3. Le tourisme, activité principale pour certains territoires de l'outre-mer, renforce l'occupation du littoral

Le tourisme est, dans les collectivités d'outre-mer, pour l'essentiel balnéaire. Il constitue l'une des formes d'occupation du littoral et tire parti de la proximité de la mer. Dans le cas des croisières ou de la plaisance, il s'appuie sur les infrastructures portuaires

3.1 Les tourismes de séjour, de croisière et de plaisance sont inégalement développés dans les collectivités d'outre-mer

On peut distinguer trois groupes de collectivités, au sein desquelles l'importance actuelle du tourisme et son potentiel de développement sont différents.

Dans les Antilles et en Polynésie, le secteur représente une activité économique essentielle. Il s'agit avant tout d'un tourisme balnéaire.

En Nouvelle-Calédonie, à la Réunion et en Guyane, le tourisme n'a jamais constitué l'activité dominante.

Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna sont des destinations encore inconnues du grand tourisme international.

3.1.1 Le tourisme de séjour

Le tourisme de séjour est principalement tourné vers le tourisme balnéaire, qui est inclus par conséquent dans les activités maritimes au sens large. Le caractère remarquable des sites littoraux et un climat favorable, ensoleille et chaud, marqué cependant par le danger cyclonique d'août à octobre 22 ( * ) expliquent que l'activité touristique ait spontanément revêtu cette forme.

Aux Antilles et en Polynésie, le tourisme occupe une place importante mais un poids limité.

En 1988, le tourisme représentait 2,5 % environ du PIB en Martinique, mais son poids en termes de valeur ajoutée marchande était équivalent à celui de l'industrie (7,5 %). En 1991, les hôtels, cafés et restaurants représentaient 6,4 % de la valeur ajoutée brute marchande, soit une baisse par rapport aux deux années antérieures (7,3 % en 1989). Le tourisme y occupait 4,5 % de l'emploi total salarié

En Guadeloupe, en 1990, 4 % de la population active était occupée dans le secteur touristique, qui rassemblait le tiers des effectifs salariés au sein de l'ensemble des services. En 1989, les hôtels, cafés et restaurants représentaient 3,6 % de la valeur ajoutée brute marchande, en 1991, 3,4 %

En Polynésie, la branche « hôtels-restaurants » contribuait, en 1990, pour 1,60 % à la formation du PIB. Si l'on prend en compte les services marchands que l'activité touristique inclut, la contribution du tourisme à la formation du PIB pourrait être estimée à 5 %. En 1990, le tourisme employait environ 8 % des actifs locaux.

À la Réunion, le secteur touristique est encore peu développé mais non négligeable. Sa contribution à la formation du PIB était en 1990 d'environ 1,75 %.

En Guyane, où le tourisme est un secteur marginal, les hôtels, cafés, restaurants, représentaient 1,7 % du PIB en 1988. Le tourisme employait 3,2 % de la population active en 1990.

En Nouvelle-Calédonie, la valeur ajoutée engendrée par le tourisme représenterait de 3,6 (1988) à 4,4 % (1987) du PB. Le tourisme y occuperait 4,5 % de la population active.

Dans les autres collectivités d'outre-mer, l'activité touristique est encore embryonnaire.

La fréquentation par territoire a, depuis dix ans, augmenté dans de très importantes proportions dans les principales îles touristiques d'outre-mer, à l'exception notable de la Polynésie française, dont les ambitions de fréquentation touristique sont loin d'être réalisées.

