2. La garantie du monopole

Le monopole de La Poste couvre les objets de correspondance de moins de un kilogramme quelles que soient leur nature et leur provenance (le publipostage et le courrier transfrontière y sont inclus). Il englobe 75 % du chiffre d'affaires des activités courrier et messagerie de La Poste, c'est-à-dire plus de 45 milliards de francs en 1996.

Outre sa fonction financière -assurer à La Poste les moyens de ses missions-, ce monopole a une double finalité économique et sociale.

Au plan économique, il engendre une massification des flux, source d'économies d'échelle qui permettent d'abaisser le coût moyen des opérations postales.

Au plan social , il est le support de la " postalisation " 49( * ) du pays puisque c'est au travers du monopole que s'établit la péréquation des tarifs du courrier 50( * ) . Celle-ci a pour but d'instaurer une égalité des prix entre les usagers en calculant le montant de l'affranchissement sur une moyenne des coûts de production au-delà de laquelle les dépenses entraînées par la desserte des zones les moins peuplées et les plus difficiles d'accès sont compensées par les excédents enregistrés -par rapport à cette moyenne- par les dessertes des zones démographiquement les plus denses et les plus faciles d'accès.

Notons, au passage que, si le monopole constitue le moyen le plus simple pour atteindre ce résultat, il n'est pas le seul mécanisme pouvant être mis en oeuvre à cette fin. Des subventions des budgets publics ou des compensations versées par des fonds de péréquation peuvent constituer des solutions alternatives, certes plus complexes mais, en définitive, d'une efficacité équivalente. En l'état actuel, la directive postale en préparation à la Commission de Bruxelles ouvre cette possibilité comme alternative, ou complément du monopole. En France, par exemple, des fonds de ce type ont été créés dans le domaine du transport aérien et des télécommunications 51( * ) . Ils sont alimentés par des prélèvements versés par les entreprises intervenant sur ces secteurs et calculés en fonction du montant des activités qu'elles y réalisent.

Au vu de ses caractéristiques, le monopole du courrier présente une sensibilité particulière à trois phénomènes :

- une contraction de son étendue qui porte en germe un accroissement du coût moyen des prestations pour cause de réduction des économies d'échelle ;

- un " écrémage " du marché postal par les concurrents captant les clientèles ou les produits les plus rémunérateurs et ne laissant à l'exploitant public que les tâches les moins profitables. Une situation de cette nature emporte des effets identiques à ceux de la précédente ;

- le maintien d' un recours abusif aux ressources du monopole pour équilibrer des comptes globaux grevés par des missions d'intérêt général, insuffisamment compensées par les budgets publics.

Or, force est de constater, sur ce dernier point, que de tels détournements du monopole postal n'ont pas été exceptionnels dans le passé car, pendant longtemps, ils ont présenté pour l'administration des finances l'avantage d'alléger la facture fiscale du contribuable en en transférant le surplus sur l'usager du service public, quitte à augmenter pour ce faire le prix du timbre

Dans le cadre de la loi de 1990, cela semble notamment avoir été le cas des charges de participation de La Poste à l'aménagement du territoire.

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