9. Communication du Comité des Ministres à l'Assemblée - Interventions de M. Jean VALLEIX, député (RPR), Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), et M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mardi 27 janvier)

S'adressant à M. Werner HOYER, ministre délégué aux Affaires étrangères de l'Allemagne, représentant du Président en exercice du Comité des Ministres qui présente devant l'Assemblée l'objectif principal de la présidence allemande, à savoir la mise en oeuvre rapide des résultats du deuxième sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe, M. Jean VALLEIX, député (RPR), pose la question suivante :

" Considérant que la conférence européenne organisée par l'Union européenne, afin d'établir un dialogue permanent avec les pays candidats à l'adhésion, va prochainement se tenir,

demande au Président du Comité des Ministres si le Comité des Ministres a engagé des démarches afin que le Conseil de l'Europe soit associé aux travaux de cette Conférence compte tenu de l'expérience qui est la sienne dans le domaine de la démocratie et de l'état de droit dans les pays d'Europe centrale et orientale. "

Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), demande à son tour au Président du Comité des Ministres :

" Comment il envisage d'organiser la participation du Conseil de l'Europe, compte tenu de ses domaines d'expertise, à la Conférence européenne prévue dans le cadre de " l'Agenda 2000 " pour préparer l'adhésion des pays d'Europe centrale à l'Union européenne. "

M. Werner HOYER répond en ces termes aux orateurs :

" Le Conseil européen a fixé le nombre des participants à la première phase de la conférence européenne. Il comprend les quinze membres de l'Union européenne, les dix candidats à l'adhésion d'Europe centrale et orientale, ainsi que Chypre et la Turquie. Il sera précisé en temps utile si le cercle des participants pourra être ou non élargi.

Pour ce qui est des relations avec la Turquie, je crois qu'il ne m'appartient pas de suggérer aux parlementaires ce qu'ils doivent faire. Mais je suis un fervent partisan du dialogue soit au niveau ministériel, soit au niveau parlementaire. Le Conseil de l'Europe constitue un excellent forum pour le dialogue et les Etats membres, dont la Turquie, en font un bon usage. La multiplication des contacts, officiels ou non, ne peut que rapprocher les Etats, surtout dans les moments difficiles.

En septembre dernier, mon prédécesseur français, M. le ministre Moscovici, a présidé la dixième réunion "quadripartite" réunissant les présidences ministérielles respectives, notre Secrétaire Général et le Président de la Commission européenne. A cette occasion, les participants ont examiné la question d'un renforcement de la coordination entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne dans des situations de crise, notamment en Albanie, en Bosnie et Herzégovine, et au Bélarus, les moyens de renforcer la coopération en matière d'assistance aux pays d'Europe centrale et orientale, en étudiant les projets en cours de réalisation conjointe et les perspectives de nouveaux programmes communs.

Il existe donc une étroite coopération en matière d'évaluation des situations dans tous les pays concernés.

La présidence allemande, qui approuve totalement cette évolution, examine actuellement avec la présidence britannique de l'Union la possibilité de tenir la prochaine réunion à haut niveau de ce type dans les deux mois a venir. Cette solution nous paraît particulièrement souhaitable dans la mesure où le Comité des Ministres, lors de sa 101 e session en novembre dernier, a souligné l'importance, pour la mise en oeuvre des résultats du deuxième Sommet, de la coopération avec les organisations européennes et les autres organisations internationales. Cela s'applique bien évidemment à l'Union européenne. "

Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) intervient de nouveau dans le débat :

" Ma question est identique à celle de l'orateur précédent. Je vais malgré tout la poser, monsieur le ministre, pour vous montrer à quel point notre souci est grand. Effectivement, notre Assemblée détient dans le domaine de l'expertise une compétence évidente et reconnue. On comprend mal, même si l'initiative est française, qu'une conférence soit mise en place: il me semble que pour gérer les problèmes de l'élargissement, les deux partenaires essentiels sont l'Union européenne qui va recevoir les nouveaux membres et le Conseil de l'Europe qui va voir un certain nombre de ses membres ainsi transférés.

