censure. Par ailleurs, à Singapour, une émission du jeu télévisé " Fort Boyard " a été jugée " quasi-pornographique "...

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