2. La fiabilité des inventaires affaiblie par le manque de moyens

Elaboration de l'inventaire des sites par les CSRPN

Dès 1993, une circulaire du Ministère de l'Environnement recommandait de s'appuyer sur les données recueillies dans le cadre de l'inventaire ZNIEFF pour que le Secrétariat Faune Flore du Museum National d'Histoire Naturelle élabore rapidement une liste de sites se rapportant aux annexes I et II de la directive 92/43/CEE Habitats.

Les directeurs régionaux de l'environnement (DIREN) étaient chargés d'évaluer l'importance relative de ces sites en sollicitant l'aide du CSRPN, pour assurer la validité scientifique de l'inventaire.

L'article 3 du décret n° 95-631 du 5 mai 1995 relatif à la conservation des habitats naturels confirme que l'inventaire des sites abritant les habitats ainsi que les espèces animales et végétales figurant aux annexes I et II de la directive est réalisé par le Conseil scientifique régional du patrimoine (CSRPN).

Mise en cause de la pertinence scientifique des propositions des CSRPN

En réalité, faute de temps et de moyens financiers les travaux scientifiques préalables indispensables n'ont pas pu être réalisés. Il n'y a pas eu réellement élaboration d'un outil méthodologique commun à tous les CSRPN et permettant de garantir une unité effective dans la méthode de sélection des sites.

Faute de disposer d'une cartographie précise établie préalablement au travail d'inventaire et dont dispose par exemple l'Espagne, ainsi que d'un référentiel précis des habitats, nombre de CSRPN ont fait fait preuve d'un zèle qu'on peut juger excessif ou d'une trop grande prudence en désignant des sites aux périmètres très larges, par le biais des enveloppées de référence et en refusant d'appliquer le principe de l'exemplarité dans le choix des sites, afin de ne rien oublier.

D'une région à l'autre les choix n'ayant pas été opérés selon les mêmes critères, les résultats ont révélé beaucoup d'incohérences. Ainsi le périmètre jugé indispensable pour protéger un habitat de chauve-souris pouvait-il varier du simple au double d'un site à l'autre.

Certains sites ont été désignés sur la foi de documents erronés ou périmés alors que l'espèce ou l'habitat à protéger avait en réalité disparu depuis plusieurs années.

A l'inverse, sans raison objective, des sites importants au titre de la biodiversité n'ont pas été retenus.

En définitive, sur la base des travaux des CSRPN, le Ministère de l'Environnement avait retenu, en avril 1996, pour les soumettre à concertation, 1.316 sites couvrant 7.000.000 hectares soit 13 % du territoire. Dans certaines régions présentant une grande richesse au titre de la biodiversité les surfaces des sites proposés étaient très importantes allant jusqu'à couvrir 30 % du territoire.

RÉPARTITION DES SITES DANS CERTAINES RÉGIONS

Centre

48

621.000 ha

Languedoc-Roussillon

101

798.000 ha

Provence-Alpes-Côte d'Azur

103

1.232.000 ha

Rhône-Alpes

128

1.047.000 ha

Compte tenu de l'expérience malheureuse des ZNIEFF, les autorités politiques locales ainsi que les acteurs économiques du monde rural, qu'ils soient propriétaires ou ayants droit, ont eu le sentiment que les autorités en charge de l'environnement malencontreusement associées aux associations de protection de la nature tentaient d'obtenir par la force un droit de regard et d'intervention sur une partie importante du territoire.

Ce sentiment était d'autant plus fort que la concertation n'a pas été organisée dès le début de la phase des inventaires.

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