III. DES OUTILS DE PROMOTION / PROSPECTION EN QUÊTE D'UNE STRATÉGIE

Confrontée à des problèmes de reconversion et à des difficultés de développement de certains territoires, la DATAR a créé, il y a plus de 20 ans, un réseau de prospecteurs à l'étranger, en vue de redynamiser l'activité économique par l'arrivée de nouveaux investisseurs en France.

Depuis, le contexte d'intervention de la DATAR est marqué par une concurrence accrue entre territoires et acteurs de par :

1. l'évolution des besoins des investisseurs « potentiels » en matière de localisation, comme cela a été souligné dans les développements précédents ;

2. l'évolution des facteurs d'attractivité des territoires concurrents

On note un durcissement de la concurrence des territoires à deux niveaux : d'une part, l'Europe de l'Ouest est globalement concurrencée, pour les investissements directs, par les pays de l'Est, notamment asiatiques ; d'autre part, au sein de l'Union européenne, des pays comme le Royaume Uni, les Pays-Bas, ont professionnalisé leur démarche de promotion et de prospection des investissements étrangers, renforçant ainsi leurs facteurs d'attractivité par rapport à la France.

3. l'évolution de l'intérêt des acteurs français du niveau national et / ou local pour l'investisseur étranger

Alors que la France est entrée tardivement dans la mission « commerciale » de l'attraction des investissements étrangers, on voit apparaître, depuis une dizaine d'années, de nouveaux et multiples acteurs dans ce domaine à deux niveaux.

au niveau national Visant une plus grande ouverture de la France aux investissements étrangers pour, d'une part, contrebalancer les investissements français à l'étranger, et d'autre part créer des emplois en France, le Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a créé en 1992, une délégation aux investissements internationaux.

au niveau régional et/ou local

La décentralisation conjuguée à la crise économique de certains bassins d'emploi ont encouragé les collectivités locales à renforcer leurs actions de promotion / prospection d'investissements étrangers.

C'est donc dans ce nouveau contexte que le dispositif de la DATAR s'est enrichi et à la fois compliqué.

A. UN DISPOSITIF PUBLIC ÉCLATÉ SANS VÉRITABLE ARTICULATION STRATÉGIQUE

Le dispositif français de promotion des investissements étrangers est un système diversifié de structures qui relèvent de différents niveaux territoriaux (national, régional, infrarégional) et de divers acteurs (État, Collectivités locales, Organismes parapublics).

Compte tenu de sa diversité, ce dispositif public apparaît confus et complexe :


• confus en regard de la multiplicité des acteurs qui interviennent sans véritable articulation stratégique ;


• complexe en regard des différentes logiques et des objectifs parfois antagonistes qui animent les différents acteurs.

1. au niveau national : l'etat développe deux logiques complémentaires et concurrentes à la fois

Le dispositif national de promotion des investisseurs étrangers est animé par des structures qui relèvent de ministères différents :


• le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement (M. A. T. E),


• le Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.

a) Principales caractéristiques de la structure de promotion du M. A. T. E. le « dispositif DATAR »

Depuis de nombreuses années, la DATAR est au centre d'un dispositif qui comprend :

1. un réseau international d'agences de prospection : les Invest in France Agencies (IFA),

2. une tête de réseau au sein de la DATAR - Paris, chargée principalement de coordonner les actions des IFA, d'orienter sur le territoire français les projets d'investissement étrangers et de mutualiser un certain nombre d'actions dans ce domaine avec les collectivités locales,

3. une association loi 1901 : Invest In France Network (IFN).

La DATAR dispose également de correspondants régionaux, principalement les Commissariats à l'industrialisation, pour mettre en oeuvre ses axes d'intervention en matière d'aménagement du territoire et de développement local.

Le réseau international d'agences de promotion : les Invest in France Agencies (IFA)

Installés dans 16 bureaux à l'étranger, les Invest in France Agencies (IFA) sont localisés en Europe (7), en Amérique du nord (4) et en Asie (5). Ils sont chargés de prospecter les investisseurs, de préparer les premiers éléments de réponse en matière d'informations sur les lieux d'implantation les plus pertinents, d'organiser des visites de sites. Les dossiers IFA sont ensuite traités au niveau national par la DATAR - Paris.

