11. Situation des réfugiés de Palestine dans le contexte du processus de paix au Proche-Orient - Interventions de MM. Jean-Pierre MICHEL, député (RCV), et Jean BRIANE, député (UDF) (Jeudi 23 avril)

Selon le rapporteur, quelque 3.400.000 réfugiés sont enregistrés auprès de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) chargé de satisfaire leurs besoins essentiels.

En attendant la fondation d'un Etat palestinien qui donnerait à certains réfugiés la possibilité d'exercer leur "droit au retour", M. Atkinson présente, dans son rapport, la base de choix suivants qui pourraient être proposés aux réfugiés, sous réserve des résultats des négociations entre Israël, l'Autorité palestinienne et les autres gouvernements concernés  :

- se réinstaller dans le nouvel Etat palestinien,

- rester dans le pays d'accueil en tant que titulaires de passeports palestiniens ayant droit à la propriété et au travail mais non à la citoyenneté,

- le cas échéant, obtenir la citoyenneté du pays d'accueil,

- se réinstaller dans d'autres pays extérieurs à la région en fonction des quotas qu'ils proposent,

- retourner, le cas échéant, dans les Etats du Golfe,

- retourner en Israël dans le cadre d'un regroupement familial à caractère humanitaire, suite à l'acceptation d'un quota par cet Etat.

Pour permettre aux réfugiés vivant dans les camps d'intégrer des logements permanents, le rapporteur propose la création d'un "Fonds pour le statut définitif des réfugiés et des personnes déplacées de Palestine" qui devrait financer cette réinstallation.

Il insiste enfin sur la nécessité de maintenir le mandat et les services de l'UNRWA jusqu'à ce que d'autres dispositions soient prises.

M. Jean-Pierre MICHEL, député (RCV) , prend la parole en ces termes :

" Je remercie M. Atkinson de son excellent rapport, et je le remercie d'être allé sur place dans les territoires occupés, dans les pays de la zone, passant outre le refus de notre Bureau. Il n'est pas à l'honneur de notre Assemblée que le Bureau ait refusé d'accepter et de financer cette mission, qui lui aurait donné encore plus d'importance et d'indépendance.

La question des réfugiés de Palestine, question lancinante et récurrente, jamais réglée, est sans conteste une question humanitaire parce qu'elle concerne quatre millions de personnes, dont plus d'un million vivent dans des camps dans des conditions épouvantables.

Mais c'est avant tout une question politique qui doit être résolue politiquement. D'abord parce que de sa solution dépendent très certainement et très largement la fin du terrorisme et des actions d'Intifada. Ensuite, parce que les Palestiniens sont chez eux en Palestine. Ils y sont chez eux historiquement. Le droit doit suivre l'histoire : le peuple palestinien a donc le droit de revendiquer un Etat indépendant avec toutes les compétences qui s'y attachent. C'est une question préalable, oui, M. Atkinson a eu bien raison de le dire. Elle est le préalable à la solution des autres problèmes dont celui des réfugiés palestiniens qui se trouvent dans d'autres pays de la zone ou ailleurs.

Or, la création d'un Etat palestinien est aujourd'hui enrayée. Certes, la communauté internationale a beaucoup oeuvré en ce sens, les pays d'Europe, notamment la Norvège - j'ai été un peu étonné de l'intervention de notre collègue norvégien, mais toutes les idées peuvent s'exprimer, même les plus excessives - et les Etats-Unis d'Amérique. Aujourd'hui on le voit bien, le processus de paix est arrêté. Il ne faut plus parler des accords d'Oslo, c'est, à mon avis, une affaire enterrée.

Parce que, depuis 1996, le Gouvernement israélien mène sur le plan intérieur et international une politique hostile à la poursuite du processus de paix. Sur le plan intérieur, notre collègue vient de le dire aujourd'hui, cette politique n'arrête pas de mener des actions de provocation à l'égard des Palestiniens par l'extension des colonies de peuplement.

Aujourd'hui, la communauté internationale doit aller plus loin, ne pas se contenter de simples pressions diplomatiques. Il faudra en venir vraisemblablement à des sanctions économiques contre Israël : ce sera une façon de célébrer le cinquantième anniversaire de cet Etat qui ne comprend pas où est son intérêt et celui de la communauté internationale.

Enfin, notre Assemblée elle-même doit tout faire pour que le Conseil palestinien obtienne ici un statut d'observateur. Aujourd'hui, nous sommes dans un débat surréaliste. Les uns et les autres nous nous exprimons, nous entendons l'opinion d'un représentant d'Israël, mais nous n'entendons pas l'opinion d'un représentant du Conseil palestinien. Ce n'est pas une bonne manière de débattre. Le Bureau aurait eu toute latitude pour inviter à titre exceptionnel un représentant du Conseil palestinien et le laisser s'exprimer à cette tribune. Voilà qui aurait donné à nos débats un tour démocratique plus intéressant.

Le Conseil de l'Europe se targue d'être une Assemblée qui se préoccupe des droits de l'homme, de la démocratie. Mais la démocratie, les droits de l'homme c'est d'abord ici chez nous qu'ils doivent être appliqués ! Je regrette que dans ce débat ils ne l'aient pas été complètement. "

M. Jean BRIANE, député (UDF) , intervient à son tour :

" Je veux tout d'abord féliciter la commission des migrations, des réfugiés et de la démographie et tout particulièrement son rapporteur, M. David Atkinson, de l'excellent rapport qui nous est présenté.

Tout a été dit sur ce drame du Proche-Orient, qui doit mobiliser notre attention durablement et pas seulement le temps d'un débat.

J'approuve le contenu du projet de résolution proposé et je ne ferai que quelques brefs commentaires.

Il est de la responsabilité de la communauté internationale d'apporter une solution durable au problème palestinien. Celle-ci s'est mobilisée pour qu'existe un Etat hébreu et pour que les Israéliens aient une patrie.

Aujourd'hui, la communauté internationale doit se mobiliser pour un Etat palestinien et pour que les Palestiniens aient, eux aussi, leur patrie.

C'est la condition " sine qua non " pour qu'une paix durable s'instaure dans cette contrée du monde.

J'ai connu, dans ma jeunesse, la période de la montée du nazisme. J'ai vécu en France, l'occupation de l'envahisseur nazi et sa détermination à écraser tous ceux qui osaient s'opposer à son sinistre projet. Je sais quels risques ont pris de nombreux Français et le courage dont ils ont fait preuve, quelquefois au péril de leur propre vie, pour éviter la déportation et l'extermination de Juifs.

Je ne puis admettre qu'aujourd'hui tout ne soit pas mis en oeuvre par la communauté internationale pour mettre fin au drame palestinien.

Le Conseil de l'Europe se doit d'apporter sa contribution à cette entreprise de paix. Israël doit comprendre que sa propre sécurité dépend de la solution du problème palestinien. "

Au terme du débat, la résolution 1156 figurant dans le rapport 8042, amendée, est adoptée.

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