c) Les marges d'appréciation laissées aux États membres

La reconnaissance des spécificités du secteur postal, par rapport aux autres industries de réseau, dont l'Union européenne a entrepris la libéralisation, conduit à laisser aux États membres une marge relativement grande d'adaptation des règles arrêtées par le projet de directive.

Il en est ainsi :

- du nombre de points d'accès du public au service postal ;

- du tarif domestique unique ;

- de l'unicité ou de la pluralité des prestataires du service universel 109( * ) ;

- de la couverture du service universel pour les colis postaux, hors express, le projet de directive fixant une fourchette comprise entre 10 et 20 kgs, à l'intérieur de laquelle chaque État membre est libre de fixer la limite ;

- du périmètre des services réservés , les limites de poids et de tarifs figurant dans le projet de directive constituant, on l'a vu, les bornes extrêmes du domaine exclusif de l'opérateur en charge du service universel.

Les États membres sont aussi libres, nous l'avons souligné dès l'abord, de fixer des exigences plus élevées sur leur territoire que celles découlant du service minimum garanti dans toute l'Union européenne, et d'imposer, par ailleurs, aux opérateurs de service universel d'autres services que le service postal, comme, par exemple, la fourniture de services financiers. Les États membres décideront alors, le cas échéant, des exigences nécessaires, sous forme non discriminatoire et transparente, pour remplir les objectifs assignés.

Par ailleurs, rien n'empêche les États membres de définir des missions d'intérêt général allant au-delà des obligations du service universel, pourvu que les moyens employés restent conformes au droit communautaire .

Sont ainsi prises en compte les conceptions nationales de l'intérêt général, définies par chaque État en fonction de ses traditions et besoins propres. Ainsi, les impératifs, en termes d'aménagement du territoire notamment, peuvent amener un État membre à compléter, dans les cas justifiés, le périmètre du service universel par des missions obligatoires n'entrant pas dans ce périmètre.

Le projet de directive encadre cependant strictement les modalités de financement des missions d'intérêt général définies par les États membres.

En effet,
les revenus que procurent les services réservés et/ou le fonds de compensation ne peuvent servir qu'à subventionner la fourniture du service universel défini par le projet de directive . Le financement d'exigences complétant le service universel telles que la distribution de la presse, l'aménagement du territoire ou la fourniture de services financiers, est donc à rechercher par d'autres moyens tels que des subventions du budget de l'Etat.

Notons toutefois que la définition du service universel étant évolutive (la directive prévoyant des clauses de rendez-vous), il n'est pas exclu que les services réservés et/ou le fonds de compensation puissent financer demain ce qui leur est interdit aujourd'hui.

Dans ce cadre juridique, le projet de directive pose le principe d'une ouverture progressive du service postal. Mais ne nous leurrons pas, l'objectif de la grande majorité de nos partenaires européens est bien de poursuivre la marche vers la libéralisation du secteur.

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