3. Quelles perspectives pour l'industrie européenne ?

a) Les signes d'une reprise à court terme

En dépit de ce bilan mitigé, les perspectives de l'industrie européenne pour les tous prochains mois semblent être plus favorables.

Selon les chiffres publiés par la direction générale des Affaires économiques et financières de la Commission européenne (17( * )) , l'accroissement nominal de l'investissement dans l'industrie manufacturière devrait être de 6 % en 1998, comme en 1997. Au Royaume-Uni, on attend une forte augmentation de l'investissement industriel, de l'ordre de 11 % en 1998, après les 17 % enregistrés en 1997. En Allemagne et en France, ce taux pourrait croître respectivement de 7 % et de 3 %.

En 1997, le taux d'utilisation des capacités a connu une progression régulière. Cette tendance s'est poursuivie, ce taux s'élevant à 83,4 % en janvier 1998 contre 80,8 % l'année précédente (18( * )) .

En dépit des développements récents en Asie du Sud-Est, l'indicateur de confiance dans l'industrie a progressé en décembre 1997, essentiellement sous l'effet de perspectives plus favorables d'évolution de la production et d'une nouvelle amélioration des appréciations portées sur les stocks. Si cet indicateur a légèrement fléchi en janvier 1998, à la suite d'un ralentissement des entrées de commande, les perspectives d'emploi se sont améliorées.

Il ne faut pas sous-estimer l'importance de cette dimension psychologique, qui est essentielle en matière économique : l'avenir de l'industrie européenne ne dépend en effet pas seulement des gouvernements nationaux ou des institutions communautaires. Elle est aussi l'affaire des hommes qui la conduisent, de l'indice de confiance qu'ils portent aux perspectives économiques et de l'avenir personnel qu'ils envisagent. Le premier aspect est, depuis quelques mois, plus favorable. Le second paraît moins net si l'on considère le phénomène de " fuite des cerveaux " auquel on assiste actuellement et qui conduit de nombreux jeunes diplômés à s'expatrier de plus en plus massivement.

Quand l'industrie française reprend confiance...

Dans l'industrie manufacturière, les dépenses d'équipement envisagées pour 1998, ont été amplement revues à la hausse : + 4 % en valeur à l'enquête d'octobre 1997, + 11 % à celle de janvier dernier, soit une révision en hausse de 7 points. Or le plus souvent dans le passé, de fortes révisions en hausse lors des premières enquêtes ont été le signe d'une croissance vigoureuse des dépenses.

Les grandes entreprises industrielles, interrogées en janvier lors de l'enquête sur les facteurs de production, se déclarent elles aussi optimistes, prévoyant une croissance de leurs investissements de 12 % en 1998. En préfiguration de ces prévisions quantitatives, l'opinion des industriels sur les intentions d'achat s'était d'ailleurs déjà vivement redressée à l'enquête sur les trésoreries de juin 1997. L'enquête de décembre a confirmé ces intentions aux niveaux qu'elles avaient atteints en 1994 lors du précédent redémarrage.

Les éléments semblent donc tous réunis maintenant pour que l'on puisse envisager une reprise durable de l'investissement. Pour l'ensemble des entreprises, les dépenses en volume s'élèveraient de 5,6 % en 1998 et de 7,6 % en 1999. La progression devrait être ample dans les branches industrielles. Le retard d'investissement depuis 1990, année du précédent pic, y est en effet considérable ; il devrait être à l'origine d'une poussée des achats d'environ 9 % à chaque fois en 1998 et 1999. Mais à l'horizon de la prévision, le niveau des dépenses serait encore inférieur de presque 10 % à celui de 1990. De fait, en termes de taux d'investissement, cette progression des dépenses de près de 20 % d'ici à l'année prochaine ne constitue véritablement que l'amorce d'un rattrapage.

Source : étude OFCE réalisée à l'aide du modèle MIMOSA - 2 avril 1998.

b) La répartition mondiale de la production industrielle à l'horizon 2000

On entend par production manufacturière mondiale l'agrégat constitué des neuf branches suivantes : bois papiers et divers, chimie, électronique, matériaux de construction, matériel électrique, métaux de base, mécanique, textiles, véhicules. Les tendances passées et les perspectives de croissance industrielle à l'horizon 2000 sont les suivantes (19( * )) :

• depuis 1973, la part de l'Europe de l'Ouest dans la production mondiale régresse : de 30%, elle est passée à 27,3% en 1988 et pourrait ne constituer que 24,6% en l'an 2000, soit une perte de 2,7 points entre chaque période de référence ;

• la part de l'Amérique du Nord se contracte également, et à un rythme plus soutenu : elle passerait de 23,4% en 1988 à 18% en 2000, soit un recul de 5,4 points ;

• à l'inverse, les pays asiatiques, Japon inclus, enregistreraient l'essentiel des gains de production, passant de 26% en 1988 à 34,9% en 2000, soit une augmentation de 8,9 points.

A la fin de ce siècle, l'Asie développée (Japon et les quatre dragons) (20( * )) devrait ravir la place de l'Europe de l'Ouest et devenir la première puissance productive mondiale avec 26,9 %, contre 14 % en 1973.

Répartition mondiale de la production industrielle

 

Europe de l'Ouest

Europe de

l'Est

Amérique du

Nord

Amérique Latine

Asie développée

Autres pays d'Asie et d'Océanie

Afrique et Moyen-Orient

1988

27,3%

17,6%

23,4%

3%

22,1%

4,9%

1,7%

2000

24,6%

15,2%

18%

4,6%

26,9%

8%

2,7%

c) Les origines et les destinations des productions à l'horizon 2000

Les perspectives tablent sur la poursuite des tendances actuelles à une forte concentration du commerce sur les trois grands pôles de l'économie mondiale (Amérique du Nord, Europe et Asie développée) et à une prédominance des échanges à l'intérieur de chacune de ces zones.

Cependant, les évolutions à l'intérieur de ces zones seraient contrastées :

- on enregistrerait une stagnation de la production locale sur le marché Nord-américain (+ 2% aux Etats-Unis, mais une baisse au Canada) ;

- la croissance serait vive dans l'Union (+ 19%) grâce au doublement des échanges intra-communautaires ;

- on assisterait à une forte croissance de la demande intérieure en Asie et en Amérique latine, largement alimentée par des productions locales ;

- on devrait constater une rapide croissance des exportations japonaises et asiatiques vers les Etats-Unis et surtout vers l'Europe.

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