18. Nécessité d'accélérer le développement du tourisme en Europe centrale et orientale - Intervention de M. Bernard SCHREINER, député (RPR) (Vendredi 30 janvier)

Selon le rapporteur, grâce à la richesse de leur patrimoine architectural, de leurs magnifiques sites naturels, de leurs passés et de leurs traditions, les pays d'Europe centrale et orientale sont tous potentiellement en mesure d'attirer un grand nombre de touristes. Cependant, cette partie de notre continent est restée, pour l'essentiel, fermée au tourisme international pendant la période de la Guerre froide : avant 1989, le niveau de développement du tourisme est resté identique à celui de l'entre-deux guerres, alors que l'Europe occidentale a pris de l'avance, devenant l'une des premières destinations touristiques du monde.

La situation a changé après la chute du Mur de Berlin. Aujourd'hui, 52 millions de touristes en moyenne se rendent chaque année en Europe centrale et orientale. Le World Travel and Tourism Council estime que le développement du tourisme pourrait créer jusqu'à 7,4 millions d'emplois dans les pays de la région au cours de la prochaine décennie, soit entre 7 et 11 % de leur PIB. Malgré cela, en 1996, les recettes du tourisme dans la région n'ont totalisé que 27,4 milliards de dollars US - contre 214,5 milliards de dollars pour l'ensemble du continent.

Le rapport explore les possibilités de promouvoir et de développer le tourisme dans les pays d'Europe centrale et orientale, signalant que l'on ne peut pas traiter cette question en faisant abstraction du processus général de transformation économique, politique et sociale. Les gouvernements nationaux devraient prendre des mesures pour mettre en place les infrastructures de transport et de communication nécessaires, restaurer et préserver le patrimoine culturel et instaurer un climat d'affaires ainsi qu'un cadre juridique propres à favoriser le tourisme. L'auteur du rapport invite l'Europe tout entière à soutenir un tel développement.

M. Bernard SCHREINER, député (RPR) intervient dans le débat en ces termes :

" Permettez-moi d'abord de féliciter chaleureusement notre collègue Mme tepová pour son excellent rapport. Nous disposons là d'un très bon document contenant de nombreuses informations et observations pertinentes.

Je sais par ailleurs que la commission des questions économiques et du développement a débattu de ce thème lors de sa dernière session à Prague et le débat d'aujourd'hui est pour nous l'occasion d'approfondir la réflexion.

En effet, le développement du tourisme constitue un défi majeur à l'aube du prochain millénaire. L'allongement de la durée de la vie donc du temps de loisir dans les pays développés, l'émergence attendue dans les prochaines décennies de flux touristiques très importants notamment en provenance d'Asie, mais aussi d'autres pays anciennement en voie de développement, nous imposent des politiques de nature à faire face à cet accroissement prévisible de la population touristique.

Nous avons donc tout intérêt à faire du tourisme une priorité, car il s'agit, comme cela a été dit, d'un secteur fortement créateur d'emplois qui, par ailleurs, incite à la conservation du patrimoine et à la sauvegarde de l'environnement.

C'est dire l'intérêt de ce rapport qui appelle fort justement notre attention sur l'immense capital historique dont disposent les pays d'Europe centrale et orientale dans le domaine de l'architecture, de la culture et des arts.

Il est vrai qu'après des décennies de fermeture aux échanges, ces pays sont aujourd'hui dans une phase de rattrapage accéléré. Nous devons donc les aider à faire du tourisme un secteur clé du développement de leur économie générale.

Les progrès sont déjà sensibles. Si je prends, par exemple, la République tchèque, pays cher à notre rapporteur, j'observe que le nombre de visiteurs de ce pays est passé de 36 millions de personnes en 1990 à 110 millions en 1996 et que les recettes du tourisme représentent 6 % du produit intérieur brut. Des évolutions semblables, plus ou moins importantes selon les cas - nous ne devons pas oublier l'attraction particulière de Prague - peuvent être relevées dans d'autres pays de la région. On redécouvre donc les trésors de ces pays qui se situent, rappelons-le, au coeur de l'Europe et de son histoire.

Pour assurer le développement durable de ce tourisme renaissant, nous devons encourager : d'abord, une répartition plus égale des visiteurs entre les capitales et l'intérieur des pays, où beaucoup de choses restent à découvrir - notre collègue russe y a fait allusion ; ensuite, la mise en place d'instruments statistiques performants facilitant l'élaboration de politiques touristiques globales et cohérentes ; enfin, l'adoption de financements adaptés, qu'il s'agisse de la fiscalité, qui doit être suffisamment attractive, ou des aides financières de l'Etat et des institutions européennes et internationales.

Il convient également de diversifier au maximum l'offre touristique afin de l'adapter aux différentes catégories de personnes qui voyagent désormais : jeunes, hommes d'affaires, personnes âgées, etc. Cela concernera le tourisme culturel, sportif et particulièrement le tourisme en milieu rural, qui connaît dans toute l'Europe un développement rapide en raison de son coût moins élevé.

Ces orientations ne concernent pas seulement les pays d'Europe centrale et orientale, mais également les autres pays européens, où beaucoup de progrès restent à accomplir. Il serait d'ailleurs judicieux que les pays disposant d'une grande tradition touristique puissent faire bénéficier de leur expérience ceux qui en sont actuellement au stade de l'élaboration d'une politique de développement touristique.

Un séminaire consacré à cette question pourrait être utilement organisé dans le cadre du Conseil de l'Europe.

En conclusion, je pense que ce débat doit nous inciter à aller plus loin dans la réflexion sur le développement du tourisme et je souhaite que l'on envisage la création d'une sous-commission du tourisme au sein de la commission des questions économiques et du développement. D'ailleurs, la commission de la culture et de l'éducation et la commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des pouvoirs locaux seraient également concernées.

Telles sont, Madame la Présidente, mes chers collègues, les observations que je souhaitais formuler en remerciant une nouvelle fois la commission pour son excellent travail. "

La résolution 1148 ainsi que la directive 541 figurant dans le rapport 7976 sont adoptées à l'unanimité.

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