12. Derniers développements en Albanie (Jeudi 24 septembre)

Selon le rapporteur, il est particulièrement désolant de retrouver le dossier de l'Albanie à l'ordre du jour. L'Assemblée a débattu maintes fois de cette question et il est peu probable qu'aujourd'hui ce soit la dernière. La situation est dramatique. Il règne en Albanie un climat de méfiance. L'insécurité y est préoccupante, la corruption, le trafic de drogue et la criminalité y connaissent un essor considérable. L'évolution de la situation dans ce pays est inacceptable pour les pays membres du Conseil de l'Europe, puisqu'elle est tout à fait contraire aux principes de l'institution.

L'Albanie a succombé à un effet de bipolarisation et, malgré tous les efforts de la communauté internationale, la situation ne cesse de s'aggraver. La communauté internationale n'est pas uniquement là pour fournir les moyens financiers et l'aide sous forme de " MAPE " ou des conseils, notamment dispensés par la Commission de Venise. L'aide accordée est conditionnelle, or les conditions fixées n'ont malheureusement pas été remplies. Le projet de recommandation est consacré à l'évolution dramatique récente. C'est pour cela que de débat d'urgence a lieu.

Pourtant la communauté internationale est prête à contribuer à la reconstruction du pays, aussi bien des points de vue financier et économique qu'institutionnel. Néanmoins, cela requiert un comportement responsable aussi bien de la part du Gouvernement albanais que de l'opposition.

La situation est explosive. C'est pour cela que le rapporteur demande au Gouvernement albanais de renoncer aux arrestations politiques, de respecter ou de rendre l'immunité parlementaire à tous les élus et de respecter les droits de l'opposition.

Les partis démocratiques doivent retourner au travail, le dialogue politique faisant partie des conditions minimales de fonctionnement d'une démocratie. Le Conseil de l'Europe doit exiger de tous, personnes et partis politiques sans distinction, le respect des règles démocratiques.

A l'issue du débat, la recommandation 1386 figurant dans le rapport 8208 est adoptée, amendée.

13. Politique maritime européenne - Intervention de M. Jean BRIANE, député (UDF) (Jeudi 24 septembre)

La discussion commune porte sur trois rapports :

- Dans le premier rapport, " Enjeux futurs des sciences et de la technologie maritimes en Europe ", le rapporteur propose la création d'une Agence maritime européenne chargée de promouvoir la coopération entre les centres de recherche, les industries maritimes et les organes de décision politique. Cela pourrait se faire dans le cadre d'un accord partiel auquel pourraient participer les pays souhaitant intensifier leur coopération dans le domaine maritime. En effet, les enjeux posés par les océans sont nombreux et variés: énergies renouvelables, production d'eau douce, pêche et aquaculture, développement des zones côtières, systèmes de transport, gisements sous-marins de pétrole et de gaz... L'Europe dispose de nombreux atouts mais son potentiel est dispersé. Le Rapporteur considère qu'il est nécessaire de promouvoir la recherche et le développement technologiques dans ces domaines pour pouvoir formuler une politique maritime européenne globale et multidisciplinaire. Il considère également qu'il faut encourager l'éducation dans les disciplines de la mer et améliorer l'information donnée au public et au monde politique.

- Dans le deuxième rapport sur les océans -qui s'inscrit dans la contribution de l'Assemblée parlementaire à l'Année internationale des océans - le rapporteur évalue l'état actuel de l'environnement marin, tant en mer ouverte, où la situation globale est acceptable, que dans les zones littorales, où des menaces significatives (urbanisation accrue, déforestation) constituent un danger potentiel et réel, notamment pour les écosystèmes marins et côtiers.

Il estime que les trois quarts de la pollution des océans sont imputables à des activités terrestres, tandis que le transport maritime en génère environ 12% et les déversements 10%. 1 % de la pollution totale semble provenir de l'exploitation de minerais en haute mer, en particulier l'industrie pétrolière. On peut relever que le tiers de la pollution provenant d'activités terrestres est transporté vers les océans par le biais de l'atmosphère.

Le rapport analyse par ailleurs l'évolution récente du droit international en ce qui concerne la réglementation des mers et la prévention de leur pollution et propose un certain nombre de mesures qui pourraient aboutir à une meilleure protection de l'environnement marin. Entre autres, le Rapporteur propose une réflexion sur la mise en place d'une gestion intégrée des zones littorales et des fleuves qui débouchent dans celles-ci. En ce qui concerne le droit international, il préconise une meilleure application des traités existants et évalue les qualités et défauts du "Droit Souple" ("Soft law") par rapport aux traités internationaux contraignants, lesquels parfois peuvent se révéler trop onéreux à négocier et à gérer.

- Le troisième rapport qui porte sur l'exploitation durable des ressources biologiques marines, notamment halieutiques, est une préoccupation de longue date de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, lesdites ressources revêtant une importance primordiale pour la survie de l'humanité. Dans certains pays européens, 40 % de l'apport en protéines viennent de produits à base de poisson, qui représentent environ 15 % des dépenses alimentaires. On compte plus de 400 000 pêcheurs en Europe; puisque chaque emploi en mer génère au moins quatre postes sur la terre ferme, on peut dire que près de deux millions de personnes travaillent dans les divers secteurs des pêches.