Nombre de touristes de séjour dans quelques collectivités d'outre-mer

Collectivités

1985

1986

1987

1988

1989

1990

Martinique

193 337

182 909

233 684

280 372

311 584

281 517

Guadeloupe

243 360

284 290

316 928

354 326

322 740

331 107

Réunion

nd

nd

153 820

167 310

181 769

200 276

Polynésie française

122 086

161 238

142 820

135 387

139 705

132 361

Collectivités

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variation 1996/1985

Martinique

315 131

345 367

390 581

462 237

501 000

526 361

172 %

Guadeloupe

425 800

340 000

453 000

556 000

640 000

625 000

157 %

Réunion

186 026

217 400

242 000

262 600

304 000

347 000

126 %

Polynésie française

120 938

123 619

147 847

166 086

178 222

163 774

34 %

Les recettes apportées par le tourisme sont supérieures aux exportations agricoles des DOM.

Recettes touristiques en milliards de francs

Collectivités

1985

1992

1995

Guadeloupe

1,00

1,50

2,70

Martinique *

0,92

1,14

1,50

Réunion

nd

0,83

1,12

Nouvelle-Calédonie

nd

nd

0,55

Polynésie française

0,88

0,93

1,27

Source : cité dans le rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997, * 1988.

Le tourisme balnéaire outre-mer est caractérisé par la prédominance de l'hôtellerie comme mode d'hébergement, si l'on exclut les séjours familiaux, par une clientèle moyen de gamme dans les Antilles et plus aisée en Polynésie, par son caractère balnéaire et saisonnier. Les principaux marchés sont la métropole et l'Amérique du nord, alors que la clientèle régionale diminue ou stagne.

Le marché métropolitain est le marché dominant pour la plupart des destinations outre-mer. Il représentait, en 1995, 75 % de la clientèle en Martinique, 81,7 % en Guadeloupe, 81,9 % à la Réunion, mais 29 % en Nouvelle-Calédonie et 25,4 % en Polynésie. Aux Antilles, outre la métropole et l'Amérique du Nord, ce sont les autres pays d'Europe qui constituent une source de clientèle appréciable. Le flux inter-DOM n'est pas non plus négligeable.

À la Réunion, outre la clientèle européenne qui représente plus de 80 % du total, les visiteurs de Maurice et de Madagascar constituent un apport non négligeable (12,5 % en 1995).

En Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, la métropole n'est pas située en tête des pays émetteurs. En Polynésie, elle vient après les États-Unis ; en Nouvelle-Calédonie, après le Japon. Dans les deux TOM du Pacifique, les clientèles régionales sont les premières en volume.

Toutes les destinations d'outre-mer auraient intérêt à diversifier leurs clientèles.

3.1.2 Le tourisme de croisière et de plaisance.

Cette forme de tourisme s'est nettement développée. Bien qu'elle soit moins lucrative que le tourisme de séjour, elle procure des retombées économiques qui justifient que les collectivités y portent un intérêt particulier. La clientèle débarque pour quelques heures, pendant lesquelles elle est susceptible de consommer.

Les recettes touristiques en Martinique confirme le poids limité du tourisme de plaisance et de croisière par rapport au tourisme de séjour.

millions de francs

1993

%

1994

%

Séjour

1 212,8

91,4

1 357,8

91,3

Plaisance

32,2

2,4

48,7

3,3

Croisière

81,6

6,2

80,6

5,4

Total

1 326,6

100,0

1 487,1

100,0

Le tourisme de croisière s'est développé dans les DOM caribéens. Son évolution à la Guadeloupe et à la Martinique est retracée dans les tableaux suivants.

La croisière est une activité qui engendre des recettes. Les recettes perçues par la communauté portuaire de la Guadeloupe sont évaluées à 3000 dollars par escale. Les dépenses en excursion, taxis et achats divers sont estimés à 20 dollars par passager, soit un total de 42 millions de francs pour l'exercice 1995. À la Martinique, les dépenses directes des croisiéristes se sont élevées en 1995 à 77 millions de francs. Il faut y ajouter le revenu procuré à d'autres secteurs économiques comme l'hôtellerie, les transports aériens, l'agro-alimentaire, etc.

