1. Un personnel légitimement fier d'une forte culture de service public

La Poste est profondément imprégnée de la culture du service public , forgée dans le cadre étatique par des décennies d'histoire et renforcée par l'attachement des postiers à leur entreprise et à ses missions. Au cours de ses déplacements en province et de ses rencontres avec le personnel, votre rapporteur l'a constaté : les postiers aiment La Poste . Dans leur grande majorité, ils sont préoccupés par l'avenir de leur entreprise, fiers de leur métier et soucieux de la pérennité du service postal.

En novembre 1995, plus de 90 % d'entre eux se déclarent attachés au principe de l'universalité du courrier, à la présence postale, à la banque pour tous. Ils désirent également un service offert à tous les citoyens pour le même prix 110( * ) . Ils jugent très majoritairement que le service public constitue la principale caractéristique du statut de fonctionnaire -avant la sécurité de l'emploi- et ils estiment que la conscience professionnelle et l'intégrité sont indissociables de ce statut. L'attachement des postiers à leur métier et à leur entreprise est extrêmement marqué. C'est ainsi que 84 % d'entre eux affirment, en 1995, vouloir faire carrière à La Poste.

Attachés au service du public et aux traditions de l'action administrative, les personnels de La Poste n'en sont pas pour autant aveugles : ils perçoivent, quoique de manière encore trop lointaine, la montée de la concurrence. Après les grèves de l'automne 1995 qui ont paralysé le réseau, alors même qu'elles étaient suivies par une petite minorité, beaucoup de facteurs ont constaté que " leurs sacoches s'étaient allégées ".

D'autres personnes ont aussi mentionné, non sans quelque inquiétude, devant votre rapporteur, la multiplication des " tournées parallèles " organisées par les grands intégrateurs internationaux pour desservir les entreprises de leur département, ou encore l'accroissement des envois publicitaires distribués par la concurrence. Comme le disait l'un d'entre eux au cours d'une réunion en province : " moi, j'ai compris que La Poste pouvait mourir ".

Le très fort attachement des agents à une entreprise dont ils connaissent les forces et les faiblesses ne doit, d'ailleurs, nullement être analysé comme l'expression d'un refus de tout changement. La preuve en est que pour bon nombre de postiers, l'entrée à La Poste implique un départ vers une région où ils n'ont pas d'attaches et pour une durée dont ils ne connaissent pas le terme, du fait de la lenteur des mouvements du personnel. La Poste estime à près de 150.000 -soit près de 50 % du total !- le nombre des agents qui souhaitent obtenir une mutation nationale, notamment de Paris vers la province.

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