B. L'ÉVOLUTION POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Le Brésil est une république fédérale composée de 26 Etats et du district fédéral de Brasilia. Huitième puissance économique du monde, il occupe le cinquième rang mondial par la superficie de son territoire (8.512.000 km²) et par la taille de sa population (165.851.000 habitants en 1998).

L'histoire du Brésil n'est pas toujours bien connue en Europe. C'est en 1500 que le portugais Pedro Alvarez Cabral découvrit le pays. En 1808, la famille régnante portugaise fuit l'occupation du Portugal par Napoléon et se réfugie à Rio. En 1815 le pays devient un royaume uni au royaume du Portugal. En 1822, le roi Don Pedro Ier proclame pacifiquement l'indépendance du Brésil.

L'esclavage est aboli en 1888 et la République proclamée un an plus tard.

L'histoire moderne du Brésil est ensuite marquée par un certain nombre de personnalités, en particulier Getulio Vargas, qui domina la scène politique de 1930 à 1954. C'est sous la présidence Vargas que furent mises en oeuvre, surtout après la deuxième Guerre Mondiale, l'industrialisation et l'urbanisation du pays.

1960 vit l'inauguration de la nouvelle capitale du Brésil, Brasilia, édifiée ex nihilo dans la province de Goias à un millier de kilomètres du littoral.

De 1964 à 1985, le Brésil vécut sous un régime militaire qui supprima les libertés politiques mais assura l'expansion économique du pays dans un cadre protectionniste et souvent inflationniste.

Le retour de la démocratie en 1985 verra se succéder les présidents Tancredo Neves, José Sarney, Fernando Collor de Mello, Itamar Franco et enfin Fernando Enrique Cardozo investi le 1 er janvier 1995 comme Président de la République et réélu à ce poste au mois d'octobre 1998.

En tant que ministre des finances, celui-ci avait lancé, dès le mois de juillet 1994, le plan Real qui devait avoir raison de l'hyper inflation.

Jusqu'à la crise économique de 1929 (qui obligea le pays à amorcer un programme d'industrialisation), l'histoire économique du Brésil se confond avec celle d'un certain nombre de matières premières et de produits agricoles tropicaux dont l'exportation sur les marchés principalement européens assurait la richesse du pays.

Le bois (le mot " Brésil " est tiré de l'appellation d'un arbre -le " pau brasil "- dont on tirait une teinture rouge) fut le seul produit d'exportation du pays pendant la première moitié du XVIe siècle. Puis vint l'ère du sucre et de ses plantations (deuxième moitié du XVIe siècle et XVIIe siècle). Notons qu'au cours du XVIIe siècle, les Africains " remplacèrent " les Indiens pour le travail esclavagiste dans les plantations de la canne à sucre (on estime à 3,5 millions le nombre d'africains déportés au Brésil de 1550 à 1850). Les conditions de l'économie sucrière, orientée vers les marchés européens expliquent que les colons se soient installés à l'embouchure des fleuves (Bahia, Pernanbuco et Rio).

La première moitié du XVIIIe siècle fut celle du " boom minier " (la " ruée vers l'or "), notamment dans la région de Minas Gerais. Le Minas vit ainsi sa population passer de 30.000 au demi-million d'âmes entre 1710 et la fin du XVIIIe siècle.

Au début du XIXe siècle, le Brésil comptait environ 3 millions d'individus dont 1 million d'esclaves africains.

La deuxième moitié de ce siècle fut marquée par le " boom du café " qui devint en fait, jusqu'à la crise de 1929, une monoculture nationale. En 1889, elle représentait les 2/3 des exportations brésiliennes.

Entre 1890 et 1916 des millions d'immigrants, Japonais, Allemands, Espagnols et Portugais, s'installèrent dans le pays essentiellement dans les villes de la côte Atlantique.

Durant cette période, l'Amazonie bénéficia, quant à elle, avec son latex, du formidable développement du pneumatique lié à l'industrie automobile. La promotion du caoutchouc assura l'enrichissement de villes amazoniennes telles que Benèm et Manaus (en 1912, le latex était le deuxième article d'exportation, après le café, et constituait 40 % des recettes externes du Brésil).

Dans les années 30, le Brésil s'efforça de faire face à la chute de la demande mondiale de café en réduisant sa production. Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, il s'engagea dans un programme d'industrialisation soutenu par tout un réseau de sociétés publiques.

Le Brésil s'est d'abord doté d'industries légères (textile) avant de mettre en place, sous l'impulsion de l'Etat, une puissante industrie lourde et de biens durables d'un haut niveau technologique (sidérurgie, biens d'équipement, pétrochimie, automobile).

