2. Une identité régionale forte

L'histoire agitée de l'Asie centrale n'a pas empêché la région de développer une forte identité . A toutes les époques, s'y sont produits des contacts entre peuples, langues, religions et systèmes politiques et sociaux. Ils ont fait naître de nouvelles formes d'organisation sociale, d'expression intellectuelle ou artistique, dont l'une des constantes est l'interaction entre nomades et sédentaires.

L'identité de la région s'est façonnée avant le XVème siècle à l'intérieur de petites principautés ou de grands empires asiatiques. Les XVème et XVIème siècles ont été marqués par la création de vastes aires ethnopolitiques, correspondant approximativement aux cinq Etats actuels de la région, possédant une vie politique différente des autres sous-unités de Haute-Asie. Ces aires ethnopolitiques ont poursuivi leur existence, du XVIe au XIXe siècle, sans être conquises par leurs puissants voisins (Chine, Inde, Russie, Iran), mais sans qu'elles-mêmes étendent leur pouvoir sur les territoires de ceux-ci.

Les zones d'influence de ces empires dans la région entre le XVe et la fin du XVIIIe siècle ont modelé des identités ethnopolitiques dont les Républiques d'Asie centrale se réclament aujourd'hui . Elles revendiquent des filiations enracinées au fil des siècles, issues du morcellement récent d'une unité ethnique antérieure. Or, cette idée doit être considérée avec beaucoup de précaution.

En effet, aucun mouvement nationaliste n'est apparu en Asie centrale et n'y a préparé les indépendances comme en Arménie, en Géorgie ou dans les pays baltes. Les Républiques musulmanes de l'ex-URSS sont nées d'un décret de 1924. Des aires ethnopolitiques étaient en place dès la fin du XVème siècle. Mais c'est l'Union soviétique qui a, au cours du XXème siècle, joué le rôle de " machine à fabriquer des nations " , comme l'indique très justement Olivier Roy.

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