2. Les exportations de fruits et légumes par la Communauté : une politique à reconsidérer

Depuis 1986, date d'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté, la valeur des échanges de fruits et légumes en Europe augmente régulièrement. En fruits, l'élargissement a permis à l'Union d'améliorer son taux de couverture, qui reste inférieur à 50 %. En légumes, en revanche, il aurait plutôt diminué tout en demeurant à un niveau élevé (85 %).

De 1986 à 1994 l'Union européenne a abandonné environ 2 % de parts de son marché aux pays tiers , la mise en oeuvre des accords du GATT ayant imposé une limitation des aides à l'exportation vers les pays tiers, sous forme notamment de restitutions. Cette limitation affecte tant les volumes que le montant total des aides. Pour s'assurer du bon respect de ces règles, ont été institués au niveau communautaire les certificats à l'exportation .

Jusqu'à la mi-96 , deux sortes de certificats coexistaient, le A et le B : le premier était établi avant l'exportation et comportait une fixation à l'avance de la restitution, le second était délivré après exportation, l'opérateur prenant alors le risque de ne pas bénéficier de restitutions. Le choix entre les deux systèmes était opéré par l'exportateur.

Les autorités communautaires ont souhaité modifier le certificat A au profit d'un système d'adjudications . L'exportateur qui demande le moins de restitutions, estimant ce montant suffisant pour emporter le marché visé, obtient alors ces aides. Aussi, l'opérateur doit assumer le risque financier pris.

Ce système d'attribution des restitutions est expérimenté au titre du règlement 2190/96 depuis le mois de novembre 1996 sur les pommes.

La Commission a souhaité étendre ce nouveau système aux oranges et instaurer une différenciation des taux de restitution accordées selon la destination géographique au début de l'année 97.

Si ce dispositif crée, certes, une véritable émulation à l'exportation entre opérateurs, il provoque une baisse des restitutions par rapport au niveau actuel.

Votre commission tient à souligner deux conséquences fâcheuses d'une telle réglementation à moyen terme. D'une part , si le projet était mis en place tel qu'il est envisagé, les entreprises devraient alors réviser leur stratégie. Une restructuration dans le secteur serait alors largement prévisible, les entreprises disposant soit d'un capital important, soit d'une large gamme de produits, pouvant alors s'autoriser à " casser " les prix sporadiquement.

D'autre part , on est en droit de s'interroger sur le maintien de la capacité des entreprises françaises à exporter sur des destinations lointaines. La fixation d'un taux d'aide garanti pour ces pays lointains serait opportune. Sur des destinations proches, comme la Suisse ou les pays de l'Est, le groupe de travail estime que ce système d'adjudication pourrait convenir.

Dans ce débat, le groupe de travail souhaite que les opérateurs pouvant bénéficier de restitutions soient agréés et que la cessibilité des certificats d'un exportateur à un autre soit interdite.

Le prochain comité de gestion, prévu le 19 juin prochain, devrait examiner ce dossier et, sinon prendre une décision définitive, au moins décider d'une période transitoire durant laquelle l'actuel mécanisme pourrait continuer à s'appliquer.

La politique de la Commission en matière d'exportation est sujet à critique. En effet, en 1995/1996, l'Union européenne n'a accordé de restitutions à l'exportation que pour 82.230 tonnes de pommes alors que l'ensemble des exportations vers les pays tiers s'est élevé à environ 450.000 tonnes. En outre, le montant des restitutions accuse une baisse par rapport à 1994/1995. Cette baisse en volume des restitutions et de leur montant unitaire s'est accompagnée de la mise en place d'un système complexe tendant à accélérer leur baisse.

Votre commission souhaite, en raison de la politique menée par les autorités communautaires, que d'autre moyens de soutien des exportations de fruits et légumes soient explorés en vue d'accroître les débouchés sur les marchés des pays tiers.

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Votre commission considère donc que la mise en place de cette nouvelle réglementation communautaire est une véritable opportunité pour le secteur " fruits et légumes ".

Elle souhaite, d'une part, pour permettre à la filière d'affronter les défis de l'an 2000, que des conditions tenant à la fois à l'organisation économique et à la transparence du secteur soient respectées. D'autre part, elle souligne la nécessité de revoir rapidement la politique commerciale menée par la Communauté européenne vis-à-vis des pays tiers.

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