Le tourisme de croisière en Guadeloupe

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Nombre d'escales

588

594

1106

982

1126

nd

Entrées de passagers

38 161

44 128

104 817

115 287

123 176

155 632

Sorties de passagers

39 279

44 997

95 295

112 861

117 459

148 271

Passagers en transit

282 355

245 702

263 521

313 762

419 165

610 512

Source : IEDOM.

Le tourisme de croisière en Martinique

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Nombre d'escales de paquebots

678

506

481

444

460

414

Nombre de passagers en_transit et débarqués

417 043

398 948

428 695

419 922

393 953

409 097

Nombre moyen de passagers par paquebot

615

788

891

946

931

988

Source : IEDOM.

Le tourisme de croisière fait l'objet d'investissements nombreux. L'importance des retombées économiques justifie en effet les efforts consentis dans les collectivités d'outre-mer pour l'amélioration de l'accueil des touristes. Le PAG prévoit d'y consacrer entre 20 et 50 millions de francs au cours des trois prochaines années. En Polynésie française, où le tourisme de croisière est considéré comme un substitut à la pénurie hôtelière, de nombreux avantages fiscaux sont accordés par le Territoire depuis mars 1994 aux sociétés de ce secteur.

Mais la croisière est soumise à des concurrences régionales et l'offre ne répond pas toujours à la demande :

Alors que partout le tourisme de croisière a connu une progression remarquable, il semble que l'outre-mer français ne tire pas tout le parti qu'elle pourrait de cette activité. En Polynésie, par exemple, le nombre de paquebots ayant fait escale à Tahiti ou dans une autre île s'est réduit en vingt ans. Quand l'offre est suffisante, elle ne répond pas forcément aux attentes de la clientèle. Ainsi, la destination Martinique souffre dans les Antilles d'une mauvaise image de marque. Les passagers ont en effet quelques causes d'insatisfaction : l'hospitalité est insuffisante, les prestations des transports terrestres, notamment celles des taxis, sont mauvaises et l'escale a un coût trop élevé comparativement aux îles voisines.

Au tourisme de croisière s'ajoute celui de la navigation de plaisance, qui s'est également développée. La location est en plein essor aux Antilles. En 1995, les Antilles ont accueilli 63.500 plaisanciers. Près de 30 % des bateaux de location sous pavillon français sont basés dans ces régions.

Dans les Antilles françaises, zone de navigation à la fois sûre et attractive, les installations portuaires de plaisance sont bien représentées. La Guadeloupe compte trois marinas et près de 1500 places. La Martinique dispose de 14 centres nautiques et de 2 marinas, dont une compte 400 places.

Le nombre total de bateaux de plaisance aux Antilles est de 972. La clientèle est étrangère à plus de 60 %

Source : Fédération des Industries Nautiques.

Source : Fédération des Industries Nautiques.

Avec 228 millions de francs de chiffre d'affaires en 1995, les sociétés de location aux Antilles représentent 30 % du chiffre total des sociétés de location française. Le chiffre d'affaires locatif moyen par bateau y augmente de plus de 10 % par an. Le chiffre d'affaires s'est élevé, en Guadeloupe, à 210 millions de francs en 1995, dont 52 millions pour la seule location. À la Martinique, le chiffre d'affaires réalisé par la seule location s'élève à environ 106 millions de francs par an. Les dépenses des plaisanciers ont atteint en Martinique 50 millions de francs en 1995.

La plaisance est créatrice d'emploi : en 1995, la plaisance a fourni près de 500 emplois, dont 120 directs, en Guadeloupe. L'activité de la plaisance fait vivre en Martinique une dizaine d'entreprises et autant d'artisans chargés de la maintenance des navires. Les effectifs, en croissance régulière, dépassent 200 personnes, dont plus de 90 % sont salariés à temps plein.

3.1.3 Les concurrences régionales sont vives dans le domaine touristique

L'outre-mer français accueille essentiellement une clientèle de séjour métropolitaine. En Polynésie, les touristes américains sont certes plus nombreux que les métropolitains mais, partout ailleurs, les métropolitains sont les premiers clients.

