2. Intervention de M. Géraud GUIBERT, adjoint au maire du Mans, secrétaire national chargé de l'Environnement au parti socialiste

M. Géraud GUIBERT . - Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs, je voudrais d'abord vous remercier, Monsieur le Président, d'avoir organisé cette table ronde. Le sujet est important et d'actualité et il est tout à fait utile que nous ayons ce dialogue.

Je voudrais rappeler les trois éléments essentiels du diagnostic, tels que nous les voyons au parti socialiste.

Le premier est l'existence dans notre pays d'instances de bassin qui jouent un rôle positif et important dans la politique de l'eau . Le système mis en place dans les années 60 a quelque peu vieilli. Son action est restée incomplète et imparfaite. Ses défauts se sont accentués au fil des ans. Mais son cadre général reste indispensable. La gestion de l'eau sur la base du principe pollueur payeur et la circonscription géographique cohérente du bassin doivent être notre logique d'action. Notre objectif sera donc de moderniser le système et non de le supprimer ou d'en réduire l'importance.

Le deuxième élément du diagnostic est la relative insatisfaction de nos concitoyens à l'égard des problèmes de l'eau et, Monsieur le Président, vous êtes aussi comme moi originaire de l'ouest de la France, nous sommes bien placés pour le savoir.

L'incompréhension peut se résumer comme suit : depuis le début des années 90, le prix de l'eau augmente fortement, les compagnies de distribution font des bénéfices importants, et la qualité de l'eau ne s'améliore pas, voire se dégrade. On sait que ce jugement n'est pas toujours juste, mais il existe et il faut le prendre en compte.

Le troisième élément est le caractère totalement désordonné et souvent peu rationnel des mesures prises ces dernières années en matière de fiscalité écologique . Il n'est donc pas étonnant que les résultats aient été quelque peu décevants.

La multiplication des taxes affectées, de faible montant, n'a eu qu'un effet marginal sur la réalité des nuisances. Une grande défiance s'est installée à l'égard de l'utilisation de l'outil fiscal vis-à-vis de l'environnement, alors que c'est à l'évidence une voie d'avenir. La dispersion a laissé des trous béants dans l'application du principe pollueur-payeur et a rendu impossible l'utilisation de la fiscalité sur l'environnement pour favoriser les créations d'emplois.

La réflexion d'ensemble sur la fiscalité écologique était une démarche indispensable. Celle qui a été impulsée depuis quelques mois par le Gouvernement constitue une première dans notre pays. Le parti socialiste et ses parlementaires y ont fortement contribué. C'est dans ce cadre que le Gouvernement a décidé de proposer au Parlement, qui vient de l'adopter, la création d'une taxe générale sur les activités polluantes. Le parti socialiste se félicite de cette mesure, qu'il avait lui-même proposée, et qui doit permettre une rationalisation de notre dispositif.

Il reste que sa mise en oeuvre dans le secteur de l'eau suppose à l'évidence des dispositions particulières. La ministre de l'Environnement, Mme Dominique VOYNET, a d'ailleurs indiqué que son application à l'eau, fixée pour l'an prochain, devait faire l'objet d'une concertation qui est engagée avec toutes les parties concernées. Et ce n'est qu'après cette concertation que les mesures définitives seront prises.

Le parti socialiste quant à lui souhaite que la fixation des modalités d'application de la TGAP à l'eau soit l'occasion de consolider et d'améliorer le système des redevances.

Notre souhait est que soit renforcée la régulation du système afin que le service public de l'eau exerce mieux ses missions.

Ceci suppose de rendre le système de redevance plus cohérent à partir d'un certain nombre d'orientations.

La première : généralisation, dans le cadre du bassin, de l'application du principe pollueur payeur , et nous en sommes assez loin.

Deuxièmement, meilleur encadrement par le Parlement des règles applicables , en particulier pour des assiettes plus simples et plus claires.

Troisièmement, introduction de nouveaux mécanismes de péréquation afin de mieux prendre en compte les inégalités qui restent trop grandes devant la facture d'eau.

C'est dans un tel cadre que pourra être atteint au mieux le double objectif que nous devons poursuivre. Le premier est de garantir la nécessaire autonomie des instances de bassin, avec une gestion décentralisée et partenariale. Le deuxième est de promouvoir la création d'un outil à assiettes suffisamment larges pour faire jouer le double dividende. L'essentiel en fait est que la TGAP, la TIPP 5( * ) et les redevances de l'eau puissent à l'avenir être utilisées ensemble en faveur de l'environnement et de l'emploi.

(Applaudissements).

M. Jacques OUDIN . - Merci. Je ne suis pas certain que tout le monde, à ce stade de notre information, ait bien appréhendé ces éléments. J'ai noté que vous avez dit que la TGAP doit renforcer le système des redevances et cela méritera quelques explications complémentaires. La fiscalité est une chose très compliquée, je peux vous l'assurer étant membre depuis 12 ans de la Commission des finances du Sénat. Je dois reconnaître que tout cela n'est pas pour moi d'une parfaite limpidité, mais je suis sûr que les explications de la matinée vont nous éclairer.

Votre propos indique la volonté de renforcer le système des redevances et à côté de faire en sorte que l'ensemble de la fiscalité écologique puisse être plus efficace. Je crois que c'est louable et nous ne pouvons que partager un souci qui fasse que notre système fiscal soit plus efficace.

Maintenant, M. Pierre RADANNE, vous qui êtes le premier concerné par la loi de fiscalité en tant que Président de l'ADEME, pouvez-vous nous faire part de votre sérénité en la matière et surtout de celle que vous ressentez sur l'avenir des ressources de votre organisme une fois que le système aura changé ?

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page