UNE CRISE QUI N'A PAS ÉTÉ TRAVERSÉE DE FAÇON IDENTIQUE PAR TOUS LES ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT

Il est possible de distinguer les différents établissements de crédit en fonction des critères juridiques tirés de la loi bancaire. On distingue alors six groupes qui sont :

- les " banques " qui, entre autres caractéristiques communes, sont toutes affiliées à l'Association française des banques, d'où leur nom de "banques AFB" ;

- les banques mutualistes ou coopératives ;

- les caisses d'épargne ;

- les caisses de crédit municipal ;

- les sociétés financières dans laquelle il convient de ménager une place à part aux maisons de titres ;

- les institutions financières spécialisées.

Mais il est également possible de reprendre la classification adoptée par la Commission bancaire sur la base de données économiques et qui distingue neuf grands groupes homogènes qui sont :

- les très grands établissements ou réseaux à vocation générale ;

- les grands établissements ou réseaux à vocation générale ;

- les établissements ou réseaux petits ou moyens à vocation générale ;

- les banques locales ou mixtes ;

- les établissements de financement spécialisés ;

- les établissements de marché ;

- les établissements de groupe, d'ingénierie ou de portefeuille ;

- les banques étrangères et enfin, les autres établissements ;

- les "autres établissements".

Que l'on utilise l'une ou l'autre de ces classifications, on doit constater que la crise n'a pas été traversée de la même façon par tous les établissements de crédit.

LA DIVERSITÉ DES RÉSULTATS FINANCIERS

Les tableaux ci-après mettent en évidence la diversité des résultats d'une catégorie à une autre, observés sur la période 1988-1993.

S'agissant tout d'abord du produit net bancaire , on constate que la part relative des banques dans ce solde de gestion a diminué légèrement, passant de 53,6 % à 50,1 %. Cette tendance s'est du reste confirmée en 1994, puisque cette part a été ramenée à 48,6 %. Cette diminution relative a bénéficié principalement aux banques mutualistes et aux caisses d'épargne dont la contribution au PNB du secteur est passée respectivement de 24,1 à 26,1 % et de 5,1 à 6,7 %. Cette évolution s'explique par des taux de progression du PNB très différents entre ces catégories. Ainsi, alors que le PNB des banques n'a progressé sur la période que de 26,7 %, cette progression a été de 46,7 % pour les banques mutualistes et de 76,8 % pour les caisses d'épargne.

Si l'on raisonne en termes de groupes homogènes, on constate une certaine stabilité dans les parts respectives des différents groupes, à l'exception toutefois des établissements de financement spécialisés qui ont accru leur part de 2,4 points et ont connu le taux de progression de leur PNB le plus élevé (+ 56,1 % contre 35,3 % en moyenne) suivis de près par la catégorie des banques étrangères (+46,2 %).

L'analyse des frais généraux montre, quant à elle, que les banques ont réussi à maîtriser leur évolution beaucoup mieux que les caisses d'épargne (+ 30, 8 % contre + 60,8 %), mais moins bien que les banques mutualistes (+ 23,9 %).

Par groupes homogènes, ce sont les grands moyens ou établissements qui ont le mieux maîtrisé l'évolution des frais généraux (+10,9 % contre 31,2 % en moyenne), ainsi que les banques locales ou mixtes. En revanche, les très grands établissements ou réseaux à vocation générale ont moins bien maîtrisé cette évolution (+31,2 %).

Dans ces conditions, l'évolution du résultat brut d'exploitation des banques (+ 8,6 %) a été beaucoup moins importante que celui des sociétés financières (+ 36,3 %), des banques mutualistes (+ 76,6 %) et des caisses d'épargne (+ 89,6 %). Par groupes homogènes ce sont les établissements de financement spécialisés qui ont connu l'évolution la plus favorable (+ 80,9 %) et les banques étrangères (+ 38 %), la moyenne s'établissant à une progression du RBE de + 33,5 %.

Après prise en compte des dotations nettes aux provisions et des pertes sur créances irrécupérables, ces évolutions apparaissent encore plus contrastées au niveau du résultat d'exploitation . En effet, celui des banques a diminué de 167 % alors que celui des banques mutualistes augmentait de 67 % et celui des caisses d'épargne de 206 %. Les autres catégories ont toutes enregistré une diminution nette de leurs résultats moyens d'exploitation.

Ce sont les établissements ou réseaux petits ou moyens à vocation générale ainsi que les banques locales ou mixtes qui ont enregistré la plus forte baisse du résultat d'exploitation (respectivement - 451 % et - 761 %). Les très grands établissements semblent avoir beaucoup mieux résisté à la crise puisque leur résultat d'exploitation n'a diminué que de 5,8 % contre 72 % en moyenne.

Enfin, on retrouve au niveau du résultat net ces mêmes évolutions. Les banques qui réalisaient en 1988 un résultat net de + 15,3 milliards, enregistraient en 1994 une perte de - 24 milliards. Dans le même temps, le résultat net des banques mutualistes est passé de + 5,9 à 8,3 milliards et celui des caisses d'épargne de 2,1 à 1,3 milliards de francs.

Économiquement, ce sont les établissements de marché et les très grands établissements qui ont le mieux résisté à la crise et les établissements petits ou moyens ainsi que les banques locales ou mixtes qui ont le moins bien résisté. Les banques étrangères ont du mal à asseoir la rentabilité de leurs investissements en France, ce qui prouve que le problème tient davantage aux caractéristiques du marché bancaire français, qu'à la gestion des banques françaises.

Ces éléments transparaissent clairement de l'analyse chiffrée qui suit.













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