Pour l'année 1998, le budget de fonctionnement des IFA ( ( * )6) s'élève à près de 40,6 millions de Francs ; il se décline comme suit :

Il est intéressant de souligner que les IFA jouissent d'une grande latitude dans les méthodes mises en oeuvre pour identifier les prospects et promouvoir le territoire national. Il serait intéressant d'apprécier la productivité des différentes approches et de favoriser la diffusion des meilleurs pratiques, ce qui n'entre pas dans le champ de cette évaluation.

Formation des effectifs

Il existe deux profils de salariés au sein du réseau :


• des diplômes issus de grandes écoles de commerces (HEC...)


• des diplômes des grandes écoles d'ingénieurs.

La moyenne d'âge se situe entre 30 et 35 ans. La tendance est au vieillissement de l'organigramme. Ainsi, il y a une dizaine d'années, la plupart des personnes recrutées n'avaient pas d'expérience en entreprise, contre 2 à 5 ans actuellement.

La DATAR - Paris : tête du réseau

L'équipe de la DATAR à Paris est notamment chargée de réunir le Comité de Suivi des Projets Étrangers (COSPE), instance partenariale et compétente pour apprécier l'opportunité territoriale des projets et saisir les acteurs régionaux.

Composé de multiples partenaires représentant les ministères, la DATAR, la Délégation aux Investissements Internationaux, les cellules locales, certaines entreprises (sociétés de reconversion, notamment), les fonctions du COSPE sont triples :


• étudier les projets transmis par les IFA et les orienter vers les territoires,


• réaliser l'expertise technico-économique de certains projets,


• diffuser les candidatures aux correspondants régionaux susceptibles de pouvoir répondre aux critères de localisation des projets.

Pour l'année 1998, le budget de fonctionnement de l'équipe chargée à la DATAR - Paris de la promotion des investissements étrangers ( ( * )7) s'élèverait à plus de 2 millions de Francs ; il se décline :

La DATAR dispose de correspondants en régions : les Commissariats à l'industrialisation. Leur mission est plus large que la prospection, même si cette activité contribue à leur légitimité.

Le réseau Invest in France Network (IFN)

Créée en 1992, à l'instigation de la DATAR, cette association loi 1901 contribue à éviter le développement d'une concurrence franco-française, néfaste à l'efficacité de l'action de promotion des investissements étrangers de la France.

Ainsi, IFN regroupe aujourd'hui, 80 membres dont les représentants de l'État (Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement, Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Ministère des Affaires Étrangères), les représentants des collectivité territoriales (cf. Agences locales de Développement) et des représentants de grandes entreprise.

Back-office de la DATAR et de son réseau étranger, l'IFN a vocation à rassembler les acteurs français. Elle ne fait pas de prospection et n'a pas de contact avec les investisseurs. L'association mutualise un certain nombre de moyens. Parmi ses principales fonctions, on peut notamment souligner :


• la promotion de la France ; IFN publie et met à disposition de ses membres des ressources documentaires (brochures, monographies, analyses sectorielles, site Internet) au services d'une promotion ciblée et sectorielle ; dans ce cadre, IFN recense les IDE en France ;


• la formation professionnelle des adhérents ;


• les relations publiques par le biais d'animation de clubs d'investisseurs étrangers en France (exemple des investisseurs coréens ou japonais).

Pour l'année 1998, le budget de fonctionnement d'IFN ( ( * )8) s'élève à près de 13,3 millions de Francs ; il se décline :

Les charges de fonctionnement s'élèvent à 6,260 MF et les charges d'intervention à 7,040 MF.

