C. SYNTHÈSE PAR DOMAINE

1. dans l'industrie

a) Les avantages concurrentiels français dans l'industrie sont nombreux

Dans le cadre du processus de décision d'implantation d'une entreprise industrielle, la France dispose d'un certain nombre d'atouts :


• la taille du marché (qui positionne favorablement la France par rapport à des concurrents tels que les Pays-Bas) et l'accès au marché,


• les sources d'approvisionnement de la majorité des matières premières possibles,


• un environnement industriel performant,


• une très bonne qualité des infrastructures,


• une très grande qualité de la main-d'oeuvre qualifiée, de même qu'une bonne productivité. Les formations d'ingénieurs sont de très bon niveau, et devraient permettre le développement de nouvelles entreprises et d'une industrie technologique de pointe.

D'autre part, notre pays possède des avantages concurrentiels certains dans plusieurs secteurs industriels :


• l'électronique (où l'environnement industriel de l'Île de France et de la région PACA est très reconnu, et où les flux d'investissements sont importants),


• l'automobile (le Nord et l'Est de la France sont très reconnus, mais la concurrence est rude en Europe, et le marché globalement saturé),


• le luxe (le savoir-faire français est l'un des plus reconnus, et le label "Made in France" est un atout majeur),


• les investissements capitalistiques, qui compensent le surcoût de la fiscalité par l'utilisation d'un main-d'oeuvre très qualifiée mais peu nombreuse,


• les investissements logistiques pour les produits lourds et encombrants à destination du marché européen.

b) mais des freins demeurent toujours

La France est généralement très mal perçue sur un certain nombre de facteurs, notamment ceux sur lesquels les pouvoirs publics ont une large responsabilité. Il s'agit surtout d'un problème d'image, mais appuyé par plusieurs éléments concrets :


• une fiscalité globale lourde (malgré une bonne image du système d'aides financières) avec en particulier la taxe professionnelle qui est très pénalisante pour le processus de fabrication,


• le niveau des charges sociales est trop élevé, surtout en ce qui concerne la main-d'oeuvre non qualifiée,


• la France est perçue comme un pays d'instabilité politique et réglementaire.


• la législation de l'environnement est jugée trop peu flexible, par rapport au reste de l'Union Européenne.


• la flexibilité du travail est jugée totalement insuffisante.


• la qualité de la main-d'oeuvre non qualifiée est souvent jugée très insuffisante. D'autres freins plus généraux peuvent également être mis en cause.


• Un déficit d'esprit d'entrepreneuriat dû à :


• un développement de l'essaimage industriel encore limité,


• un environnement "Grandes Écoles" et des perspectives de carrière encore trop confortables qui n'incitent pas à la prise de risque et à la création d'entreprise.


• Une fiscalité de la création d'entreprise devenue dissuasive (régime des Stocks Options) et un système de financement auquel il manque la source fondamentale des fonds de pension.


• Une recherche fondamentale publique difficilement accessible au secteur privé, et qui ne cherche pas suffisamment à transférer ses découvertes vers la recherche appliquée ou à générer nouvelles entreprises.

2. dans les services

a) Contexte général

L'industrie des services est caractérisée par un important besoin en main-d'oeuvre. La situation de la France à ce niveau est ambiguë, puisque d'une part, elle est réputée pour sa main-d'oeuvre très qualifiée et de très bonne qualité, mais d'autre part, les coûts de main-d'oeuvre, et de charges sociales qui lui sont rattachés sont également très importants. Or, la main-d'oeuvre constitue le principal poste de coûts dans les activités de services. Pour les PME de services, la main-d'oeuvre peut représenter jusqu'à 70 % des coûts.

L'exemples des Centres d'Appels

Généralement, la concurrence au niveau de l'implantation d'entreprises en France est concentrée autour des pays du Nord de l'Europe, et de la Grande-Bretagne, sachant que certains de ces pays se sont spécialisés dans certains domaines. C'est le cas par exemple de l'Irlande, qui a fait des Centres d'appels une cible prioritaire.

Dans le cas de l'implantation d'un centre d'appels, sept facteurs principaux de différenciation ont été mis en évidence dans une étude menée par Catherine Vella, chargée d'études de la DATAR.

1. Le facteur humain c'est-à-dire la possibilité de recruter des "native speakers" (ou tout simplement des gens capables de parler plusieurs langues), la présence de formations spécifiques pour la communication au téléphone (car travailler au téléphone est un métier à par entière, qui nécessite du personnel réellement qualifié) et enfin, les salaires.

2. Les Télécommunications (France Télécom est très bien positionné au niveau des infrastructures par rapport à la plupart de ses concurrents européens et de nombreux opérateurs de Télécom étrangers sont présents sur notre territoire ce qui laisse un choix important à l'investisseur).

