D. CONCLUSION

1. Vers davantage de coopération fiscale ?

A la différence des autres pays de l'Union européenne, la France a mis en place un système très complet d'intercommunalité. Cette spécificité trouve son origine à la fois dans l'émiettement communal, la décentralisation la récession économique et le refus constant des municipalités de s'engager dans une politique de fusion ou de réforme territoriale. L'Etat, de son côté, voit dans le développement de la coopération une série d'étapes vers la fusion communale jugée, certes, actuellement difficile à mettre en place pour des raisons politiques et sociologiques, mais souhaitable d'un point de vue économique.

Si l'intercommunalité technique gère essentiellement les besoins collectifs des populations et les activités économiques déjà présentes sur le territoire municipal, les enjeux de la coopération stratégique - en matière de développement économique - concernent l'avenir des communes. La multiplication des groupements locaux de partage volontaire de la taxe professionnelle depuis cinq ans, dans une perspective stratégique, relève à ce titre d'une logique dominante d'efficacité économique face au risque de surenchères coûteuses pour les budgets municipaux. En effet, c'est surtout la répartition géographique de la taxe professionnelle qui est critiquée, car cette taxe va aux communes qui sont des unités administratives moins étendues que les bassins d'emploi, ce qui favorise la concurrence fiscale en période de sous-emploi.

Sans aller jusqu'à préconiser une taxe professionnelle unique qui s'inscrirait dans les limites d'un bassin d'emploi - car dans la pratique ceux-ci ne sont pas figés et reposent essentiellement sur une définition statistique peu susceptible de rencontrer l'adhésion des élus locaux -, la loi du 6 février 1992 introduit un certain nombre de dispositions fiscales et financières susceptibles de conduire non seulement à une plus grande intégration des structures déjà existantes mais aussi de promouvoir de façon concertée le développement économique local en réduisant la compétition entre communes face aux nouvelles implantations d'entreprises.

La promotion des regroupements de communes à fiscalité intégrée reste à notre avis la seule issue possible sauf à remettre en question l'esprit des lois de décentralisation. En effet, on voit mal comment les élus locaux pourraient accepter la proposition du Conseil des impôts d'instituer un taux unique de taxe professionnelle au niveau national. Cette réforme reviendrait à transférer au niveau national près de la moitié des recettes fiscales des collectivités locales, même si, comme le souligne le Conseil des impôts, " l'argument de la liberté de vote des taux par les collectivités locales apparaît fallacieux, dès lors qu'en réalité, c'est l'Etat qui en subit majoritairement les conséquences, redistribuant ainsi plus de 50 milliards de francs selon des mécanismes totalement opaques qui entretiennent, au lieu de les réduire, les inégalités de richesse antre collectivités locales ".

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