Les performances des collectivités françaises sont modestes par rapport aux concurrents régionaux. Cela tient en partie probablement au fait que l'offre de tourisme balnéaire se développe dans les Etats voisins des DOM, surtout dans les Caraïbes. La clientèle peut préférer d'autres destinations proposant un produit équivalent, pour des raisons de coût, de distance, de facilité ou encore d'accueil. Le risque est beaucoup moins grand en Polynésie, dans la mesure où Tahiti a su conserver à ses produits un caractère d'authenticité.

Parfois, la raison doit en être cherchée dans l'éloignement par rapport aux marchés émetteurs. La Polynésie en souffre. D'ailleurs, les performances touristiques des pays du Pacifique Sud sont sans commune mesure avec celles des principales destinations du Pacifique Nord, à savoir Guam et Hawaï.

À la Réunion, l'absence de plages pénalise l'activité touristique Maurice et les Seychelles, en revanche, ont connu un essor remarquable.

Mais les médiocres résultats des collectivités françaises par rapport aux destinations voisines et comparables tiennent principalement au fait que les performances restent généralement assez mauvaises comparées à celles de certains pays concurrents : le faible professionnalisme des opérateurs locaux et l'insuffisante qualité de l'accueil sont souvent incriminés. L'implication des acteurs locaux est indispensable au développement touristique, non seulement celle des élus, des administrations de l'État, des organismes territoriaux, des professionnels, syndicats et associations, mais aussi celle de la population, pour éviter des comportements de rejet.

Le coût excessif des prestations offertes par rapport aux pays concurrents, même s'il doit être relativisé selon que l'on est en présence d'un produit touristique rare ou non, entre aussi en ligne de compte. Enfin, le produit proposé ne convient plus à la clientèle : un produit, balnéaire le plus souvent, brut et standardisé, devient insuffisant.

Tableau comparatif des charges salariales dans quelques îles de la zone Caraïbe

en dollars américains ( 1992)

Salaire horaire hors charges sociales

Salaire horaire comprenant les charges sociales

Anguilla

2

2,2

Antigua et Barbuda

2

2,2

Antilles néerlandaises

de 2,9 à 4,1

de 3,4 à 4,8

Bahamas

de 1,5 à 3

de 1,5 à 3

Barbade

de 0,5 à 0,7

de 0,6 à 0,85

Guadeloupe

4,4

7,3

Iles vierges américaines

3,35

4,7

Iles vierges britanniques

de 1 à 3

de 1,15 à 3,45

Porto Rico

3,35

4,7

St-Christophe et Nieves

1

1,13

St-Dominique

0,75

0,85

St-Vincent

de 0,43 à 0,54

de 0,47 à 0,59

Source : Association des prolessionnels de l'hôtellerie et du tourisme à la Guadeloupe (cité par l'IEDOM)

À la Réunion, le coût de la main-d'oeuvre dans l'hôtellerie est aussi beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aux Seychelles ou à Maurice. L'écart salarial est de 1 à 4 avec les Seychelles, de 1 à 10 avec Maurice.

Dans le rapport Laventure 23 ( * ) , il est précisé que le handicap des coûts résulte à la fois du niveau plus élevé des salaires et des charges sociales, du caractère plus onéreux de l'investissement en raison de l'éloignement et des taxes à l'importation sur les matériaux et le matériel. Il résulte aussi du fait que le coût du crédit est supérieur de 2 à 3 points par rapport à la métropole. La surévaluation effective du franc par rapport aux devises des voisins achève de pénaliser l'outre-mer.