Globalement, le « dispositif DATAR » appelle un certain nombre d'observations :

1. ses efforts de prospection interviennent dans un contexte de décentralisation où l'encadrement des actions locales paraît de plus en plus difficile à assurer au niveau national ;

2. l'orientation régionale des projets IFA, décidée par le COSPE, reste contestée par les échelons régionaux qui soulignent le manque de transparence et de neutralité de la procédure ;

3. la localisation géographique du réseau à l'étranger, notamment en Europe, semble déséquilibrée en regard des potentiels d'investisseurs étrangers.

b) Principales caractéristiques de la structure de promotion du Ministère de l'Économie et des Finances : le « dispositif Bercy »

Ce dispositif s'organise principalement autour de :


• la Délégation aux Investissements Internationaux, dont le représentant a été jusqu'en 1998, un ambassadeur itinérant, Monsieur Tordjman ;


• l'association FRIEND (Association Française pour le Développement International des Entreprises).

La Délégation aux Investissements Internationaux (D2I) : une mission ambiguë

Nommé délégué en 1992, Monsieur Tordjman a pour principales missions de communiquer sur l'image de la France et de prospecter les investisseurs étrangers. Sa cible comprend les leaders d'opinion. Cette action marque une rupture avec la position ambiguë face aux investisseurs étrangers qui avait perduré jusqu'alors.

Les conditions de sa nomination ne prévoient ni la création d'un poste budgétaire de délégué, ni celle d'un poste de collaborateur, ni celle, a fortiori, d'une délégation pour conduire cette mission. Cependant, ces conditions comportent un certain nombre d'ambiguïtés que la pratique a révélées. En effet,


• la lettre de mission indique que le Délégué est placé sous l'autorité de trois ministres (Aménagement du territoire, Finances, Affaires étrangères) ; il peut s'appuyer sur leurs services ;


• en pratique, il opère pour le ministère des finances, constitue de fait une délégation aux investissements internationaux (D2I) et s'entoure d'agents relevant desdits ministères pour rejoindre la D2I à Bercy.

Ainsi, visant à augmenter le flux de projets, la D2I réalise un travail important de promotion, au plus haut niveau, auprès des dirigeants étrangers. Elle cherche, en outre, non sans difficulté, à faire évoluer le cadre administratif et fiscal français en vue d'agir sur les freins à l'attractivité du territoire.

Enfin, pour conduire sa mission à l'étranger, la D2I s'appuie sur les Postes d'Expansion Économiques (PEE) ( ( * )9) , également rattachés au Ministère de l'Économie et des Finances. Ces postes, principalement chargés d'une mission de diplomatie économique, d'appui à l'exportation et à l'internationalisation des entreprises françaises, sont faiblement impliqués dans la promotion des investissements étrangers. Dans certains cas, ils peuvent toutefois, en l'absence d'un bureau IFA de la DATAR, être le point de contact privilégié à l'étranger pour un investisseur et jouer un rôle de veille et d'alerte. Leur contribution, à ce jour, se limite à la diffusion d'informations sur le territoire national, sur la réglementation, la mise en relation avec les organismes publics.

Compte tenu du développement des actions de promotion et d'accueil des investisseurs étrangers en France, la DATAR et la Direction des relations économiques extérieures ont établi un protocole d'accord pour coordonner leurs actions auprès des différents partenaires. Cet accord vise à préciser les principes de coopération dans ce domaine entre les deux administrations et les principes de gestion.

Le budget de fonctionnement de la D2I est de 4 à 5 MF par an (fonctionnement, édition, voyages, cofinancement d'études). La Délégation regroupe, outre l'Ambassadeur délégué, deux adjoints et une responsable de la communication, ainsi que 5 assistantes.

Le réseau FRIEND

L'association française pour le développement international des entreprises (FRIEND), créée en 1987, a essentiellement un rôle de promotion, proche de celui de l'IFN.

Elle publie des documents dans diverses langues sur l'investissement en France. Les membres de FRIEND sont des autorités locales et des Agences de Développement local, des représentants de l'État et des grandes entreprises. Invest In France est également membre de FRIEND et donne son aval au plan de communication de l'association.

Le budget de l'association est d'environ 1,5 MF pour 1998.

