INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le rapport qui vous est présenté sur les conditions d'implantation d'un nouveau synchrotron, fait suite à la saisine de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques par le Bureau de l'Assemblée nationale, le 17 novembre 1999, en réponse à une demande du groupe communiste portant sur " les conditions techniques d'implantation du projet de synchrotron SOLEIL ",

Après la décision des pouvoirs publics, annoncée le 2 août 1999, d'abandonner le projet SOLEIL au profit d'une solution de coopération avec le Royaume Uni souvent présentée comme la solution DIAMOND, un fossé d'incompréhension s'est en effet creusé entre la communauté des utilisateurs de synchrotrons et le ministère de la recherche, au point de donner naissance à une véritable crise de confiance.

Aussi, dès le début de l'étude, le souci essentiel de l'Office et de ses Rapporteurs a-t-il été de rétablir les conditions d'un dialogue interrompu et d'analyser les éventuels enjeux nationaux d'une décision portant fût-ce sur un seul grand instrument comme le futur synchrotron.

Au demeurant, conformément à la mission de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, ce rapport a aussi comme objectif fondamental d'informer le Parlement sur une question qui, en apparence technique, touche, en réalité, aux intérêts fondamentaux et à l'avenir de la recherche scientifique dans notre pays.

Un bref exposé de la méthode suivie semble nécessaire pour donner leur vrai relief aux analyses qui sont présentées dans ce rapport.

Nommés le 24 novembre, avec l'invitation expresse des membres de l'Office à réfléchir à un élargissement du sujet, vos Rapporteurs ont présenté leur étude de faisabilité, une étape indispensable dans le processus de l'Office, le 15 décembre 1999, non sans avoir au préalable auditionné le directeur du Laboratoire pour l'utilisation du rayonnement électromagnétique (LURE) d'Orsay, centre de recherche pionnier et toujours leader de cette technologie dans notre pays

Cette étude de faisabilité proposait d'entrée une démarche objective, énonçait toutes les questions auxquelles il apparaissait nécessaire de répondre et proposait plusieurs possibilités d'élargissement du champ de l'étude, dont celle qui fut finalement retenue et acceptée le 2 février 2000 par le Bureau de l'Assemblée nationale, à savoir " les conditions d'implantation d'un nouveau synchrotron et le rôle des très grands équipements dans la recherche publique et privée, en France et en Europe. "

Compte tenu du délai de 3 mois imparti, seul le premier point relatif au nouveau synchrotron fait l'objet du présent rapport.

Pour les aider conduire leur étude, vos Rapporteurs se sont entourés d'un groupe de travail constitué de 10 éminents scientifiques représentant les différentes composantes de la science dans notre pays - université, grands organismes, recherche industrielle - et témoignant d'opinions de départ contrastées sur les synchrotrons.

En voici la liste :

M. Hervé ARRIBART Conseiller du Directeur de la Recherche du Groupe SAINT GOBAIN

M. Jean-Pierre CHANGEUX Professeur au Collège de France, Membre de l'Académie des Sciences

M. Georges CHARPAK Membre de l'Académie des Sciences, Prix Nobel

M. Gilles COHEN-TANNOUDJI Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Dr d'Etat ès Sc. Phys., conseiller du Directeur des Sciences de la Matière au CEA

M. Jean GALLOT Dr d'Etat ès Sc. Phys., Professeur émérite à l'Université de Rouen, ancien Recteur

M. Jean JERPHAGNON Conseiller du Directeur technique d'ALCATEL

M. Vincent MIKOL Directeur de recherche, Aventis

M. Guy OuRISSON Président de l'Académie des Sciences

M. Pierre POINTU Ingénieur de l'Ecole Centrale, Dr ès Sciences, ancien Directeur des services de recherche au groupe Saint Gobain

M. Jochen SCHNEIDER Directeur du laboratoire allemand du rayonnement synchrotron Hasylab (DESY-Hambourg)

Aidés de ce groupe de travail prestigieux dont ils remercient chacun des membres, vos Rapporteurs ont eu le souci de rassembler les points de vue, sans aucune exclusive, toutes les parties prenantes au dossier ayant été effectivement auditionnées.

En outre vos Rapporteurs ont, comme il est normal, visité les synchrotrons présents sur le sol français, le LURE d'Orsay et l'ESRF de Grenoble, ainsi que d'autres centres de recherche en Europe intéressés par ces grands instruments, celui de Daresbury où se trouve le synchrotron SRS, le Rutherford Appleton Laboratory à Didcot près d'Oxford, qui pourrait accueillir le projet DIAMOND, et, enfin, le Deutsche Elektronen-Synchrotron de Hambourg qui gère les synchrotrons PETRA II et DORIS III.

Toutes les étapes des travaux de vos Rapporteurs ont fait l'objet d'une information la plus large possible, les comptes rendus des auditions et des visites étant établis au fur et à mesure et diffusés sans délai au sein du groupe de travail, de façon que les principales parties prenantes puissent être informées de la progression des investigations du groupe de travail. Ces documents se trouvent bien entendu annexés au présent rapport.

Autre point important, une audition publique a été organisée le 2 mars 2000 sur le thème de " l'importance des synchrotrons pour la recherche et les projets dans ce domaine en France et en Europe ", dont le compte rendu sténographique figure également en annexe.

Ainsi que l'ont attesté de nombreux interlocuteurs de vos Rapporteurs, la méthode suivie s'est efforcée, avec quelque succès, non seulement de se rapprocher de l'objectivité - une tâche toujours difficile dans une situation de crise -, mais également d'être respectueuse de tous les points de vue.

Au reste, dans la droite ligne de la vocation de l'Office, l'objectif essentiel de vos Rapporteurs est naturellement de contribuer à faire apparaître la meilleure solution pour la recherche française.

A ce titre, puisque les ressources budgétaires de la recherche sont limitées et que d'autres besoins des chercheurs que l'accès à des synchrotrons doivent être financés, une place centrale est réservée à la question du meilleur choix pour les utilisateurs présents et futurs du rayonnement synchrotron.

C'est pourquoi la question du coût par utilisateur est posée en contrepoint de l'analyse des différentes solutions en présence et des recommandations qui sont présentées dans la suite.

Au terme de leurs investigations, vos Rapporteurs ont acquis la conviction que les synchrotrons, en desservant un ensemble d'utilisateurs considérables et appartenant à toutes les discipline scientifiques, représentent davantage un laboratoire de services qu'un très grand instrument dans son acception traditionnelle. Les pays de toute dimension qui se dotent de synchrotrons nationaux l'ont d'ailleurs bien compris.

Si une coopération internationale apparaît souhaitable dans le domaine des synchrotrons, elle pourrait avantageusement se situer au niveau de recherches de pointe sur de nouvelles machines, les lasers à électrons libres, pour lesquels il est nécessaire, en raison de leurs aléas, de mettre des ressources intellectuelles en commun et de partager les risques.

Mais, en tout état de cause, une source nationale au sein d'un réseau européen est indispensable à la fois pour les besoins d'application de la communauté scientifique et de l'industrie, pour la formation des chercheurs et pour la pérennité de la présence française dans cette technologie clé pour l'avenir.

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