Une étude de l'IEOM sur le secteur hôtelier en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie Française, citée dans le rapport Laventure, révèle qu'en 1994, les charges de personnel par rapport au chiffre d'affaires représentaient pour l'hôtellerie de luxe 29,90 % en Nouvelle-Calédonie et 31,9 % en Polynésie Française. Pour les hôtels de catégorie moyenne, les chiffres correspondant s'élevaient à 27,6 % en Nouvelle-Calédonie et 36,2 % en Polynésie Française. Les charges de personnels sont importantes par rapport à la valeur ajoutée globale. Le ration moyen correspondant représentait, pour l'hôtellerie de luxe, 63,7 % en Nouvelle-Calédonie et 83,7 % en Polynésie, pour les hôtels de catégorie moyenne, 55,7 % en Nouvelle-Calédonie et 58,1 % en Polynésie Française

Une telle étude n'a pas été menée dans les DOM

Les Antilles françaises ne drainent qu'une faible part des touristes (hors croisiéristes) fréquentant la Caraïbe. Cette part est passée de 5 % en 1986 à 4,5 % en 1990.

Évolution du nombre de touristes dans la zone Caraïbes

milliers

1990

1991

1992

1993

1994

Guadeloupe

331

370

341

453

556

Martinique

282

315

321

366

418

Barbade

432

394

385

418

447

St-Maarten

565

548

569

520

586

Total Caraïbes

11 232

11 222

11 660

12 840

13 605

Source : rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997

Dépenses des touristes

millions de dollars

1984

1985

1986

1987

1988

1990

Bahamas

801,5

995,0

1105,0

1145,8

1149,5

1333,0

Guadeloupe

98,0

95,0

163,0

188,0

220,0

230,7

Martinique

87,0

92,8

107,8

210,0

230,0

240,0

4569,3

5121,0

5745,8

6793,6

7403,5

8857,8

Source : IEDOM.

Dans l'Océan Indien, la Réunion n'est pas, de loin, la première destination touristique.

Nombre de visiteurs

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

Seychelles

47 280

55 867

63417

72 542

66 756

69 770

77 400

86 093

103 770

Maurice

118 360

123 820

139 670

148 860

165 310

207 570

239 300

263 440

291 550

Réunion

108 454

118 716

117 697

110 386

141 418

153 820

167 310

182 000

200 300

Source : IEDOM

Arrivées internationales de touristes

milliers

1990

1991

1992

1993

1994

Seychelles

104

90

99

116

110

Maurice

292

301

335

375

401

Réunion

200

186

217

242

245

Source : rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997.

Dans le Pacifique Sud, la première destination touristique est Fidji, suivie, mais de très loin par la Polynésie française.

Les deux territoires français du Pacifique comptent, sur l'ensemble de la zone, 29,6 % des touristes, mais ne disposent que de 22 % des hôtels, avec 32 % des chambres et 28,6 % des lits.

Arrivées internationales de touristes

1990

1991

1992

1993

1994

Mélanésie dont :

451

428

455

459

499

Nouvelle-Calédonie

87

81

78

81

85

Fidji

279

259

279

287

319

Polynésie dont :

284

260

269

318

346

Polynésie Française

132

121

124

148

166

Cook Islands

34

40

50

53

57

Capacité hôtelière dans la zone Pacifique Sud en 1990.

Pays

Nombre d'hôtels

Nombre de chambres

Nombre de lits

Fidji

109

4229

11 477

Polynésie française

46

2824

5930

Nouvelle-Calédonie*

60

1769

3120

Total sur la zone

485

14 429

31 644

*en 1991.

Il apparaît que la compétitivité des destinations touristiques françaises outremer est soumise à des contraintes difficiles à contourner. Cependant, certains efforts, notamment en matière d'accueil, pourraient être faits. L'offre de services originaux pourrait aussi être une voie touristique future intéressante. De plus, le manque de professionnalisme mériterait qu'une attention plus grande soit apportée à la formation des personnels touristiques.

Aujourd'hui, le tourisme semble être partout accepté, même si les intéressés s'accordent sur un certain nombre de réserves, se rapportant à la dimension des installations hôtelières, à l'étalement dans le temps du nombre de visiteurs, au respect de l'identité ou des cultures locales, à une meilleure répartition géographique des implantations, qui évite les trop grandes concentrations.