3. Les transports, qui sont d'une importance vitale, puisque aujourd'hui, les centre d'appels pan-européens ont des clients dans toute l'Europe et ont donc besoin de se situer dans des régions où les transports sont très développés et permettent de se rendre très facilement partout dans le monde.

4. Les aides (qui n'interviennent donc qu'en 4è position dans les critères de localisation). En effet, dans les services, contrairement à l'industrie, très capitalistique, les investissements sont beaucoup moins importants, et principalement centrés autour de la main-d'oeuvre. En conséquence, les aides y sont beaucoup moins importantes, et ne constituent donc pas un critère de différenciation fort.

5. Le coût des locaux et la vitesse de réactivité. De plus en plus de collectivités locales prévoient ce genre d'implantations dans leur commune et engagent des travaux afin de préparer des locaux "prêts à l'emploi". Ainsi, les temps de travaux sont de plus en plus courts. Il y a eu une véritable prise de conscience sur le sujet de la part de nombreuses communes, comme Tarbes et Belfort, par exemple.

6. La qualité de la vie, et notamment, critère le plus important, le temps d'accès au lieu de travail. Les villes moyennes (qui ont un cadre de vie beaucoup plus attirant) bien desservies (train, métro, RER) sont les plus prisées.

7. Les spécificités de la région. Par exemple, la ville de Niort, qui est un véritable centre pour les compagnies d'assurance, constitue un pôle d'attraction pour toutes les entreprises dont l'activité est centrée autour de ces compagnies.

Ces éléments expliquent en partie pour quelles raisons la France est très fortement concurrencée par des pays tels que l'Irlande et les Pays-Bas.

En matière d'emploi, si les 35 heures sont appréciées pour la profession (car cela permet une plus grande souplesse, étant donné qu'il est difficile de travailler au téléphone pendant 8 heures par jour), ce n'est pas le cas dans le reste des métiers des services. D'autant plus que le secteur des Centres d'Appels à la particularité, en France, de ne pas encore avoir de convention collective, ce qui empêche toute négociation, notamment sur les horaires de travail (il est totalement interdit aujourd'hui pour une plate-forme de travailler 24h/24 et 7j/7). Parallèlement, au Bénélux, la législation est très souple, et permet même d'employer un salarié 10 minutes par jour !

b) Les forces françaises

Les raisons qui pourraient inciter à se développer en France, pour une entreprise de services sont principalement :


• la qualification de la main-d'oeuvre (ingénieurs, informaticiens....),


• l'innovation technologique (les informaticiens français, par exemple, sont très réputés et connus pour être non seulement excellents, mais aussi très créatifs),


• l'accueil (valorisation du candidat à l'implantation par les organismes français),


• un marché très attractif (notamment en région parisienne),


• des infrastructures de transport de voyageurs excellentes (TGV, aéroport de Roissy).

D'autre part, l'implication es pouvoirs publics peut jouer en la faveur de la France. Un bon exemple en est l'implantation de Fedex à Roissy, qui a été possible grâce à la forte implication de Gouvernement, en particulier en ce qui concerne l'amélioration des infrastructures autour de Roissy. À l'opposé, la même flexibilité, et la même réactivité n'ont pas eu lieu dans le cas de l'implantation de DHL dans la région strasbourgeoise, ce qui a abouti à l'échec du projet. Rappelons que les entreprises et les agences de promotion demandent constance et stabilité dans les orientations politiques.

En matière d'aides fiscales, la France sait s'aligner sur les aides et les subventions des pays concurrents. Cela dit, d'après les acteurs institutionnels, il ne s'agit pas là d'un réel facteur différenciant, sachant que les entreprises qui souhaitent s'implanter dans un pays, et qui passent par les agences de promotion et de conseil, ont les moyens de s'implanter sans aides.

c) Les principaux freins

La majeure partie des faiblesses de la France, et par conséquent, des freins à l'implantation d'entreprises de services étrangères se situe autour de la réglementation. En effet, les acteurs institutionnels interrogés sont conscients de leur dans l'attraction d'investisseurs étrangers.

Les principaux freins qui peuvent défavoriser la France en matière d'investissements étrangers dans les services sont :


• les problèmes culturels,


• les aides et les subventions, généralement longues à négocier et pouvant sembler inconstantes ou opaques,


• les procédures fiscales compliquées,


• la rémunération en actions du personnel, très lourdement fiscalisée (ce qui constitue réellement un handicap majeur dans les services),


• le coût du travail non qualifié,


• la législation du travail (notamment en ce qui concerne les centres d'appels qui n'ont pas le droit de travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et qui n'ont pas pour l'instant de convention collective).

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