Le rapport examine de près les politiques de gestion des pêches, soulignant que les ressources halieutiques sont autorenouvelables et que leur exploitation durable doit donc être l'objectif premier de ces politiques. L'auteur étudie les systèmes de conservation et de gestion des ressources biologiques marines, ainsi que les efforts pour renforcer la protection de l'environnement marin et la gestion des côtes. Il conclut que la surexploitation de nombreuses populations de poissons en Europe rend nécessaire des mesures pour améliorer les méthodes de prise, superviser l'effort de pêche et contrôler l'accès aux ressources marines.

Le rapport propose un certain nombre de mesures concernant la pêche à petite échelle, les zones économiques exclusives, la recherche en la matière, les système de quotas et les politiques d'aménagement des côtes. L'auteur préconise une approche intégrée de la gestion des ressources renouvelables, une coopération plus étroite entre instituts européens de recherche marine et entre Etats, et la mise en oeuvre effective des conventions internationales qui interdisent la pollution des mers. Il recommande de créer une Agence maritime européenne qui aiderait à mettre au point une vision cohérente de la politique européenne dans ce domaine

M. Jean BRIANE, député (UDF) , intervient dans le débat en ces termes :

" L'eau, c'est la vie, et nous devons aborder sa problématique de l'eau dans ses trois dimensions.

La première est la dimension planétaire : il existe un seul océan, nous rappelle la conférence mondiale indépendante des océans qui nous invite à une vision globale et planétaire.

La deuxième dimension est régionale : chaque mer est une partie de l'océan qui mérite attention, considération et protection.

La troisième est la dimension locale : elle suppose que chacun de nous ait le réflexe environnemental partout où l'eau est présente, partout où se manifeste cet élément, de la source au fleuve et du nuage à la nappe phréatique.

L'eau est probablement le plus grand défi du XXI e siècle pour l'humanité.

Le quart des habitants de la planète aujourd'hui ne dispose pas d'eau potable.

Il ne faut pas oublier non plus la relation entre l'élément eau et l'élément air, car c'est bien l'eau et l'oxygène de l'air qui nous permettent de vivre. Et l'on sait aussi, tous les rapports le disent, que l'essentiel de la pollution des océans provient des activités terrestres. A cet égard, l'exemple du Bassin méditerranéen-mer Noire est très significatif.

Les hommes ne seraient-ils donc pas capables de maîtriser les choses et seraient-ils en train de procéder à un suicide collectif ? Il nous faut apprendre à concilier l'exploitation durable des océans, notamment celle des ressources biologiques marines, et la nécessaire protection des océans, de l'eau.

Nous venons d'entendre dire que la vision de l'exploitation de la richesse des océans, par la pêche, par exemple, n'est pas la même selon que l'on est en Islande ou au Portugal. Je n'insisterai pas sur le sujet, mais il est évident que se pose-là un dilemme.

Aujourd'hui, nous sommes réunis au Conseil de l'Europe pour entendre les rapports de quatre commissions qui se sont mobilisées sur ce thème de l'eau et en abordent différents aspects. Je voudrais féliciter les rapporteurs pour le travail accompli et la qualité de leurs rapports. Je suis persuadé que cette session fera date pour l'avenir des océans, parce que les travaux du Conseil de l'Europe s'inscrivent dans une démarche plus générale qui semble se dessiner aujourd'hui. Ils s'inscrivent en fait dans le prolongement des travaux de la conférence dont je parlais tout à l'heure, la CMIO, qui a récemment rendu ses conclusions à Lisbonne. J'ai eu l'honneur d'y représenter le Conseil de l'Europe et de dire combien celui-ci était solidaire des travaux du CMIO et soutenait ses conclusions.

Cette conférence mondiale ne fut pas la seule. Il y a eu aussi la Conférence sur les océans qui s'est tenue à Paris le 19 mars dernier, organisée par le Conseil de l'Europe, un forum européen qui a eu lieu à Strasbourg en février sur le thème " L'eau, source de citoyenneté, de paix et de développement régional ". Il y a eu également la Conférence internationale de Paris, voulue par la Président de la République française, sur " L'eau et le développement durable " à laquelle quatre-vingt-six pays participaient. Là encore, j'ai eu l'honneur, en tant que président de la commission de l'environnement de représenter le Conseil de l'Europe. Enfin, je citerai pour mémoire la convention des Nations unies, déjà ancienne, que tous connaissent.

Nous devons faire en sorte de faire converger nos initiatives et nos efforts pour parvenir à une complémentarité des institutions et des moyens.

L'année 1998 a été l'année des océans. En témoigne également l'exposition universelle de Lisbonne portant sur le thème " Les océans : un patrimoine pour le futur ". Cette année aura permis une prise de conscience de l'enjeu que nous avons à relever et de sa dimension. J'aimerais que nous mettions en oeuvre les voies et moyens de relever le superbe défi qui s'offre à nous : le défi de l'eau. Ces travaux du Conseil de l'Europe y contribueront. "

A l'issue du débat, la résolution 1168 contenue dans le rapport 8164 est adoptée, amendée, ainsi que la recommandation 1387 qui est adoptée à l'unanimité.

Puis la résolution 1169, amendée, figurant dans le rapport 8177 est adoptée à l'unanimité ainsi que la recommandation 1388 également adoptée à l'unanimité.

Enfin, la résolution 1170 contenue dans le rapport 8165 est adoptée, avec amendements.

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