Aujourd'hui, l'offre est encore peu diversifiée, alors que l'image d'exotisme balnéaire ne suffit plus à satisfaire les touristes. À côté du balnéaire, d'autres potentialités peuvent être davantage développées. Tel pourrait être le cas du tourisme de nature, du tourisme culturel, etc.

3.2 Le tourisme est au centre des conflits pour l'occupation de l'espace et la protection des milieux « naturels » qui se jouent sur les littoraux

La fréquentation touristique dans les îles pose des problèmes d'ordre écologique. Ainsi, la forte consommation d'eau (de 1000 à 2000 1/jour/habitant en Polynésie), constitue un problème dans les îles, du fait du risque de pénurie. D'autre part, la quantité des déchets produits par les touristes renforce la question de leur traitement. Le tourisme polynésien, enfin, s'appuie sur une profonde transformation du milieu littoral originel : la plage touristique est un espace conquis sur la flore et la faune littorales. L'aménagement végétal du littoral consiste en l'élimination du taillis initial et son remplacement par une pelouse sous cocoteraie, parfois elle aussi implantée, agrémentée de massifs floraux et de haies composées d'espèces transplantées. La faune est totalement supprimée. Le sable est nettoyé et parfois copieusement augmenté d'apports externes, le « beach rock 24 ( * ) » est éliminé des fonds. Afin de dépasser les hauts-fonds littoraux, chaque hôtel s'équipe d'un ponton qui se prolonge jusqu'aux eaux profondes. Cette production d'espace, conforme à une image paradisiaque, demande des investissements importants et un entretien coûteux qui ne peuvent être amortis que par une fréquentation touristique significative. Aussi se limite t-on, pour l'essentiel, à des zones réservées qui correspondent aux concessions hôtelières Cela se traduit par un enclavement des sites touristiques.

Dans la mesure où l'environnement constitue la matière première du tourisme outre-mer, il est nécessaire de prendre en compte sa fragilité.

Il ne faut pas non plus négliger le fait que les conflits pour l'occupation de l'espace, qui sont fréquents sur les littoraux, prennent dans les milieux insulaires une dimension particulière. La forte concentration des installations touristiques, hôtels, marinas, contribue à les renforcer. Les îles présentent certains espaces très concurrencés, alors que d'autres restent déserts. Ainsi, en Guadeloupe, 63 % du parc hôtelier se concentre au sud de la Grande-Terre, sur les communes de Gosier, Sainte-Anne et Saint-François, ainsi qu'à Saint-Martin et Saint-Barthélémy

Enfin, l'occupation de la bande littorale s'oppose souvent à sa protection. Les actions en faveur du développement du tourisme peuvent, le cas échéant, aggraver la situation. Cette opposition amène à examiner l'articulation entre les dispositions de la loi Pons et celles de la loi « littoral », qui est délicate et conflictuelle.

Dans les DOM, la législation sur l'inscription et le classement des sites (loi du 2 mai 1930 modifiée par la loi du 28 décembre 1967) s'applique outremer. Il en est de même de la loi du 22 juillet 1960 qui offre l'opportunité de créer des parcs nationaux 25 ( * ) , et de celle de 1975 autorisant l'acquisition par le CEL de terrains en prolongement de la zone dite des « cinquante pas géométriques »

* 22 Les contraintes d'ordre climatique, qui sont à l'origine d'une fréquentation saisonnière inégale, sont l'explication d'opérations promotionnelles durant les mois de juillet à septembre, régulièrement menées, notamment dans les Antilles françaises.

* 23 1 Miguel Laventure, « Le tourisme, facteur de développement de l'outre-mer français », rapport du Conseil Économique et Social, avril 1997.

* 24 Formation très dure à base de sable congloméré (grès)

* 25 La Guadeloupe est le seul DOM à posséder un Parc National.

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