PREMIÈRE PARTIE -

BILAN ET PERSPECTIVES :
RÉFORMER LA PAC, UNE NÉCESSITÉ

I. LA RÉFORME DE 1992 : UN TOURNANT MAJEUR POUR LA PAC

La réforme de 1992 a marqué, par rapport à l'évolution qu'avait connu la PAC durant trente ans, une double rupture :

- la première entre la politique de gestion des marchés et celle de revenus des agriculteurs, puisque désormais une part importante du revenu est assuré moins par les prix payés par le consommateur mais davantage par des aides directes payées par le contribuable. En outre, la gestion des marchés repose sur des dispositifs de maîtrise de l'offre ou de contingentement des aides directes.

- la seconde par la recherche d'une convergence entre agriculture, environnement et territoire.

Or, moins de six ans après cette réforme la Commission Européenne a engagé un nouveau processus de modification de la PAC sans pour autant présenter un bilan détaillé de la réforme de 1992.

La mission d'information estime, au contraire, indispensable d'effectuer le bilan de réforme de 1992 avant d'engager tout nouveau changement.

A. UNE EVOLUTION GLOBALEMENT POSITIVE, A METTRE AU CRÉDIT DE LA RÉFORME DE 1992 ?

1. La réforme " Mac Sharry " de 1992 : principes et mise en oeuvre

Au début des années 1990, alors que les négociations agricoles multilatérales dans le cadre du cycle de l'Uruguay étaient dans l'impasse, certains dysfonctionnements de la PAC ont conduit la Commission Européenne à proposer la première réforme d'envergure de cette politique depuis sa mise en place dans les années 1960.

a) Le contexte du début des années 1990

La PAC a été, à plusieurs reprises, modifiée. C'est ainsi qu'ont été décidées, en 1984, des mesures de régulation des marchés telles que l'instauration des quotas laitiers. En 1988, le régime des " stabilisateurs " (faisant intervenir des quantités maximales garanties et une diminution automatique des prix en cas de dépassement) et des prélèvements dits de " coresponsabilité " ont été mis en place, à côté d'actions structurelles en faveur du boisement, de la protection de certaines zones fragiles en matière d'environnement, de la diversification de l'agriculture et d'incitations pour la mise en jachère de terres cultivées.

A bien des égards, ces mesures correctrices n'ont pas suffi à redresser une situation Européenne marquée à la fin des années 1980 par :

- le déséquilibre de certains marchés : en ce qui concerne notamment la viande bovine et les céréales, l'écart allait croissant entre la production et la consommation intérieure et conduisait à la constitution de forts excédents ;

- l'accroissement important des dépenses pour le budget communautaire : les dépenses du FEOGA-garantie ont cru en 15 ans 5 fois plus vite que la richesse communautaire, puisqu'elles ont été multipliées par 2,5 alors que le PIB Européen augmentait dans le même temps de 50 % seulement ;

- l'érosion des revenus agricoles : sur la même période, les revenus agricoles stagnaient -voire régressaient-, comme ce fut le cas entre 1990 et 1993.

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