10. Activités de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1994-1997 - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Jeudi 23 avril)

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) s'efforce de fournir aux Etats ainsi qu'aux individus une assistance visant à assurer le bon déroulement des processus migratoires dans le monde entier, en partant du principe que les migrations représentent une force positive pour le développement social et économique.

Le rapporteur souligne tout particulièrement l'action de l'OIM dans la région de l'ancienne Yougoslavie où elle apporte, entre autres, une contribution très importante au rapatriement des réfugiés et des personnes déplacées.

De même, les programmes de retour assurés par l'OIM offrent une solution digne aux milliers de migrants bloqués en Europe centrale et orientale.

Outre son action humanitaire en matière d'assistance directe aux migrants, l'OIM aide les pays intéressés à mettre en place des politiques et à développer le cadre institutionnel pour gérer les flux migratoires sur leurs territoires. Cette assistance est particulièrement importante dans les Etats de l'ex-Union soviétique qui font actuellement face à des migrations accrues de toutes sortes.

Vu les changements intervenus tant en Europe qu'ailleurs dans le monde, l'OIM a redéfini sa mission afin qu'elle corresponde mieux aux besoins actuels et s'est fixé des objectifs stratégiques dans le but de devenir la principale organisation mondiale pour les migrations d'ici à l'an 2000.

L'Assemblée considère que, suite à l'élargissement du Conseil de l'Europe ainsi qu'à une diversification des activités tant de l'OIM que du Conseil de l'Europe, le besoin d'une coopération accrue entre les deux Organisations va croissant.

Cette coopération plus étroite devrait prendre forme tant au niveau des Etats membres dont le plus grand nombre devraient devenir membres de l'OIM qu'au niveau des relations institutionnelles entre l'OIM et le Conseil de l'Europe.

M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) , intervient dans le débat de la façon suivante :

" Au nom de mon groupe, je tiens à féliciter notre collègue Mme Aguiar pour le rapport de qualité qu'elle nous présente et que nous approuvons, rapport inspiré par le souci de la dignité des personnes comme de la responsabilité politique.

Ces deux axes doivent d'ailleurs toujours guider notre action dans ce domaine particulièrement sensible en Europe. Le phénomène migratoire est, sans conteste, l'un des défis les plus difficiles qui se pose à l'Europe.

S'il s'agit d'un phénomène positif, comme le rappelle notre rapporteur, il est aussi, hélas, d'une certaine façon, le symptôme d'un échec : celui des migrants économiques qui fuient un insuffisant développement de leur pays d'origine ; celui des réfugiés qui fuient les guerres civiles ou des violations des droits de l'homme menaçant la liberté et jusqu'à la vie des personnes. Cela nous impose un devoir d'accueil.

Lorsque ces phénomènes se produisent dans une conjoncture marquée par un fort taux de chômage sur le continent européen, et lorsqu'on sait que la seule Union européenne compte cinq millions de ressortissants des douze pays méditerranéens non membres de l'Union européenne, on mesure l'ampleur du défi qui nous est lancé.

Le rapport de Mme Aguiar préconise un certain nombre de recommandations qui doivent permettre de relever ces défis, mais je n'insisterai que sur deux aspects.

Le premier concerne la nature des actions à entreprendre pour mieux maîtriser les flux migratoires.

Personne, au Conseil de l'Europe moins qu'ailleurs, ne peut nier la nécessité de veiller au respect des valeurs humanitaires lorsqu'il s'agit de migrants, de réfugiés, de personnes déplacées. Cependant, nous ne pouvons pas pour autant laisser se développer sans limite les migrations incontrôlées ou les migrations en situation irrégulière ou clandestine. Elles risquent de porter en elles les germes de réactions imprévisibles susceptibles de se retourner contre le principe même des migrations dont Mme Aguiar nous rappelle, à juste titre, qu'elles ont contribué à l'essor de l'Europe.

Nous approuvons la nécessité de donner la priorité aux actions d'information, aux actions de formation des hommes, aux programmes de réinstallation des réfugiés et à l'aide au retour des migrants. Chaque fois que l'OIM et l'Europe pourront contribuer au développement sur place dans les pays d'origine des migrants, ils oeuvreront pour la détente et la paix, mais aussi pour la dignité des personnes.

Le second aspect que je veux évoquer concerne la coopération entre toutes les institutions et structures concernées par les migrations.

L'OIM a acquis une bonne expérience et nous devons l'en remercier. Notre gratitude va vers son directeur général qui, avec conviction et énergie, mène son action. Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés, il faut que la coopération entre tous les partenaires internationaux et les gouvernements nationaux soit accélérée et renforcée. Il y a des doubles emplois alors que les moyens financiers sont mesurés. Il faudra les éviter à l'avenir. Il est également indispensable d'harmoniser les législations et les politiques en Europe. Notre effort doit être collectif pour mettre au point une politique des migrations harmonieuse.

Il est nécessaire que le Conseil de l'Europe et son Fonds social jouent leur rôle et tout leur rôle non pas en s'occupant de ce que d'autres organisations savent faire, mais en permettant, grâce à leur expérience, la concrétisation des orientations que Mme Aguiar nous propose. Nos sociétés européennes sont très attentives à notre capacité de maîtriser les flux migratoires tout en veillant toujours au respect de la dignité. Au Conseil de l'Europe d'user de son influence et de son expérience pour y contribuer dans le respect des valeurs qui sont les nôtres. "

La recommandation 1370, figurant dans le rapport 8053, est adoptée à l'issue du débat, amendée.

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