2. " Un projet sans ambition " pour les organisations agricoles

La mission sénatoriale a auditionné plus d'une soixantaine de personnalités sur la réforme de la PAC. Elle a été très attentive à l'ensemble des propositions formulées par les organisations qu'elle a entendues.

Malgré quelques nuances, l'ensemble des organisations agricoles ont, dès l'été 1997, repoussé le projet de la Commission.

a) L'assemblée permanente des chambres d'agriculture : un véritable " réservoir " de contre propositions

L'APCA a présenté, depuis le mois de septembre dernier, plusieurs documents importants et intéressants sur la réforme de la PAC. Son analyse et ses prospectives ont constitué un élément essentiel dans la réflexion de la mission sénatoriale.

L'APCA juge que les propositions de Bruxelles, fondées sur un démantèlement progressif de la PAC et une renationalisation insidieuse, ne permettent pas de préserver le modèle agricole Européen.

Une telle politique est considérée comme contraire aux intérêts de l'Union Européenne :

- l'alignement systématique sur les prix mondiaux ignore la réalité des débouchés des produits agricoles Européens qui sont essentiellement dirigés sur le marché intérieur ;

- son coût restera élevé alors que le consommateur ne bénéficiera pas d'une baisse du prix de son alimentation ;

- la restructuration de l'agriculture risque de s'accélérer au détriment du maintien de l'emploi et de l'équilibre des territoires ;

- le métier d'agriculteur changera de nature en distendant ses liens avec le consommateur et le marché.

Les Chambres d'agriculture rappellent qu'une autre politique est possible reposant sur :

- des approches différenciées selon les productions, basées sur un soutien des prix adapté à la réalité des marchés Européen et internationaux ;

- des mécanismes de régulation rénovés, permettant aux agriculteurs de tirer l'essentiel de leur revenu d'un marché Européen solvable tout en répondant aux exigences des consommateurs et des citoyens ;

- des aides prenant mieux en compte les spécificités des productions, des exploitations et des territoires, dans le souci d'une plus grande légitimité vis-à-vis de la société.

Ainsi l'APCA dénonce l'absence d'un véritable projet de politique agricole Européenne qui traduirait une vision stratégique du rôle de l'agriculture au XXIe siècle . Le projet de la Commission ne repose pas, selon l'APCA, sur un choix de politique agricole adopté à l'Europe et à son modèle de développement.

Les propositions de la Commission Européenne vont à l'encontre du modèle élaboré ces derniers mois par les Chambres d'agriculture qui tentent de concilier, par des approches différenciées, les hommes, les produits et les territoires.

M. Jean-François Hervieu, Président de l'APCA, considère que les propositions de la Commission portent en germe " la fin d'une politique agricole ", transformée en une politique de revenus constitués d'aides payées par le contribuable.

La baisse " systématique " des prix qui est prévue risque de casser des pans entiers de l'activité agricole, comme les systèmes extensifs dans le domaine du lait et les oléagineux.

S'agissant des grandes cultures, le point le plus inacceptable selon l'APCA est le démantèlement des majorations mensuelles (primes de stockage, sans lesquelles les organismes collecteurs vendraient la plus grande partie des récoltes en début de campagne) et le sort réservé aux oléagineux. Au chapitre du développement rural, elle souhaite préserver la politique d'installation à l'ensemble du territoire et qu'elle ne soit pas seulement liée à des mesures en faveur de zones de handicap.

Ainsi, l'APCA estime que les projets de règlements de la Commission n'apportent d'amélioration ni pour le contribuable ni pour le consommateur ou le citoyen et préparent l'avènement d'une agriculture moins nombreuse, plus artificialisée, plus industrielle et globalement plus coûteuse.

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