Premières observations sur le dispositif ÉTAT

Il en résulte in fine que,


• par le biais de ces deux administrations (DATAR - D2I), l'État organise en parallèle - es complémentarité mais aussi en concurrence - une action de promotion / prospection ;


• en outre, le dispositif État intervient dans des logiques distinctes : le « dispositif DATAR » agit dans une optique d'aménagement du territoire ; ses actions portent exclusivement sur le « projet » d'investissement. Le « dispositif Bercy » assure avant tout la promotion du territoire ; ses actions sont essentiellement orientées vers le « hors projet », l'environnement socio-économique de l'entreprise, y compris les politiques technologiques et industrielles.

Dans ce dispositif, le rôle de l'État dans la diffusion de l'information sur les projets est perçu de manière ambiguë (opacité dans la sélection des régions ou des sites destinataires). Si, dans les faits, la DATAR semble privilégier le créneau de la prospection et la D2I celui de la promotion, les acteurs locaux attendent du niveau national une position claire quant à la définition des compétences de l'État dans ce domaine.

2. au sein des territoires : une démarche de promotion qui se professionnalise de manière inégale

Acteur de plus en plus importants dans le domaine socio-économique, les collectivités locales ont développé des actions de promotion des investissements étrangers très différenciées en fonction de leurs objectifs, des stratégies de développement et des moyens dont elles disposent.

a) Des initiatives locales plus ou moins structurées en matière de promotion des investissements étrangers

Il est important de souligner qu'au niveau territorial, il n'existe pas de schéma organisationnel unique ou dominant pour conduire les actions de promotion des investissements étrangers.

Ainsi, on peut noter que ces actions sont :


• soit, internalisées au sein d'un service public (régional, départemental, local,...) ou parapublic ;


• soit externalisées au sein d'une structure en partenariat pouvant regrouper l'ensemble ou partie des acteurs locaux qui interviennent dans le développement économique territorial. Ces structures relèvent pour la plupart du statut associatif loi 1901.

b) Des stratégies territoriales différentes en matière de développement économique

Dans l'ensemble, les acteurs publics ont une volonté partagée en matière de développement économique, entre un soutien par l'exogène et/ou par l'endogène :


• l'exogène suppose de conduire des actions de promotion / vente auprès d'investisseurs nationaux ou internationaux, auprès d'acteurs a fortiori non impliqués dans leur territoire d'action ;


• l'endogène suppose de conduire des actions visant à renforcer le potentiel de développement du tissu existant, visant à soutenir la compétitivité d'acteurs qui contribuent déjà au développement local. On note plus particulièrement des actions :

* d'aménagement du territoire ;

* de suivi et d'accompagnement des entreprises déjà présentes sur le territoire ;

* d'aide à la transmission d'entreprises/reprises d'entreprises en difficulté ;

* d'aide à la reconversion ;

* de soutien aux intercommunalités, etc.

Ces deux logiques exogène - endogène peuvent s'exclure ou être conduites en complémentarité en fonction des objectifs poursuivis et des moyens déployés.

L'enquête régionale conduite en Aquitaine, en Lorraine et en Rhône Alpes nous permet de proposer, ci-après, une typologie des structures et/ou services de développement économique en fonction de l'importance et des moyens accordés à la promotion des investissements étrangers.

Typologie des acteurs agissant dans la promotion des investissements étrangers

Commentaire sur les principaux cas de figure rencontrés :


Cas n° 1 : l'organisme a une activité essentiellement endogène

Il n'engage pas d'action spécifique de promotion des investissements étrangers ; toutefois, il est membre du réseau IFN et répond ponctuellement à des demandes d'investisseurs extérieurs. C'est le cas, par exemple, du service économique et de l'emploi du Conseil général de la Dordogne.


Cas n° 2 et n° 3 : l'organisme conduit des actions de développement endogène et exogène (national et/ou international)

Cas les plus fréquemment rencontrés ; les structures engagent des actions qui renforcent l'attractivité globale de leurs bassins en vue de soutenir le potentiel de développement de leur tissu existant mais aussi en vue d'attirer de nouvelles activités sur leur territoire.