Dans les années 1960 et 1970 (au cours de cette dernière décennie le taux de croissance était de l'ordre de 10 % par an !) on a pu parler d'un " miracle brésilien ".

Cette expansion s'accompagna néanmoins d'une forte inflation, d'un déficit public important et d'un endettement extérieur préoccupant.

Le plan " real ", mis en place au mois de juillet 1994 par Fernando Cardozo, a largement assaini la situation en ancrant la monnaie brésilienne sur le dollar dans le cadre d'un strict contrôle de la masse monétaire et en procédant à la désindexation de l'économie (l'inflation est ainsi passée de 50 % par mois au début de 1994 à 0,8 % par an en 1998) ;

Par ailleurs, étaient opérés l'ouverture des frontières, de très nombreuses privatisations et l'allégement des contraintes pesant sur les investissements étrangers.

Le plan " real " a enregistré, dans un premier temps, un succès retentissant.

Les crises financières asiatique (automne 1997) et russe (août 1998) ont cependant mis en lumière les inconvénients d'un real surévalué qui nécessite des taux d'intérêts réels élevés ralentissant l'investissement productif et alourdissant la dette publique.

Par ailleurs, le real fort a freiné le développement des exportations même si le MERCOSUL (17 % des exportations brésiliennes) a permis, en sept ans, le quadruplement des échanges entre l'Argentine et le Brésil. Depuis 1995, le commerce extérieur brésilien enregistre ainsi des soldes négatifs préoccupants (-8,4 milliards de dollars en 1997).

Au mois de janvier 1999, la fuite des capitaux provoquait une crise monétaire de grande ampleur. Après une première dévaluation de 9 %, la monnaie nationale flottante perdait entre 40 et 50 % de sa valeur.

L'implication forte de la communauté financière internationale (des crédits de 41,5 milliards de francs sur trois ans ont été mobilisés), et l'absence du retour redouté de l'hyper-inflation a permis au Brésil d'" éviter le pire ".

Pour rétablir durablement la confiance des investisseurs, la résorption des déficits publics et commerciaux doit désormais s'accompagner de profondes réformes structurelles (réforme de l'Etat, réforme fiscale, réforme de la sécurité sociale, réduction des inégalités...).

Il a été rappelé qu'au début du XIXe siècle, le Brésil, exception faite des indiens, comptait environ 3 millions d'habitants dont 1 million d'esclaves africains.

En 1950, la population était d'environ 50 millions d'habitants.

En 2000, elle avoisine les 166 millions.

En cinquante ans, la population a donc plus que triplé, les moins de vingt ans en constituant la moitié.

Cinquante pour cent environ des Brésiliens vivent dans le Brésil développé (les sept Etats du Sud que sont : le Rio Grande do sul, Santa Catarina, Parana, São Paulo, Mato Grosso do sul, Rio de Janeiro et Esperito Santo) ;

Entre 15 et 20 % dans un Brésil " intermédiaire " (Roraïma, Amazonas, Rondona, Goïas, Minas Gerais) ;

Environ 1/3 vit dans le Brésil pauvre (les neuf Etats du Nordeste et les trois Etats amazoniens les plus défavorisés : Acres, Para et Tocantins).

Considéré par la Banque mondiale comme un des pays les plus inégalitaires du Monde, avec notamment 17 % de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté, le Brésil enregistre des ratios d'écarts de revenus très importants : ainsi le revenu moyen des 1 % les plus riches est 167 fois supérieur à celui des plus pauvres.

Dix pour cent de la population brésilienne possède plus de 50 % de la richesse nationale. Si le PIB par habitant est de l'ordre de 6.500 dollars, 80 % des brésiliens disposent d'un revenu mensuel inférieur ou égal à 1.500 francs et 20 % d'un revenu mensuel inférieur ou égal à 500 francs.

Depuis cinquante ans, le Brésil a connu un grand mouvement d'urbanisation (en 1950, 65 % des Brésiliens vivaient dans les campagnes).

Quatre brésiliens sur cinq résident aujourd'hui dans les villes. Sur 120 millions de citadins, la moitié vit dans les neuf régions métropolitaines et les capitales des Etats.

En dépit de la création ex nihilo de villes nouvelles à l'intérieur du territoire, la population reste concentrée sur le littoral atlantique, le quart de la population urbaine totale habitant dans les agglomérations de São Paulo (région métropolitaine : 16 millions d'habitants) et de Rio de Janeiro (région métropolitaine : 5,9 millions d'habitants).

Notons qu'on recense au Brésil dix villes de plus d'un million d'habitant et vingt-cinq villes de plus de 500.000 habitants.

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