C. LE POIDS DES CHARGES DE RETRAITES : UNE MENACE IMMÉDIATE POUR L'ÉQUILIBRE FINANCIER DE LA POSTE

Les agents de La Poste relèvent -à l'exception des 20 % de contractuels- du statut général des fonctionnaires (article 30 de la loi n°90-568 du 2 juillet 1990). Mais si l'État liquide leurs pensions de retraites ainsi que celles des anciens fonctionnaires de l'administration des Postes, l'opérateur en rembourse au Trésor public la contrepartie, à savoir, d'une part, la retenue 119( * ) sur le traitement des agents -dont le taux est fixé à 7,85 %- et, d'autre part, une contribution complémentaire qui permet la prise en charge intégrale des dépenses de pensions des postiers retraités . Les dépenses qui résultent du versement de leurs pensions de retraites sont donc intégralement à sa charge.

Or, la moyenne d'âge des postiers s'accroît rapidement. Alors qu'elle atteint 42 ans en 1997, elle augmentera, en moyenne annuelle, de 0,6 année d'ici à 2010. Il s'en suivra inévitablement une hausse du nombre de retraités. Des sommes énormes sont en jeu : en 1997, La Poste supporte déjà, déduction faite du montant des cotisations salariales au régime des pensions civiles, une charge financière de plus de 10 milliards de francs, pour un effectif de 145.000 retraités.

En raison d'une confiance excessive dans le caractère inébranlable du monopole, la loi " Quilès " de 1990 a laissé cette " épée de Damoclès " suspendue au dessus de La Poste. Cependant, à l'époque, le coût global pour l'employeur se situait à un niveau comparable à celui acquitté par les entreprises puisque le remboursement opéré était équivalent aux charges patronales de retraites. Ce n'est plus le cas aujourd'hui du fait de l'accroissement des effectifs de retraités et de la réduction des cotisants. Les chiffres en deviennent alarmants. C'est l'avenir des retraites des postiers qui est en jeu.

1. Une dépense en croissance rapide ...

Entre 1997 et 2015, le nombre des retraités de La Poste va croître de près de 100.000 personnes en passant de 145.000 à 245.000 au total. Cet accroissement procède de l'accélération du nombre des départs en retraite, du fait du départ de classes d'âge nombreuses. Le flux annuel des départs sera d'environ 7.000 par an jusqu'en 2001. Il augmentera progressivement à 8.700 départs annuels de 2002 à 2005, puis à 10.000 départs annuels de 2006 à 2010, avant de retomber aux alentours de 9.300 départs par an de 2005 à 2015.

Si aucune mesure n'intervient, le montant des retraites acquittées par La Poste annuellement, passera, en conséquence, de 10,6 à 26,7 milliards de francs, du fait d'une charge s'accroissant mécaniquement et de façon cumulative de 600 millions de francs par an à compter de 1998.

En d'autres termes, du seul fait du paiement des pensions, vu la situation actuelle des comptes de La Poste, l'opérateur postal est acculé à des pertes de 600 millions de francs en 1998, de 1,2 milliard de francs en 1999, de 1,8 milliard en l'an 2000, ce phénomène continuant ultérieurement de s'amplifier au même rythme.

Si rien n'est fait pour assainir la situation, le taux de la charge des retraites au regard des traitements versés explosera de 36,6 % en 1997, à 47,6 % en 2002 et à 63,6  % en 2007. En 2015, si tant soit est que de telles projections aient une valeur autre que démonstrative, la charge financière supportée par La Poste du fait des retraites sera équivalente à la masse des traitements des fonctionnaires en activité.

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