C. UNE MAUVAISE STRATÉGIE EN MATIÈRE DE CONCERTATION

1. L'absence quasi totale de concertation

La non-consultation des acteurs du monde rural

On peut en effet déplorer que l'article 2 du décret n° 95-631 du 5 mai 1995 relatif à la conservation des habitats naturels n'ait pas été réellement appliqué. Il prévoyait que le préfet installe une conférence régionale d'information et d'échanges désignée sous le nom de Conférence Natura 2000, réunissant " notamment les préfets de départements, les services et établissements publics de l'Etat, les représentants des collectivités régionales, départementales et locales, les organismes publics ou privés, les organisations représentatives des autres usagers du milieu naturel et les associations de protection de la nature . "

Il était prévu d'associer cette Conférence Natura 2000 à chaque étape d'élaboration de l'inventaire, notamment en l'informant des propositions de sites formulées par le CSRPN, et de la proposition de liste nationale établie par le Ministre de l'Environnement sur proposition du Museum national d'Histoire naturelle et après avis du Conseil national de protection de la nature.

Il semble bien, selon les informations recueillies, que ces conférences régionales n'aient jamais réellement fonctionné faute d'avoir été effectivement fréquentées par ceux qui devaient en être membres. L'information des acteurs du monde rural s'est donc faite tardivement, alors même que la diffusion des informations à cette structure tout au long de la procédure de désignation des sites aurait certainement permis d'éviter beaucoup de malentendus et empêcher certains de se livrer à de la désinformation.

Il convient de noter que dans certains endroits, la concertation a bien fonctionné en amont et a permis d'aboutir à des propositions qui n'ont pas été contestées : la composition du CSRPN a été élargie aux représentants des acteurs du monde rural- agriculteurs, forestiers, chasseurs et pêcheurs- et de telles structures élargies ont ainsi fonctionné avec succès en Champagne-Ardennes, Lorraine et Rhône-Alpes.

Un mauvais choix en ce qui concerne la consultation des collectivités locales

Le décret n° 95-631 du 5 mai 1995 relatif à la conservation des habitats naturels ne prévoit, dans son article 6, que la seule consultation des maires des communes concernées et seulement sur la liste des sites élaborée au niveau national.

Il s'agit d'un très mauvais choix, d'une part, parce que cette demande d'avis intervient trop tardivement et ne laisse, en réalité, aucune possibilité d'obtenir des modifications car la procédure est alors quasiment achevée.

D'autre part, l'article 6 ne prévoit que la seule consultation des maires et non pas celle des conseils municipaux. Or, vu l'importance des enjeux, il était indispensable que ce soit le conseil municipal dans son ensemble qui soit tenu informé et se prononce sur la liste des sites envisagés.

Il faut également déplorer que, faute de services extérieurs au niveau départemental, le ministère de l'environnement s'est parfois heurté à la passivité, voire l'hostilité des structures administratives déconcentrées. Le résultat de ces querelles internes fut la mauvaise organisation de la consultation des élus locaux.

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