3. Du monopole concédé au monopole administratif : le choix de la Révolution

C'est la Convention qui décide de supprimer, à compter du 1er mai 1793, le bail des messageries et celui de la poste aux lettres et de confier à l'Etat la responsabilité de ces prestations. Une seule administration est désormais chargée de gérer le réseau de la poste aux chevaux et ces deux services afin d'assurer une navette quotidienne sur les routes principales et la desserte des communes dotées d'un bureau de poste.

A l'exception d'une parenthèse historique sous le Directoire, cette gestion directe du monopole par l'Etat est rétablie sous l'Empire et ne sera plus remise en cause.

4. Une administration dotée d'une relative autonomie financière

La Poste est une administration d'Etat durant tout le XIXè siècle et comme telle soumise au principe de l'universalité budgétaire qui, comme chacun sait, ne favorise pas l'individualisation des comptes.

Cette opacité de la gestion de l'administration postale est dénoncée par Clémentel, ministre du Commerce et de l'industrie dans un rapport qu'il remet au Président du Conseil en 1917 : " Les recettes de l'exploitation sont considérées comme ayant un caractère fiscal, elles sont confondues dans le budget avec les autres recettes de l'Etat, elles servent à l'équilibre général. Les dépenses sont noyées dans le total de celles des autres services ; le produit net de l'entreprise, à supposer qu'il en ait un, n'apparaît nulle part dans les lois de finances. Le Trésor paie tous les frais de l'exploitation mais il encaisse toutes les recettes et l'industrie des Postes n'ayant pas de bien propre ne peut non plus avoir de vues d'avenir " 10( * ) . Clémentel suggère alors de doter l'administration des Postes d'un fonds de prévision, d'un fonds d'amortissement du matériel et des installations, et du droit d'émettre des obligations.

Finalement, compte tenu de la spécificité économique de ses activités et malgré la résistance de l'administration des finances qui répugne à lui laisser davantage d'indépendance, la Poste est dotée, en 1923, d'un budget annexe qui lui permet d'exprimer sa spécificité au sein de l'administration d'Etat.

Le système du budget annexe perdure jusqu'en 1990 . Cependant, dans la dernière décennie précédant sa suppression, il fait l'objet de critiques croissantes, du fait des rigidités qu'il perpétue et des transferts au profit du budget général qu'il permet.

Comme le relève M. Jean Faure dans un rapport sénatorial d'information 11( * ) publié en 1990 : " La clarification des relations financières entre les PTT et le budget général s'impose de toute évidence, chacun s'accorde à reconnaître la nécessité de sortir du système du budget annexe, afin de mettre fin aux prélèvements qui pèsent sur l'équilibre financier des opérateurs et limitent leurs capacités d'investissement. "

Ces inconvénients n'ont pas été sans peser sur l'inspiration de la réforme de 1990, la dernière en date, qui a conduit à doter la Poste de l'autonomie juridique et financière.

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