c) Développer le service postal mobile

La Poste a déjà -on ne le sait pas assez- une longue tradition de guichet mobile assurant des services à domicile. Ainsi, en 1926, elle a créé la poste automobile rurale qui avait reçu pour mission de desservir la clientèle isolée des campagnes.

LA POSTE AUTOMOBILE RURALE DE L'ENTRE-DEUX GUERRES

Les historiens rapportent que :

" Des circuits bien combinés apportaient chaque jour, pourrait-on dire, la poste à domicile à des communes déshéritées. Le premier, celui de Beaulieu-sur-Dordogne, mis en service le 1er septembre 1926, sous le ministère de M. Bokanowski, donna pleine satisfaction, si bien qu'en 1938 il existait trois cent quatre-vingt-dix circuits desservant quatre mille trois cent cinquante communes et assurant à la fois le transport des correspondances, des voyageurs, des colis postaux, des bagages et exécutant même les commissions des habitants. Leur exploitation, loin d'être déficitaire, donne même d'appréciables bénéfices.

On ne demandait plus à la population rurale de se déplacer pour aller à la poste ; on voulait que la poste aille à elle.

Autre nouveauté, fut en octobre 1934, la création par M. Mallarmé d'un bureau temporaire automobile, type de bureau " baladeur " qui se transportait partout où il en était besoin, faute de bureau local, quand une circonstance exceptionnelle, exposition, voyage, manifestation quelconque, y provoquait un afflux inaccoutumé de population.
" 174( * ) .

Aujourd'hui le service " Allô facteur " de l'exploitant public permet la réalisation à domicile de n'importe quelle opération postale par l'intermédiaire du facteur, même les jours où celui-ci n'a pas de courrier à remettre.

" ALLÔ FACTEUR "

" Allô facteur " se définit comme une prestation de service réalisée au cours de la tournée du facteur mais complémentaire à la prestation traditionnelle de distribution du courrier. Elle couvre la livraison à domicile de produits postaux tels que timbres, vignettes fiscales, produits philatéliques, prêts-à-poster, mais aussi des prestations financières comme, par exemple, des versements et retraits d'espèces sur un compte-chèque postal.

Le service fonctionne sur simple demande téléphonique effectuée la veille ou tôt le matin auprès du bureau de poste. Il est possible de laisser sa demande sur un répondeur en-dehors des heures d'ouverture du bureau de poste.

Ce service de livraison existe depuis longtemps. Il était dénommé antérieurement " service des commissions  ". Toutefois, à l'origine, les commandes devaient être passées directement au facteur et cela imposait de le rencontrer au cours de sa tournée. C'est l'instauration de la permanence téléphonique qui a entraîné sa modernisation et son nouvel intitulé.

Dans la mesure où la livraison concerne des produits postaux, elle est gratuite. La Poste considère, en effet, qu'elle relève de sa mission de service public et de son rôle dans l'aménagement du territoire.

Le coût du service pour le client se limite donc au coût de l'appel téléphonique au bureau de poste si la commande n'est pas passée en direct auprès du facteur. Le coût pour La Poste est intégré dans le coût de la distribution.

Cette gratuité et le fait que la prestation soit, en définitive, le fruit de dispositions et d'adaptations locales expliquent qu'elle ne fasse pas l'objet d'une ligne comptable propre. Aussi, n'est-il pas possible d'identifier clairement les endroits dans lesquels elle est le plus souvent délivrée. Néanmoins, de nombreux départements à dominante rurale ont organisé ce service de manière formelle, totalement ou partiellement, par exemple l'Aisne, la région Aquitaine...

Les enquêtes menées par La Poste permettent toutefois de savoir qu' " Allô facteur " est tout particulièrement apprécié en zone rurale et auprès des personnes isolées géographiquement ou ne pouvant, en raison d'un handicap, se rendre dans un bureau de poste.

L'expérience d'Allô Facteur ne pourrait-elle pas constituer le fondement d'un mouvement plus ample vers des prestations de guichet au domicile des particuliers ou au siège des entreprises dans les zones peu peuplées ? Il suffirait, pour ce faire, à l'instar de l'Allemagne, que La Poste se dote d'équipements adaptés (camions spécialement aménagés, matériels informatiques embarqués...) emmenés par des personnels compétents (conseillers financiers, conseillers commerciaux...) sur les places des petits villages, voire jusque dans la cour des fermes ou à la porte des entreprises. Ces camions jaunes d'un nouveau type pourraient même comporter des terminaux Internet librement consultables pendant les arrêts prévus sur leurs itinéraires.

N'y aurait-il pas là un superbe instrument de pénétration commerciale pour La Poste ? N'y aurait-il pas là un formidable outil d'animation de l'espace rural en situation difficile ? N'y aurait-il pas là le germe d'une solution imaginative permettant de transformer des emplois ruraux peu dynamisants pour les territoires en des emplois modernes source de valeur ajoutée ? Votre rapporteur et nombre de ses collègues en sont convaincus.

La Poste demeurera un acteur majeur du territoire tant qu'il y aura des postiers actifs sur le territoire. Le jour où elle n'y aura plus que des immeubles avec des postiers passifs, elle n'y comptera plus. Ce n'est pas l'immeuble, c'est l'homme qui fait naître la vie du sol. L'outil ne doit pas dissimuler l'oeuvre !

Lors de la communication sur le présent rapport faite le 8 octobre dernier 175( * ) , M. Jean Huchon , Sénateur du Maine-et-Loire, a parfaitement illustré cette vérité en donnant l'exemple des services financiers postaux qui, pendant longtemps, déclinaient dans son département et qui se sont redressés de manière spectaculaire à la suite de l'arrivée d'un nouveau responsable.

La question se pose en définitive de manière très simple. Qui fera l'avenir des terres vulnérables de notre pays : les hommes munis de moyens d'action adaptés aux mouvements du monde qui nous entoure ou les bureaux désertés par ceux pour lesquels ils sont ouverts ?

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