1. ÉLÉMENTS DE COMPARAISON DES SYSTÈMES DE PRÉLÈVEMENTS

Avant de présenter les résultats chiffrés de notre étude de cas fondée sur la décomposition des feuilles de paie, il est utile de donner un éclairage rapide des charges fiscales et sociales qui pèsent sur le travail salarié des trois pays étudiés : France, Allemagne, Royaume-Uni.

Nous avons cherché à prendre en compte l'ensemble des prélèvements portant sur les salaires, cotisations sociales patronales, cotisations salariales, impôt sur le revenu, et dans la mesure du possible les autres prélèvements éventuels qui sont assis sur la masse salariale. Nous donnons un aperçu de ces charges pour chacun des pays de l'étude à partir des systèmes fiscaux et sociaux de l'année 1997 (notamment pour les taux).

- EN FRANCE, LES COTISATIONS SOCIALES SONT LA PRINCIPALE SOURCE DE FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE.

Les cotisations sociales se décomposent en différentes branches : maladie, vieillesse, prestations familiales, aides au logement, chômage. La part des cotisations patronales est largement supérieure à celle des cotisations des employés, ce qui n'est pas le cas dans les autres pays de l'étude. Les cotisations de sécurité sociale payées par l'employeur approchent 40% du salaire brut. Une partie de ces cotisations est plafonnée, tandis qu'une autre partie s'applique sur la totalité du salaire. Si on distingue la part des cotisations qui sont plafonnées de celles qui ne le sont pas, on remarque que le taux de cotisations dont l'assiette est plafonnée (au premier plafond de sécurité sociale, c'est-à-dire à 13 720 F), est d'environ 19%. Au delà de ce premier plafond, le taux de cotisations à la charge de l'employeur est de 21% de la masse salariale.

De plus, des charges annexes portant sur le salaire viennent s'ajouter aux cotisations traditionnelles. Il s'agit de la taxe de participation à l'effort de construction, de la taxe d'apprentissage et de la taxe pour la formation continue et des remboursements des frais de transport. Ces charges annexes représentent environ 2,5% du salaire brut.

Au delà des cotisations sociales et des charges annexes sur les salaires, l'entreprise paie aussi des charges indirectes liées à la masse salariale. Il s'agit notamment de la taxe professionnelle. D'après les données que nous avons pu collecter auprès des entreprises, on peut estimer que la part de la taxe professionnelle assise sur les salaires est en moyenne égale à 2,6% du salaire brut. Il faut enfin compter les versements aux comités d'entreprises, le versement pour le transport et les dépenses en contrat de prévoyance. Au total ces charges indirectes représentent en moyenne de l'ordre de 8% des salaires bruts.

On peut noter que les charges sociales et fiscales pèsent relativement plus sur le travail qualifié que sur le travail non qualifié, et ceci pour deux raisons. D'une part, le taux global des cotisations employeur qui ne sont pas plafonnées s'élève à 21%. Ce taux est relativement élevé comparé à ceux des autres pays de l'étude. D'autre part, l'exonération de charges sociales sur les bas salaires (salaires inférieurs à 133% du SMIC, réduit à 130% du SMIC en 1998) permet de réduire le taux global des cotisations employeurs sur le travail non qualifié en bas de l'échelle des salaires. De fait, les charges patronales ne représentent plus que 34% du salaire brut pour un salaire limité au SMIC (c'est-à-dire à 6 664 F par mois actuellement).

Les cotisations payées par l'employé s'élèvent à environ 18% du salaire brut dont près de 12% concernent les cotisations plafonnées en dessous du premier plafond. Le poids de la CSG et de la CRDS est relativement important puisque le prélèvement représente près de 4% du salaire brut. Le transfert à venir d'une grande partie de la cotisation maladie à la charge des salariés sur une augmentation de la CSG n'a pas été considéré dans l'étude.

Les cotisations sociales en France

Plafond de sécurité sociale : P = 13 720 F




 

Taux employeur

Taux employé

Plafond

Maladie

12.8

5.6

 

Allocations familiales

5.4

 
 

Aide au logement

0.4

0.4

 

Vieillesse

1.6

 
 

Accidents du travail

1

 
 

CSG+ CRDS

 

3.9

 

Total

21.2

6

 

Cotisations plafonnées

 
 
 

Vieillesse

8.2

6.6

de 0 à 1P

Logement

0.1

 

de 0 à 1P

Chômage

5.4

3.0

de 0 à 1P

Chômage

5.5

3.6

de 1 à 4 P

Retraite complémentaire

 
 
 

Cadre

5.3

2.5

de 0 à 1P

 

11.3

6.3

de 1 à 4 P

 

8.8

8.8

de 4 à 8 P

Non cadre

3.8

2.5

de 0 à 3 P

Total

19.0

12.1

de 0 à 1 P

Charges annexes

 
 
 

Construction

0,5

 
 

Apprentissage

0,5

 
 

Formation continue

1,5

 
 

Total

2,5

 
 

Total global

42,6

18,1

 

Réduction des charges sur les salaire (entre 1 et 1.33 SMIC) : de l'ordre de 18.2%.

Le montant de l'impôt sur le revenu est en France relativement faible en termes de recettes fiscales rapportées au PIB, comparé à celui des autres pays. Le seuil de non imposition pour un célibataire est de 41 100 F de revenu annuel. Les taux marginaux vont de 0% (pour un revenu net imposable après abattements et application du quotient familial inférieur à 25 610 F) à 54 % pour un revenu net imposable de plus de 288 101 F.

Le calcul de l'impôt s'établit de la manière suivante : 1) Du salaire brut, on déduit les cotisations sociales et la partie déductible du montant de CSG versé (qui correspond à 2,9%). 2) On soustrait ensuite de ce salaire un premier abattement de 10%, puis un second abattement de 20 %. On en déduit le revenu imposable total. 3) Vient ensuite le calcul du quotient familial, qui tient compte de la situation familiale du salarié. La prise en compte de la situation familiale dans le calcul de l'impôt est plus complexe en France qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni. Par exemple, pour une famille avec deux enfants à charge, le quotient familial qui intervient dans le calcul est de 3 alors qu'il est de 1 pour un salarié célibataire. Il faut donc diviser le revenu imposable par le nombre de parts, appliquer le barème de l'impôt et multiplier le montant obtenu par le nombre de parts.

Cependant l'avantage fiscal tiré de la prise en compte de la part supplémentaire au titre des enfants à charge est limité à 16 200F (avant les mesures annoncées dans le projet de loi de finances 1998) par demi-part supplémentaire. Par exemple, dans le cas d'un salarié, marié avec deux enfants, il faut compter deux demi-parts pour les enfants à charge. L'avantage fiscal tiré de l'application d'un quotient familial supérieur à 2 est limité à 32 400F.

Barème de l'impôt sur le revenu en France

Revenus de 1996 imposés en 1997

Taux

Tranches en FF

0

de 1 à 25.610

10,5

de 25.611 à 50.380

24,0

de 50.381 à 88.670

33,0

de 88.671 à 143.580

43,0

de 143.581 à 233.620

48,0

de 233.621 à 288.100

54,0

au-delà de 288.100

Enfin, en Allemagne et au Royaume Uni, le versement d'allocations familiales se fait par déduction de l'impôt sur le revenu alors qu'en France, les allocations familiales font l'objet d'un versement effectif. Nous avons donc aussi, par souci de comparabilité, soustrait du montant de l'impôt sur le revenu les versements d'allocations familiales en France. Une famille avec deux enfants recevra une allocation familiale mensuelle de 675 F (prise en compte quel que soit le niveau de revenu dans le régime avant réforme).

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