Cas n° 4 : l'organisme est chargé exclusivement du développement exogène

Parmi les structures contactées, on peut citer le BRA (Gironde) et Pyrénées Atlantiques Expansion pour illustrer ce cas, puisque leur activité est exclusivement liée à la promotion des investissements nationaux et/ou étrangers.


• Cas n° 5 : l'organisme vise le soutien du tissu existant par des actions de développement conduites à l'international

Cas plutôt rare : l'activité est exclusivement liée à l'international. Dans le cadre de notre échantillon, nous pouvons souligner l'intervention d'ERAI (Entreprise Rhône-Alpes International) dont les deux principales activités sont l'investissement étranger et l'aide à l'exportation des entreprises françaises.

c) Des natures de projets d'investissement différentes

Les projets d'investissement traités par ces structures relèvent de deux natures :


• les greenfields : création d'une activité par implantation d'une entreprise ;


• les investissements indirects : prises de participations, joints-ventures. fusions-acquisitions, ...

Les acteurs du dispositif de promotion des investissements étrangers se sont plutôt positionnés sur le traitement de dossiers d'investissements directs. En effet, il est, semble-t-il, difficile d'apporter une réponse à une demande d'investissement indirect. Comment connaître les entreprises en quête de partenaires ? La vraie difficulté n'est pas de principe mais bien d'ordre pratique. Dans le cas d'une demande de reprise, ils ne disposent souvent pas des renseignements nécessaires sur les opérateurs économiques existants.

d) Des fonctions différentes

Concernant l'attraction des investissements étrangers, la diversité des acteurs du dispositif de promotion français est également liée à leurs fonctions. L'activité liée aux investissements étrangers peut être décomposée en plusieurs volets :


• la promotion de l'image ;


• l'adaptation des règles fiscales, de l'environnement culturel et social ;


• la prospection ;


• l'accueil des investisseurs ;


• le suivi des entreprises implantées, le service après vente.

Promotion de l'image

La quasi-totalité des membres du dispositif est impliquée dans la promotion de son territoire. Lors de notre enquête en région, nous n'avons rencontré qu'un seul cas d'activité uniquement tournée vers la prospection : ERAI, déjà citée, n'a pas développé d'activité de promotion spécifique. Elle effectue de la prospection pour un groupe d'Agences de Développement de la Région Rhône-Alpes, le GPR (voir annexe 2c).

Prospection

L'action de prospection dépend quant à elle de la stratégie des acteurs et des moyens consacrés. On notera que la plupart des structures rencontrées ont une stratégie plus « réactive » qu'offensive face à l'investisseur étranger. En effet seules les structures importantes, qui disposent des moyens suffisants, peuvent prospecter de manière active ; on peut citer ERAI et ADERALY en Rhône Alpes APEILOR et les Comités d'Aménagement de Promotion et d'Expansion (CAPE) en Lorraine, le BRA en Aquitaine. Les autres structures cherchent quant à elles à s'inscrire dans les réseaux de prospection déjà organisés en vue de pouvoir répondre à d'éventuels projets d'investisseur.

Globalement, les structures rencontrées cherchent à professionnaliser leur réponse face à une candidature qui leur est soumise.

La difficulté de trouver la taille critique nécessaire à une activité de promotion ou de prospection efficace est contournée par les acteurs du dispositif. En effet, ceux-ci adaptent leur proposition en fonction du prospect. L'agence de développement d'un département va par exemple promouvoir sa position au sein de l'Europe pour attirer un investisseur américain.

L'argumentation sera différente, plus précise auprès d'un investisseur européen. Pour un secteur donné, une agence départementale pourra mettre en avant son appartenance à une région performante dans ce secteur, comme le Grand Sud-Ouest pour l'aéronautique. Il ne semble donc pas y avoir de gène réelle liée au niveau territorial.

