2. Les niveaux réglementaires de marge de solvabilité minimum

La marge de solvabilité représente, au-delà des provisions techniques qui sont la source principale de solvabilité d'une entreprise d'assurance, le matelas de sécurité contre l'aléa dans la réalisation des divers risques qui peuvent affecter le passif ou l'actif d'une société d'assurance. Il s'agit d'une notion équivalente à celle des fonds propres qui est utilisée dans le domaine des entreprises et des banques.

Pour les sociétés d'assurance-vie, la marge de solvabilité doit représenter 4 % des provisions mathématiques et 1 % des provisions mathématiques des contrats en unités de compte.

Pour les sociétés d'assurance non-vie, la norme pour la marge de solvabilité est le plus élevé des deux chiffres suivants 100( * ) :

- 16 à 18 % (selon la taille) des primes émises ;

- 23 à 26 % (selon la taille) des charges moyennes de sinistres sur les trois dernières années (brutes de réassurance, le chiffre de charges est diminué du coefficient de sinistres cédé aux réassureurs).

Les plus-values latentes sont incorporées dans la marge de solvabilité en raison de l'harmonisation européenne.

Les sociétés mixtes effectuent un calcul séparé de leur besoin de marge de solvabilité selon la norme réglementaire et additionnent les deux exigences de fonds propres pour trouver le montant de fonds propres minimal requis.

Les sociétés d'assurance dommages traditionnelles se situent en général très au-dessus des exigences minimales, à un niveau de marge de solvabilité compris entre deux et trois fois le minimum.

Les sociétés d'assurance-vie se situent quant à elles juste au-dessus de l'exigence réglementaire, hors plus values latentes.

Quoi qu'il en soit, comme le souligne Cyril Roux, " la marge de solvabilité est un indicateur insuffisant, en dépit de son nom, pour estimer la solvabilité à moyen terme. Cette marge s'appuie en effet principalement sur les éléments du bilan sans que les produits ou les pertes d'exploitation des années à venir soient suffisamment pris en compte. La solvabilité d'une société disposant de fonds propres suffisants mais engagée dans une branche déficitaire est plus menacée qu'une société disposant d'une marge juste égale au minimum réglementaire qui dégage des profits réguliers. La politique tarifaire, la rédaction des contrats, le suivi du portefeuille, l'évolution des relations avec les réassureurs et les marchés financiers sont les éléments particulièrement importants de la solvabilité à moyen terme " 101( * ). Sigma a d'ailleurs bien montré l'influence de la profitabilité sur l'évolution de l'insolvabilité 102( * ) , qui n'est d'ailleurs nullement spécifique à l'assurance.

On se reportera, en annexe 5 de ce chapitre, à la comparaison du contrôle de solvabilité en Europe et aux Etats-Unis.

On notera également qu'une nouvelle réflexion sur l'appréciation de la solvabilité des entreprises au sein de groupes d'assurances (proposition de directive sur la surveillance des entreprises d'assurance faisant partie d'un groupe) ou de conglomérats financiers (travaux du groupe de Bâle) est entreprise qui situe les vrais enjeux de concurrence au niveau des prestataires globaux de services financiers.