C. UN HORS-BILAN INSUFFISAMMENT CHIFFRÉ

1. De nombreux engagements hors-bilan

Il faut en effet ajouter à la dette actuelle les engagements " hors-bilan " de l'Etat, qui pour une part sont conditionnels (les garanties accordées aux établissements publics, aux crédits à l'exportation, à certaines formes d'épargne etc...) et pour d'autres sont certains (les structures de défaisance, les primes d'épargne-logement, ou les charges de remboursement de la dette de Réseau ferré de France). Il faut également, et surtout, intégrer les engagements en assurance vieillesse et en assurance maladie liés au vieillissement de la population.

A ce titre, la question du coût des pensions de la fonction publique illustre le problème budgétaire majeur auquel l'État sera confronté dans un avenir finalement très proche : celui du " hors-bilan ", ou de la " dette publique invisible ".

Si la structure et l'évolution du bilan de l'Etat peuvent être appréhendées et contrôlées de façon objective, le " hors-bilan ", faisait quant à lui, l'objet jusqu'à présent, d'une grande imprécision, empêchant les citoyens de connaître précisément la situation financière exacte de l'État 33( * ) .

2. Des chiffrages épars et peu précis

En effet, le gouvernement apprécie actuellement le " hors-bilan " d'une manière extrêmement restrictive, ne s'en tenant qu'à une simple définition juridique 34( * ) .

Au 31 décembre 1998, cette dette inscrite " hors-bilan " s'élevait à 311,54 milliards de francs , soit 263,23 milliards de francs d'emprunts intérieurs, et 48,31 milliards de francs d'emprunts extérieurs. Or ces chiffres ne recouvrent pas toute la dette garantie implicitement. En effet, dans une réponse à une question écrite 35( * ) , le gouvernement estimait pour 1997 à 439,19 milliards de francs la dette financière nette des entreprises nationales et des groupes publics.

De plus, les réalités que ce " hors-bilan " recouvre sont très disparates, et souvent difficiles à quantifier précisément. Au-delà de la question des retraites évoquée ci-dessus, quelques chiffres sont riches d'enseignements sur l'ampleur des besoins de financement.

Ainsi, le coût des structures de défaisance représenterait-il 2 points de PIB 36( * ) et les garanties de l'Etat pour les prêts au logement représenteraient 2 à 4 % de PIB. Enfin, selon la Cour des comptes, les provisions pour le démantèlement des centrales nucléaires peuvent être chiffrées à 102 milliards de francs. Or à la fin de 1997, les provisions inscrites s'élevaient à 40,8 milliards de francs.

De même, selon un chiffrage réalisé en 1993 par l'OCDE, le montant de la " dette publique invisible " de la France serait de 216 % du PIB de 1990, contre 157 % pour l'Allemagne, 156 % pour le Royaume-Uni, et 89 % pour les États-Unis.

3. Un progrès tardif et limité

L'annexe au Compte général de l'administration des finances pour 1999 présente un premier progrès qui reste cependant limité. Ce document qui retrace l'ensemble des dépenses et recettes de l'Etat contient également des informations sur le bilan et le compte de l'Etat. Il présente ainsi, pour la première fois, une vue " synthétique " des engagements en annexe au bilan de l'Etat, ainsi qu'une description et une valorisation des immobilisations ainsi que des dotations et participations de l'Etat.

Cette présentation demeure limitée puisque, par exemple, les engagements de l'Etat en matière de retraite ne sont pas chiffrés ! Des progrès restent donc à accomplir afin de doter l'Etat d'une véritable comptabilité patrimoniale.

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