On constate par ailleurs, que la prospection tous azimuts, pratiquée dans les 80-90, semble avoir fait place à une prospection ciblée par secteur, basée sur les ressource disponibles (main-d'oeuvre, sous-traitants, pôles d'excellence). La zone géographique prospectée dépend la plupart du temps du secteur cible.

Cette évolution traduit une certaine professionnalisation de l'activité promotion / prospection, qui va de pair avec le souci d'une rationalisation des coûts. La procédure de certification de certaines agences de développement est également un indicateur de la recherche d'une qualité de prestation.

Accueil des investisseurs, suivi des entreprises implantées et service après vente

L'accueil des investisseurs est assuré par la plupart des structures qui se positionnent en interlocuteur unique vis à vis de l'entreprise. Le suivi des entreprises dépend des moyens et de la volonté propre des acteurs de la structure. Il n'est pas effectué de façon systématique.

La diversité et le nombre élevé des acteurs conduit à une multiplicité de sources de dossiers :


• le réseau DATAR ;


• la prospection propre à chaque organisme ;


• le relationnel ;


• les prescripteurs (banques, compagnies immobilières) ;


• les demandes spontanées ;


• les entreprises déjà implantées.

Selon les acteurs du dispositif, les cas d'échec de projets liés à des contacts croisés auprès d'une entreprise sont rares, cependant même si le principe de la « première touche » est respecté, les actions des uns et des autres ne sont pas sans entraîner certaines frictions.

e) Les réseaux à l'étranger

L'hétérogénéité des dispositifs se retrouve également à l'étranger. Certains dispositifs locaux ont eux-mêmes entrepris des actions directes à l'étranger, y compris dans les pays, voire les villes où sont implantés les IFA.

Les actions de prospection à l'étranger sont dans l'ensemble réalisées par :


• les antennes ouvertes à l'étranger ;

Exemple n° 1 : l'Agence Lorraine de Développement à Atlanta, en Géorgie, est un bureau de prospection qui fédère la Région Lorraine, les CAPE de Meurthe et Moselle, de la Meuse et des Vosges, le PED et APEILOR ; tous ces acteurs contribuent au financement de cette antenne. Les prospections sont communes aux membres.

Exemple n° 2 : ERAI utilise ses bureaux à l'étranger, à l'origine dédiés à l'exportation, pour développer des actions de prospection.


• des sociétés de services qui agissent pour le compte de plusieurs structures ;


• des consultants indépendants qui ont une activité à temps plein ou à temps partiel pour le compte de ces organismes.

Parallèlement, les structures locales entretiennent de bonnes relations avec les IFA ; cependant, les organismes contactés dans le cadre de l'enquête soulignent que leurs actions de prospection à l'étranger s'effectuent la plupart du temps indépendamment des agences.

La multiplicité des moyens et des acteurs ne joue pas en faveur d'une optimisation des coûts et des actions. Des redondances apparaissent, en France comme à l'étranger. Les acteurs du dispositif semblent prendre conscience du nombre élevé de ramifications du dispositif. Ensemble, ils tentent de rendre cohérent le dispositif en mutualisant des outils.

VALORIS en est un exemple. L'association regroupe la Préfecture de Région, la Région de Lorraine, les CAPE des quatre départements et APEILOR dans la gestion commune d'une banque de données informatisées qui valorise les atouts économiques et industriels de la Lorraine. Celle-ci fournit des argumentaires sectoriels que chaque membre peut adapter au territoire pour lequel il travaille.

Tout en mettant en commun des outils, chacun revendique l'identité propre du territoire sur lequel il travaille. Une promotion globale n'est que partiellement adaptée.

f) Formation des effectifs

La diversité rencontrée au niveau des membres du réseau se retrouve également dans les profils des chargés de mission de promotion/prospection : ingénieurs de grandes écoles, diplômés d'écoles de commerce, économistes... Souvent les commerciaux ont une expérience en entreprise et les ingénieurs une expérience commerciale. Le réseau emploie beaucoup de technico-rnmerciaux. Le niveau de formation se situe en moyenne autour de Bac + 4.

