3. Une formation insuffisante en matière de langues étrangères

a) La nécessité d'une excellente maîtrise des langues étrangères

Votre rapporteur est le premier à regretter le déclin de l'utilisation du français au sein des institutions européennes. Quoiqu'il en soit, celui-ci rend indispensable une excellente maîtrise des langues étrangères, du moins de l'anglais.

Dans son dernier rapport sur l'application des dispositions des conventions ou traités internationaux relatives au statut de la langue française dans les institutions internationales, la délégation générale à la langue française a souligné que, s'il restait très utilisé, le français connaissait un certain déclin au sein de l'Union européenne.

Certes, le français est, avec l'anglais et l'allemand, l'une des trois langues de travail de la commission et du COREPER.

Cependant :

- le français n'est plus le principal vecteur de communication au sein de l'Union puisque seulement 40 % des documents de communication interne sont écrits dans cette langue (50 % le sont en anglais) ;

- le français ne cesse de décliner en tant que " langue source " (c'est-à-dire en tant que langue d'origine, avant traduction, celle dans laquelle sont rédigés les documents initiaux) : alors que 70 % des textes primaires de la Commission comme du Conseil étaient écrits en français il y a dix ans, leur part est passée à 38,5 % pour les textes de la Commission (contre 44,7 % pour l'anglais) et à 50 % pour les textes du Conseil.

Il est ainsi fréquent que les fonctionnaires associés aux processus de négociation (qu'ils soient en poste à Paris ou à Bruxelles) travaillent directement sur des documents rédigés en anglais. Compte tenu des délais d'examen souvent fort brefs (parfois inférieurs à deux jours, voire à vingt-quatre heures) et de la taille de ces documents (qui atteignent fréquemment cinquante pages), ces fonctionnaires peuvent, malgré leur parfaite connaissance de l'anglais, éprouver certaines difficultés pour apprécier en temps voulu tous les enjeux d'une proposition.

Le déclin de l'utilisation du français par rapport à l'anglais se manifeste également dans les avis de recrutement d'organes tels qu'Europol. Ainsi, en 1995, les avis de recrutement exigeaient " la connaissance de plus d'une des principales langues européennes " ; en octobre 1997, il était demandé " d'avoir de bonnes connaissances orales et écrites d'au moins deux langues officielles de l'Union européenne , tout en considérant a) que l'anglais est la langue de travail de l'Unité Drogue Europol , et b) les relations étroites avec les autorités administratives néerlandaises " ; en décembre 1997, l'avis de recrutement exigeait " une excellente connaissance de l'anglais et la capacité de rédiger dans cette langue , et de préférence une bonne connaissance d'une ou plusieurs autres langues officielles de l'Union européenne ".

En pratique, la maîtrise de l'anglais apparaît également indispensable en marge des réunions officielles pour nouer, avec des homologues étrangers qui parlent de moins en moins le français, des contacts informels essentiels à la négociation.

b) Une formation insuffisante

Or, les policiers maîtrisent très mal les langues étrangères. L'épreuve de langue n'est obligatoire que depuis très peu de temps au concours de recrutement des commissaires. Nombre d'entre eux n'ont ainsi jamais pratiqué de langue étrangère.

A l'école nationale supérieure de police les élèves suivent actuellement une formation obligatoire de 40 heures à l'anglais dans le cadre d'une convention passée avec l'université. Ils ont accès à un laboratoire de langues où ils peuvent se perfectionner en anglais, allemand, espagnol et italien. L'anglais figure dans les épreuves de sortie de l'école avec un coefficient plus faible que les autres épreuves. La formation initiale aux langues est donc encore peu développée.

Une formation continue est organisée par l'Institut de formation de Clermont-Ferrand qui dépend de la sous-direction de la formation et organise des stages de six semaines à l'allemand, l'anglais, l'espagnol ou l'italien. Les personnels peuvent également suivre des cours au ministère des affaires étrangères ou au ministère des finances ou s'inscrire à des cours privés. Les possibilités de formation permanente existent donc mais celle-ci est laissée à l'initiative individuelle et reste insuffisante, les personnels y recourant peu.

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