Je voudrais instamment que vous nous répondiez sur le partenariat privilégié qui peut s'instaurer afin que la compétence du Conseil de l'Europe, qui est évidente, soit réellement reconnue. Notre devenir dépend de votre réponse. "

M. Werner HOYER formule la réponse suivante :

" Je ne puis vous donner une réponse définitive dès à présent, car - il faut savoir être réaliste, et nous le sommes - le concept de cette conférence européenne est encore très flou. L'idée en a été émise au Sommet de Luxembourg au cours d'une importante phase préparatoire à l'élargissement.

Beaucoup de ceux qui y ont travaillé l'ont fait dans un but très précis. Reste à savoir - et il s'agit là d'un facteur déterminant - si nos amis turcs parviendront à trouver dans les pourparlers de Luxembourg des éléments d'orientation positifs et constructifs. Nous l'espérons. Il ne fait toutefois aucun doute que la position de la Turquie aura une influence décisive sur les chances de succès de cette conférence européenne.

Il ne s'agira pas, bien entendu, de dupliquer les travaux menés dans cette éminente Assemblée. C'est pourquoi il faut élaborer une procédure qui permettra de faire profiter la conférence européenne des impulsions émanant, par exemple, du Conseil de l'Europe. Non pas dès sa première réunion en mars prochain, mais à partir des réunions suivantes, lorsque nous aurons des raisons d'y voir une institution prometteuse, tournée vers l'avenir - ce dont on ne saurait préjuger en l'état actuel des choses.

Pour l'instant, je préférerais ne pas trop m'avancer. Les membres de l'Assemblée parlementaire peuvent s'ils le souhaitent, faire part de leurs idées, mais je leur demanderais pour l'instant de ne pas programmer l'organisation d'une mégaconférence, à laquelle pourraient demander à participer d'autres grandes organisations internationales, dont certaines présentent, en ce qui concerne leurs Etats membres, des similitudes avec la future Union européenne. "

M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) intervient alors et demande au Président du Comité des Ministres :

" Quelles sont les initiatives qu'il considère devoir être prises par le Conseil de l'Europe pour amener l'Algérie à rompre avec la spirale de la violence et trouver le chemin d'une réconciliation durable qui ne peut passer que par un dialogue entre les différents groupes qui acceptent les règles démocratiques, le respect des droits de l'homme et des principes de l'Etat de droit. "

M. Werner HOYER répond en ces termes :

" Le Président en exercice du Comité des Ministres, M. Kinkel, a été sensible au soutien exprimé au sein de la commission des questions politiques à Bonn, il y a deux semaines, puis par le Bureau, à l'initiative prise par l'Union européenne, à laquelle il a déjà été fait référence. Le Comité des Ministres n'a pas encore examiné la situation en Algérie, mais il est prêt à accorder toute son attention aux propositions qui émergeront du débat d'urgence organisé par l'Assemblée, jeudi, sur la situation en Algérie. Vous aurez deviné de mes remarques précédentes que le Gouvernement allemand et moi-même en particulier sommes très concernés par cette question. Pardonnez-moi, pour cette légère infraction au Règlement de l'Assemblée, dans cette session de questions-réponses. "

M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), pose une question supplémentaire :

" J'approuve totalement l'esprit de la réponse que vous avez fournie à la question précédente. A présent, la grande difficulté consiste à traduire nos intentions dans les faits. Puisse, dans le cadre des initiatives à intervenir, le Conseil de l'Europe ne pas rester à l'écart. C'est en ce sens qu'il n'est probablement pas inutile que, jeudi, notre assemblée puisse débattre de ce problème. "

M. Werner HOYER conclut de la façon suivante :

" Merci beaucoup. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai accueilli avec d'autant plus de satisfaction votre décision de tenir ce débat durant la présente session, que le débat public mené en Europe semble orienté dans la mauvaise direction. Nous avons affaire à un développement du terrorisme dans un pays dont les problèmes ont, comme je l'ai déjà indiqué, des causes très profondes. Nous avons affaire au développement d'un terrorisme qui a, entre autres, pour objectif de déstabiliser les structures démocratiques qui se mettent lentement en place. C'est peut-être pourquoi nous avons quelquefois du mal à établir une distinction entre les terroristes et les victimes, entre ceux qui tuent et ceux qui sont tués. Cela fait aussi partie du débat qui doit se tenir ici. Je vous remercie d'en avoir pris l'initiative. "

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