2. Le risque alimentaire

La consommation d'aliments issus directement ou indirectement du génie génétique est susceptible d'entraîner, comme toute modification d'habitude alimentaire, des risques nouveaux pour la santé humaine.

Rappelons, tout d'abord, que l'ingestion de gènes n'est pas, en soi, lié à l'avènement de la biotechnologie moderne, puisque de nombreux aliments qui composent traditionnellement notre alimentation contiennent déjà des gènes ou des morceaux de gènes.

a) Le risque toxicologique49( * )

L'ajout d'un gène nouveau dans une plante peut provoquer une perturbation non désirée de son métabolisme : l'insertion du transgène (on parle de " mutagénèse insertionnelle ") peut rendre d'autres gènes inactifs, ou au contraire stimuler le fonctionnement de certains autres gènes.

Un risque toxicologique peut apparaître lorsque la transgénèse conduit à la production de substances toxiques nouvelles ou à la stimulation de la production des toxines naturellement présentes mais en faible quantité dans les aliments traditionnels, comme c'est le cas de la solanine de la pomme de terre, de la tomatine des tomates ou de l'acide érucique du colza.

b) Le risque allergène

Ce risque existe déjà, de par la consommation courante de certains aliments, indépendamment des OGM.

Mais, on peut concevoir qu'un gène introduit par transgénèse provoque la synthèse de protéines allergéniques, c'est-à-dire déclenchant des allergies chez certaines personnes seulement, en raison d'une sensibilité particulière. Ce cas peut se produire soit lorsque ce gène provient d'une espèce elle-même connue pour ses propriétés allergisantes (comme l'arachide par exemple), soit lorsque l'introduction dans la cellule hôte du transgène détermine la synthèse d'une protéine allergisante.

Un exemple, bien connu, de transgénèse végétale réalisée à partir de Noix du Brésil, aliment allergène déjà couramment consommé, illustre la nature de ce risque. Dans ce cas précis, le gène d'intérêt, sélectionné pour sa faculté à permettre la synthèse de la méthionine, avait été transféré de la noix du Brésil, espèce où il existait à l'état naturel, à une variété de soja.

Or, la noix du Brésil provoque des allergies chez certaines personnes. La séquence d'ADN transférée aurait pu ne pas être impliquée dans ces allergies, c'est-à-dire ne pas coder pour la synthèse des protéines provocatrices d'allergies. Tel n'a pas été le cas : le soja génétiquement modifié contenait lui aussi les protéines allergènes. Pour cette raison, il n'a pas été commercialisé et, malgré ce qui est parfois affirmé ici ou là, cette expérience n'a jamais dépassé le stade des travaux de laboratoire 50( * ) .

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