Premières observations sur les dispositifs locaux


• diversité des acteurs (regroupements institutionnels ad hoc et définition de périmètres d'action qui ne correspondent pas nécessairement aux découpages traditionnels ;


• diversité des stratégies et des moyens ;


• concurrence et professionnalisation ;


• redondance et déperdition de moyens ; carence de la fonction de coordination (relations avec l'État) ;


• quid des investissements indirects ?

3. l'intervention associée des acteurs privés en matière de prospection des investissements étrangers et de promotion des territoires

Des actions de prospection sont également réalisées par des acteurs privés. Il s'agit principalement des actions conduites par les sociétés de reconversion.

Une partie de l'activité de ces sociétés est tournée vers le financement de projets d'implantation, avec accords de prêts bonifiés ou prises de participations dans l'entreprise.

À l'origine, l'activité des sociétés étudiées dans le cadre de notre enquête était plutôt centrée sur le développement endogène, exceptée semble-t-il celle de la SOFREA ( ( * )10) , en Aquitaine.

De manière générale, les interventions de ces sociétés en matière de développement exogène viennent en appui des actions conduites dans le cadre du dispositif public local. À titre d'illustration, l'agence locale de développement Pyrénées Atlantiques Expansion a été créée par le Conseil général et la SOFREA.

En outre, les sociétés de reconversion peuvent conduire, en parallèle, des actions de prospection en s'appuyant tout particulièrement sur leurs réseaux.

C'est ainsi, que certaines sociétés ont peu à peu externalisé leur propre activité de prospection à l'association Hexagone ( ( * )11) dont elles sont membres. La prospection est réalisée par Hexagone qui dispose d'un budget de 6,5 MF et compte sur 6 salariés dont 4 à l'étranger.

Cette association est présente en Allemagne (Francfort) et aux USA (New York) ; elle est également présente en Italie par l'un de ses membres, la SODIE. Les dossiers repérés par Hexagone sont transmis en France, à un Comité technique où sont représentées les sociétés membres. Un travail commun de présélection des sites les plus pertinents est effectué pour proposer à l'investisseur trois candidatures au maximum. Chaque prestation est payée à Hexagone, qu'il s'agisse de la proposition d'un site, de sa visite ou du choix final.

Ces sociétés revendiquent une certaine professionnalisation de leur activité, en opposant leur expérience de l'entreprise à celle des agents que l'on retrouve dans les IFA.

S'il est possible de considérer que certaines de ces sociétés ont une logique de puissance publique (celles qui interviennent sur des sites liés aux décisions du CIADT), d'autres sont ouvertement branchées sur le marché émergent de conseil et leur activité est appelée à évoluer. En effet, compte tenu notamment de l'internationalisation croissante des groupes auxquels elles appartiennent, le savoir-faire qu'elles développent en matière de promotion des investissements étrangers pourrait être proposé à d'autres pays où elles sont également implantées. SODIE a de fait créé une filiale en Belgique pour le développement de la Wallonie.

Dans ces conditions il est difficile d'imaginer que ces sociétés puissent, à terme, s'inscrire de plein droit dans le dispositif public de soutien à la promotion et à la prospection. Toutefois, elles sont aujourd'hui des acteurs significatifs, qui ont en plus fait la preuve qu'il était possible d'organiser la concurrence entre les sites, pour ne proposer aux prospects que les territoires les plus en phase avec leurs besoins. Ce mode d'organisation peut être une référence à prendre en compte dans les réflexions sur l'organisation des autres dispositifs.

* (6) Source DATAR

* (7) Source DATAR

* (8) Source IFN

* (9) Ils dépendent de la Direction des Relations Économiques Extérieures (DREE)

* (10) Filiale d Elf Aquitaine, la SOFREA vise l'implantation d'activités nouvelles sur le bassin de Lacq-Orthez en vue de créer 1 000 emplois d'ici la fermeture de l'établissement d'Elf

* (11) Créée en 1996, l'association regroupe notamment les sociétés de reconversion de Rhône-Poulenc, Usinor, EDF, Elf Thomson Giat EMC

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